Dissertation sur le texte de Jacques Cazotte

Dissertation: Peut-on dire que le conte et l'apologue sont, comme le miroir du pèlerin dans le texte de Jacques Cazotte, des « invention(s) » qui permettent de voir le monde « tel qu'il est » ? Vous répondrez en vous appuyant sur le texte proposé, ceux que vous avez étudiés en classe et vos lectures personnelles.

Apparaissant avec les fables d'Esope ou encore de Phèdre, l'apologue est un récit qui a su traversé différentes époques : de l'Antiquité jusqu'à aujourd'hui. Un apologue est un récit en prose ou en vers qui a pour fonction d'illustrer une leçon de morale. Sa visée est donc argumentative et didactique. L'apologue apparaît sous différentes formes : la parabole, la fable ou encore le conte ( philosophique … ). Ce genre de récit a pour but d'instruire le lecteur et permet à l'auteur de dénoncer des faits révoltants ou encore d'avancer des valeurs ou des idées nouvelles. De ce fait, l'apologue est en vogue chez les moralistes ou encore les philosophes du XXième siècle, car ces auteurs veulent amener l'Homme à réfléchir. D'ailleurs ce genre à beaucoup de succès, sur les auteurs sérieux, mais aussi sur les lecteurs car ces récits sont courts et plaisants. De plus, ce qui peut expliquer le succès de l'apologue, est que celui-ci soit surprenant par son genre hybride : un mariage entre des inventions extraordinaires et des inventions philosophiques. L'apologue est donc, en conclusion, un récit ayant une argumentation explicite qui unit l'art du récit à un enseignement moral ou didactique. Mais, peut-on dire que le conte et l'apologue sont, comme le miroir du pèlerin dans le texte de Jacques Cazotte, des « inventions » qui permettent de voir le monde tel qu'il est ? Ces deux genres littéraires presque semblables sont-ils assez suffisants pour instruire ou enseigner quelque chose au lecteur, pour leur révéler la face cachée du monde dans lequel ils vivent ? Pour répondre à cette question, nous allons étudier en quoi l'apologue et le conte sont une réflexion sur le monde tel qu'il est mais nous verrons aussi les limites de cette réflexion.

Dans un premier temps, l'apologue et le conte, servent de « miroir de la société ». En effet, l'apologue et le conte sont deux types de genre littéraires qui défendent certaines valeurs et permettent de critiquer certains faits. Le plus souvent, dans un apologue, les auteurs utilisent des personnages tirés de la réalité pour sensibiliser le lecteur. Par exemple, dans les fables de La Fontaine, comme Les Obsèques de la Lionne, l'auteur utilise des animaux pour représenter les différentes personnes de la Cour. Ainsi, le Roi est un lion, la lionne est la femme du roi et les autres animaux sont des courtisans du Roi. Le Cerf est le personnage clé de cette fable car c'est un opposant au régime monarchique. Ainsi, cette personnification des animaux est à la fois une métaphore : le lion pour sa puissance, les loups ( courtisans ) pour leur peur et le cerf pour son courage. La méthode qu'utilise La Fontaine est de rendre son texte accessible pour tous : pour les grands penseurs qui verront la critique profonde du régime politique mais aussi pour les personnes non-cultivés, qui comprendront à travers cette morale que l'on peut obtenir beaucoup par simple flatterie. Dans le texte de Jacques Cazotte, Aventure d'un pèlerin, les personnages y sont aussi symboliques pour d'autres raisons : le pèlerin est choisi pour représenter la Sagesse et la Foi alors que le Roi pour la Puissance et la Richesse. On voit alors se confronter deux extrêmes de la Société et finalement, le plus « pauvre » donne une leçon au plus « riche ». Il montre au Roi que sa Cour est hypocrite en utilisant un miroir qui révèle à celui qui s'y regarde ce qu'il est vraiment et ce qu'il souhaiterai être. Personne autour du Roi ne veut s'y voir de peur de la découverte de leur hypocrisie. L'allégorie du miroir dans ce texte est liée avec l'idée de l'apologue qui se veut être un miroir de la société que nous voulons justement démontrer. On peut donc déduire que dans ce texte est donné une leçon de moral à la fois au Roi, mais aussi à la fois, au lecteur, la symbolique des personnages ici, sert aussi à éviter la censure, tout comme dans le fable de La Fontaine. On peut conclure alors que la symbolique des personnages utilisée dans l'apologue permet de voir le monde tel qu'il est sans être touché par la censure.

Dans un deuxième temps nous allons voir, la métaphore présente dans les apologues mais aussi dans les contes ou encore, la façon dont les auteurs utilisent le surnaturel et la fantaisie pour exprimer une réflexion sur le monde réel dans une situation de la vie quotidienne. Effectivement, les auteurs de tous siècles utilisent le surnaturel pour « accrocher » davantage le lecteur et lui faire comprendre un fait important de la société à travers quelque chose de distrayant, d'amusant.

Pour finir, nous allons parler du réalisme présent dans les contes et dans les apologues, et la possibilité qu'à le lecteur de s'identifier au personnage. On peut voir différentes morales à des situations d'actualité . En effet, les textes des écrivains du XVIIIième siècle ou encore ceux du Xxième siècle correspondent, la plupart du temps, à la vie quotidienne d'aujourd'hui. Nous pouvons encore citer le Les Obsèques de la Lionne de La Fontaine. Le lecteur peut en effet, s'identifier au Lion ou bien aux courtisans. Ou bien, nous pouvons aussi nous identifier à Candide de Voltaire, qui est un conte philosophique et qui est encore d'acualité. La morale de ce livre réside dans le fait que l'utopie n'est pas faite pour l'Homme et qu'il est inutile de vouloir un monde meilleur qui est inaccessible. Donc le conte et l'apologue nous permettent d'avoir une vision réaliste de notre monde, de voir le monde tel qu'il est.

Dans cette seconde partie, nous verrons les limites du conte et de l'apologue pour montrer le monde tel qu'il est.

Dans un premier temps, le lecteur peut mal interpréter le récit; Effectivement, il est possible que le lecteur ne voit dans sa lecture, que le côté narratif et ne se doute pas de la présence d'une morale et d'un enseignement. Par exemple, pour certaine fable de La Fontaine, comme Le Chêne et le Roseau qui termine sur le fait que le Chêne, qui nargue le Roseau tout au long du récit en lui répétant qu'il est plus fort que lui, subit une tempête et est emporté mais pas le Roseau. Avec une étude plus poussée, la morale est la suivante : la loi du plus fort n'est pas toujours la meilleure. Mais le lecteur pourrait simplement y voir que le Chêne a eu une bonne leçon. Du coup, le lecteur n'a pas su voir ce que voulait dire La Fontaine par son compte. Donc, parfois, l'apologue et le conte sont complexes et le sens « caché » du monde est parfois trop implicite.

Ensuite, nous pouvons voir qu'il y a un côté trop « fantaisiste » et merveilleux de ces textes pour exprimer un sujet sérieux. Parfois, les auteurs utilisent ces deux caractéristiques pour mieux faire comprendre quelque chose au lecteur mais il y a parfois un trop grand écart avec la réalité. Par exemple, dans les contes de fées, qui sont des apologues, l'écart avec la réalité est très important car ce type d'apologue comporte toujours un « Il était une fois » et que celui-ci se termine toujours bien « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ». Le monde n'est pas si beau qu'il n'y paraît. L'écart avec la vie actuelle et la réalité est trop grand pour permettre au lecteur de s'instruire et d'en tirer un vrai apport sur la vision réelle du monde. Donc nous pouvons dire qu'il est mauvais d'accentuer le merveilleux et la fantaisie pour voir le monde tel qu'il est.

Pour conclure, nous pouvons dire que le conte et l'apologue s'avèrent efficace pour voir le monde tel qu'il est grâce à de nombreux atouts comme la symbolique du personnage … Cependant, il y a des limites à cause de leur côté trop fantaisiste ou encore trop imprécis. Il exsite bien sûr d'autres procédés permettant d'être plus efficace comme l'essai. Mais voir notre monde tel qu'il est, serait-ce seulement de voir les côtés néfastes ou encore les défauts de celui-ci ? Peut-être dans ce monde pourrait-on chercher les côtés positifs et les décrire pour avoir de nouveaux genres, de nouveaux écrits, qui ne se répètent pas sans cesse.