Dissertation : La conscience de ce que nous sommes peut-elle faire obstacle à notre bonheur ?
Publié le 05/11/2011
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Dissertation : « La conscience de ce que nous sommes peut-elle faire obstacle à notre bonheur ? »
D'après Descartes, la conscience est la connaissance de ses pensées, de ses actes, de ses sentiments. Aussi, elle s'oppose à l'illusion et à l'ignorance de soi, et permet à l'homme de mieux se connaître par le biais d'un retour sur lui-même, une analyse et un jugement. La conscience est donc une qualité qu'à l'homme. Pascal écrit d'ailleurs dans ses Pensées que « l'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature ; mais c'est un roseau pensant ». Cette conscience sert aussi à connaître le bonheur. Celui-ci se définit en tant qu'état durable de satisfaction, lorsque tous les désirs sont comblés. Il peut faire l'objet d'une quête et est donc un but à atteindre, un idéal. Cependant, il peut aussi être accepté avec la nature, dans le cas où l'homme se satisfait de ce qu'il a, de ce qu'il est, et ne cherche pas à avoir plus. La connaissance, la conscience empêchent-elles l'homme de voir ses désirs comblés et d'être heureux ? La conscience fait-elle que nous sommes malheureux ? Et que serait un bonheur sans conscience ? En quoi la connaissance est-elle donc utile au bonheur ?
En effet, on peut se demander si la conscience entraine l'état de malheur? D'abord elle fait obstacle à notre bonheur en cela que l'on a connaissance de nos erreurs. Cette connaissance de nos erreurs se manifeste par la mauvaise conscience. La mauvaise conscience comprend les troubles, les remors, parfois même la culpabilité, que la conscience ressent après une mauvaise action. Selon Nietzsche, la mauvaise conscience opère une influence négative sur les forces positives, qui elles peuvent conduire au bonheur. Ainsi, la mauvaise conscience peut prendre le pas sur une conscience positive qui motive l'homme à trouver le bonheur, et peut donc le rendre malheureux.
Ensuite, la conscience de ce que nous sommes interfère dans l'état de bonheur dans la mesure où elle suppose que l'homme a aussi connaissance de sa condition, condition commune à tous. Cette conscience collective implique que l'on a connaissance de nos limites, de la mort, et d'autres points négatifd identiques pour tous les êtres humains. Cette condition est décrite par Pascal comme une « condition misérable » : il explique que la pensée de l'homme est entravée par des éléments extérieurs tels que l'illusion, les sens... La raison, la conscience, délivrent ainsi des illusions et expose à l'homme ses faiblesses, ses failles, et refusent le bonheur.
De même, le fait que la conscience de ce qu'il est soit omniprésente empêche l'homme d'accéder au bonheur. Le bonheur suppose l'absence de tristesse, l'insonscience des souffrances d'autrui, de la mort, et donc une vision idéalisée de l'existence. La conscience constitue donc une contradiction du bonheur puisqu'elle implique que l'homme a une sensibilité, et donc se préoccupe de tout. L'homme est donc prisonnier de lui-même puisqu'il ne peut échapper à la connaissance qu'il a de son malheur ou de celui qu'il provoque chez autrui. Ainsi, la conscience de l'homme entrave l'accès à son bonheur.
Néanmoins, la conscience n'est pas obligatoire pour trouver la satisfaction. Elle peut conduire à une autre forme de bien-être qui n'est pas le bonheur.
En effet, sans conscience le bonheur ne serait qu'une illusion rétrospective. La conscience du bonheur lui-même est obligatoire pour ne pas tomber dans la naïveté de l'enfant, l'émerveillement et donc le plaisir seul. Le bonheur se différencie du plaisir. Alors que le bonheur est un état de satisfaction durable, le plaisir est un bien-être superficiel. Ce plaisir superficiel nous aveugle mais la réalité finit par nous rattraper par le biais d'une prise de conscience, telle que la mort, qui brise l'illusion du bonheur. Cette illusion refuse la vraie réalité au profit d'une réalité autre mais qui ne nécessite nullement la conscience.
En outre, d'après Kant, il est impossible de définir le bonheur : « il est incapable de déterminer avec une entière certitude d’après quelque principe ce qui le rendrait véritablement heureux : pour cela il lui faudrait l’omniscience. On ne peut donc pas agir, pour être heureux, d’après des principes déterminés, mais seulement d’après des conseils empiriques ». Ainsi, s'il est impossible de définir le bonheur, que celui-ci n'est qu'un idéal de l'imagination, une idée subjective, aucun moyen ne peut le procurer ni le garantir.
Finalement, le bonheur n'est pas chose possible sans la conscience du bonheur lui-même. Le bonheur s'il est un idéal, fait l'objet d'une quête approfondie et infinie aussi universelle. Si nous ne sommes pas conscients que le bonheur existe nous ne sommes en aucun cas capables de le rechercher puisqu'il ne serait pas une chose connue, reconnaissable, qui pourrait servir de modèle à cette quête.
Alors, la connaissance de notre état peut nous servir à trouver ce bonheur tant recherché mais aussi à le garder.
Enfin, la conscience de ce que nous sommes peut être un outil, un moyen pour atteindre le bonheur. Nous connaissant nous-mêmes, il est alors plus simple d'utiliser cette conscience pour se maitriser. C'est-à-dire que la conscience de nos peurs par exemple peut nous aider à dépasser, surpasser, voire nous débarasser de ces peurs. Dans ce sens, la conscience de soi peut nous aider à nous controler, nous maitriser pour ne pas faire d'erreurs ou refaire continuellement les mêmes faux-pas, et donc par là même, éviter les obstacles semés sur la voie qui mène au bonheur et à l'accomplissement de soi.
De plus, une autre connaissance peut résulter de la conscience de ce que nous sommes : la connaissance du « pourquoi » du malheur. Ainsi, la connaissance de nos manques, de nos désirs, de nos souffrances nous permet d'éviter la confusion qui peut s'installer dans notre esprit mais permet aussi de ne pas confondre nos désirs, nos malheurs, avec ceux des autres afin de se rapprocher et de se concentrer sur nos besoins. Le danger alors évité est celui du désir mimétique : le désir mimétique est le fait de désirer selon le désir de l'Autre, c'est-à-dire d'imiter un désir qui ne nous est pas propre. Grâce à notre conscience, nous pouvons donc clairement dire ce qui nous rend malheureux ou tout du moins nous empêche d'être heureux.
Finalement la connaissance de ce que nous sommes est aussi un outil dans le cas où on considère le bonheur comme étant un idéal, l'objet d'une recherche. En effet, il est plus facile, mais néanmoins pas la seule façon, d'atteindre l'état de bonheur lorsque l'on peut axer nos efforts dans ce sens. De ce fait, nous pouvons donc trouver l'objet de notre désir et l'obtenir, l'objet de notre manque et combler celui-ci, la cause de nos souffrances pour stopper cet engrenage.
Pour conclure, on peut dire que la conscience de ce que nous sommes est plus une qualité qu'a l'homme qu'un défaut, car elle permet tout de même d'accéder au bonheur. La conscience est donc une condition au bonheur qui sans elle ne serait que plaisir. On pourrait maintenant s'interroger sur la valeur du bonheur : ne serait-ce pas simplement un moyen de supporter le malheur ?
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