Discours Sur Le Colonialisme. Aimé Césaire
Publié le 18/01/2011
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Le texte soumis à notre étude est extrait du Discours sur le colonialisme, une œuvre écrite par Aimé Césaire en 1955. Aimé Césaire, écrivain et homme politique antillais, est à l’origine avec le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Guyanais Léon Damas, du mouvement littéraire et politique de la « négritude «. Il crée ce mot en 1934 pour désigner l’ensemble des valeurs culturelles et spirituelles qui caractérisent les Noirs, rejetant par là l’idéologie coloniale et l’ethnocentrisme européen.
Dans cet extrait, Aimé Césaire s’interroge sur les notions de « sauvagerie « et de « civilisation «, pour dénoncer la barbarie inavouée de la colonisation européenne. Nous nous interrogerons sur les procédés utilisés par Césaire pour dénoncer le colonialisme.
Notre analyse abordera deux points. Tout d’abord, nous étudierons sa critique envers les colonisateurs et dans un second temps, nous serons sensibles au parallèle effectué avec le nazisme.
Dans un premier temps, Aimé Césaire veut montrer la cruauté de la colonisation. Pour cela, il utilise un vocabulaire violent : « tête coupée «, « œil crevé «, « supplicié «, violée «. Aimé Césaire cherche à interpeller le lecteur, et à lui montrer la vérité. Dès les premières lignes, l’auteur utilise une gradation, pour montrer l’ampleur qu’a prise la colonisation. Il parle également de sa propagation : « propagés «, pour montrer l’étendue ce celle-ci. Aimé Césaire utilise le champ lexical de la maladie : « gangrène «, « infection «. Ce champ lexical tente d’inspirer le dégoût au lecteur, dont le but est une nouvelle fois de faire prendre conscience au lecteur de se qui se passe. L’Europe est donc une terre à guérir.
Dans un second temps, Aimé Césaire déclare que « la colonisation travaille à déciviliser le colonisateur «. Il utilise ici l’ironie, en affirmant que les premières victimes de la colonisation sont les colonisateurs eux même. L’utilisation du caractère italique pour « déciviliser «, le met ici en valeur. Il veut mettre en évidence le fait que la colonisation n’est pas digne d’une réflexion humaine. En effet, celle-ci ressemble plus à abrutissement des européens, l’auteur utilise le verbe « abrutir «. Ce système politique rend les colonisateurs comme des animaux. Ces derniers deviendraient sauvages, comme des brutes. L’auteur parle ici d’un « ensauvagement « du continent, ce qui renforce une nouvelle fois le caractère animal de la colonisation. Il parle ici d’une « régression « de la civilisation, nouvelle preuve de la mauvaise influence de la colonisation.
Dès le départ, Aimé Césaire n’épargne pas son lecteur. En effet, celui-ci évoque directement sa thèse et va même jusqu’à effectué une accusation envers la France. Pour cela il utilise une répétition de « Et qu’en France «. Il insiste sur la culpabilité de la France dans la colonisation. Aimé Césaire n’utilise qu’une seule phrase dans le premier paragraphe, il insiste donc de nouveau. Il cherche donc ici à étouffer le lecteur, pour représenter l’étouffement qu’ont pu subir les colonisés. Pour cela, Césaire utilise également la violence, « coupée «, « violée « … Il est donc ici dans le registre polémique. Il cherche donc à choquer, interpeller le lecteur pour qu’il s’interroge, réfléchisse sur le bien fondé de la colonisation. Il leur reproche également d’avoir fermé les yeux sur la violence de la colonisation : « traités violés «, « expéditions punitives tolérées «. Césaire accuse donc les Européens d’avoir refusé de voir la vérité en face, et leur reproche d’avoir accepter la banalisation de cette violence.
Par la suite, Aimé Césaire effectué un parallèle avec le nazisme. Il fait donc ici rappel à la seconde guerre mondiale. Il cherche donc à interpeller le lecteur, il veut donc faire revivre le traumatisme de cette guerre qui fut effroyable et sanguinaire. Aimé Césaire utilise également l’ironie : « Et alors un beau jour «. Il feint ici la légèreté pour choquer le lecteur, pour qu’il s’indigne de l’indifférence que présente l’auteur. Il utilise également l’oxymore « formidable choc «, pour effectuer le même résultat. Son but étant de traumatiser le lecteur, voir le révolter, pour par la suite présenter ces arguments.
Ensuite, Aimé Césaire compare les colonisateurs avec Hitler de part leur comportement avec les colonisés, et Hitler avec les juifs. En effet, Césaire déclare que si jamais une étude scientifique étudiait « les démarches d’Hitler «, on s’apercevrait qu’il n’y pas beaucoup de différence avec celles des colonisateurs. Hitler est comparé à un « démon « qui « habite « les colonisateurs. L’auteur nous fait donc part de son point de vue sur les actions effectuées par les colonisateurs, et nous fait part également de la souffrance qu’on peut subir les colonisés, en comparaison avec celle subit par les juifs lors de la seconde guerre mondiale. Il effectue donc cette comparaison pour interpeller les lecteurs. Il tente de montrer aux lecteurs, que les douleurs ressenties par les colonisés ne sont pas si différentes que celle qu’Hitler a pu infliger aux juifs. Il assimile donc le comportement des colonisés à celui d’Hitler.
Pour finir, Aimé Césaire donne la culpabilité aux Européens d’avoir été le moteur du nazisme par le biais de la colonisation. Il les accuse d’avoir « absous « celui-ci. L’auteur continue sa comparaison avec la colonisation et en parle comme si celle-ci était une forme de nazisme. Il inculpe également les européens d’effectué une forme de racisme : « c’est le crime contre l’homme blanc «. Il les accuse d’avoir fermé les yeux sur la violence subite par les peuples de couleurs mais que dès qu’il est question de violence envers des personnes de couleurs « blanches «, on s’y intéresse. Il va même jusqu’à dire que les Européens sont les « complice « de la folie d’Hitler. Il leur donne donc la responsabilité du nazisme pour à nouveau les interpellés sur leur comportement envers les colonisés.
Dans cet extrait du Discours sur le colonialisme, Aimé Césaire tente de faire prendre conscience aux Européens la brutalité de la colonisation. Pour cela, il tente de l’interpeller par différents procédés. Pour tenter de les choquer, pour mieux avoir leur attention, celui-ci compare la colonisation au nazisme, il va même à les accuser d’en être les « complices «. En utilisant ce moyen d’interpellation, Aimé Césaire espère avoir toute l’attention du lecteur pour mieux faire passer son idée.
Cet extrait peut être mis en relation avec un extrait de L’île aux esclaves, de Marivaux, plus particulièrement la scène 2. En effet, celui-ci dénonce la décolonisation également, et ceci de façon implicite. On peut donc ici voir que le thème de la colonisation n’était pas qu’un sujet contemporain, mais qu’il était également évoqué auparavant. On peut donc parler d’un thème qui a perduré au cours de l’histoire, et dont les hommes n’ont pas su, ou voulu, se mettre d’accord.
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