Discours de Rocard en Nouvelle-Calédonie.
Publié le 14/04/2013
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Discours de Rocard en Nouvelle-Calédonie. Dans un discours prononcé à l'Hôtel de Ville de Nouméa (Nouvelle-Calédonie) le 26 août 1988, le premier ministre Michel Rocard présente le processus de paix entamé le 26 juin précédent lors de la signature des accords de Matignon : à la suite du massacre d'Ouvéa, où 19 Mélanésiens et 2 gendarmes ont trouvé la mort, le leader européen Jacques Lafleur et le leader mélanésien Jean-Marie Tjibaou se sont accordés pour tenter de mettre un terme à la tension historique opposant Caldoches et Kanaks et pour donner un avenir institutionnel et économique à la Nouvelle-Calédonie. Discours de Michel Rocard prononcé à Nouméa le 26 août 1988 (extrait) Voici deux mois, jour pour jour, que je m'adressais à vous depuis Paris. [...] Je vous disais : « Reprenez espoir. Une page nouvelle va pouvoir s'écrire, non par les armes, mais par le dialogue et la tolérance, le travail et la volonté. « Aujourd'hui, l'espoir est revenu. Les armes se sont tues. Un chapitre nouveau de l'histoire de la Nouvelle-Calédonie commence. Et il y a quelques jours, le dialogue, la tolérance et la volonté ont, en effet, permis d'en écrire une page décisive pour la construction de l'avenir. Ce territoire a connu depuis cent cinquante ans trop de drames, de soubresauts violents, d'espoirs déçus, pour que l'on n'abuse pas du mot « historique «. Mais je crois qu'il y a au moins deux raisons pour lesquelles les accords du 26 juin marqueront l'histoire de la Nouvelle-Calédonie. La première raison est que les choix qui ont été faits n'ont pas été décidés de Paris, ou imposés par le gouvernement, mais qu'ils ont germé ici, dans les esprits et dans les coeurs. [...] Mais il y a une deuxième raison qui justifie la dimension historique des accords du 26 juin. C'est que, pour la première fois, deux hommes d'exception, Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, se sont mis en travers du chemin fatal qui conduisait à la guerre civile. Vous pouvez être fiers de l'esprit de responsabilité, de la hauteur de vues et -- pourquoi ne pas le dire ? -- de l'immense amour de leur pays dont ont fait preuve ceux qui ont parlé en votre nom. Il leur en a fallu, croyez-moi, du courage pour surmonter les réticences de leurs amis respectifs, le scepticisme et la méfiance de leur propre camp ! Il est si souvent plus facile d'accepter le poison de la haine qui nourrit la haine, l'ivresse de la violence qui appelle la violence, que de refuser la fatalité de l'affrontement et l'engrenage de l'échec ! Eh bien, mes chers compatriotes, nous voici donc engagés, eux et moi, devant vous et devant l'histoire ! Nous voici, vous et nous, condamnés à réussir ensemble le destin d'une Nouvelle-Calédonie apaisée, équilibrée et sereine ! [...] Source : Rocard (Michel), Un pays comme le nôtre -- Textes politique 1986-1989, Paris, Seuil, 1989. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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