Dib, Mohammed - littérature.
Publié le 30/04/2013
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Dib, Mohammed - littérature. 1 PRÉSENTATION Dib, Mohammed (1920-2003), écrivain algérien d'expression française, auteur de romans reflétant les grandes étapes de l'histoire de l'Algérie, qui véhicule une réflexion profonde sur la valeur de la parole et de l'action. 2 JEUNESSE EN ALGÉRIE Né à Tlemcen en 1920, Mohammed Dib est issu d'une famille d'artisans. Orphelin de père à l'âge de 10 ans, il est élevé par sa mère sans s'interroger sur son identité -- « Je ne me savais pas Algérien, j'ignorais ce que c'est d'être Algérien, je n'étais pas seul, dans mon milieu on l'ignorait comme moi «. Il suit ses études en français avant d'entrer à l'École normale supérieure d'instituteurs d'Oran et d'accepter à l'âge de 19 ans un poste au coeur du désert algéro-marocain, dans des conditions extrêmes. Il exerce par la suite divers métiers : comptable, employé des chemins de fer, interprète, journaliste à Alger républicain ou dessinateur de maquettes de tapis. Ce désir de côtoyer toutes les strates de la société cultive son regard analytique et critique tandis que ses convictions se rapprochent de celles des classes les plus populaires. En 1959, il s'exile en France. 3 LE FRANÇAIS, LANGUE D'ÉCRIVAIN Mohammed Dib préfère la littérature à la peinture qu'il exerce jusqu'alors et, se considérant comme un « écrivain public «, lié par un contrat à son peuple, il s'inscrit dans une tradition humaniste et universaliste dont le but est de présenter au monde « l'indigène « communément perçu comme « barbare « par les idéologies coloniales. Partagé entre deux langues, Mohammed Dib explique que ses « images mentales se sont élaborées à travers l'arabe parlé [...]. Le français peut être considéré comme une langue extérieure, mais j'ai créé ma langue d'écrivain à l'intérieur de la langue apprise... Je garde ainsi la distance ironique qui facilite l'investigation sans passion «. S'attachant au proverbe arabe « Si ton chant n'est pas plus beau que le silence, tais-toi «, il choisit la langue française dont il aime le « tranchant «, car elle permet, selon lui, d'affiner, d'effiler, d'affûter son esprit. Lorsqu'il arrive en France, Louis Aragon est de ses premiers admirateurs ; celui-ci loue « cet homme d'un pays qui n'a rien à voir avec les arbres de ma fenêtre [qui] parle avec les mots de Villon et de Péguy «. 4 LE ROMAN ALGÉRIEN L'audace de Mohammed Dib est, selon Aragon, « d'avoir entrepris comme si tout était résolu, l'aventure du roman national de l'Algérie «. En effet, contemporaine d'une histoire tourmentée, et enracinée dans les cultures d'un peuple déchiré, son oeuvre accompagne toutes les étapes de la décolonisation algérienne : prise de conscience prolétarienne dans la trilogie de ses premiers romans, tels la Grande Maison (1952), l'Incendie (1954) ou le Métier à tisser (1957) ; tragédie de la guerre de libération dans son roman Qui se souvient de la mer (1962) et dans le recueil poétique Ombre gardienne (1961) ; problèmes et doutes de l'après-guerre dans les romans la Danse du roi (1968), Dieu en Barbarie (1970), le Maître de chasse (1973) et dans la pièce Mille Hourras pour une gueuse (1977) ; les voies de l'exil, enfin, dans sa trilogie romanesque « nordique «, les Terrasses d'Orsol (1985), le Sommeil d'Ève (1989) et Neiges de marbre (1990). Mais on ne saurait réduire Mohammed Dib à ce témoin attentif et inquiet ; il conduit, dans son oeuvre poétique (Formulaires, 1970, Feu beau feu, 1979), une quête de l'identité d'une tonalité plus métaphysique, une recherche du dépouillement que l'on retrouve dans ses romans, sa poésie et son théâtre. En effet, après les romans réalistes de ses débuts, il délaisse le vraisemblable et son oeuvre prend un caractère plus universel, « l'endroit [devient] sans importance «, la guerre, n'importe quelle guerre. Frôlant parfois le fantastique dans Qui se souvient de la mer ou les Terrasses d'Orsol, son oeuvre tant romanesque que poétique se fait de plus en plus onirique, renonçant à la linéarité et faisant place à une narration proche du Nouveau Roman qui masque à peine un doute existentiel sur la valeur de la parole et de l'action. En 2003, il publie son ultime livre, Simorgh (nom d'un oiseau mythique), un puzzle littéraire où il mêle le conte, la nouvelle, l'essai et le journal pour aborder les thèmes qui traversent son oeuvre, la langue, l'étranger, la fascination du désert, le pouvoir du rêve et de l'imaginaire. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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