Devoir de Philosophie

dialogue avec un évangélique créationiste

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

Éric Wingender

 

1. Le « créationisme scientifique » dans une perspective ecclésiologique .

 

1.1 Le « créationnisme scientifique » comme produit d’un parcours historique.

Laisse-moi commencer, si tu le veux bien, par aligner quelques remarques dont le contenu te sera familier. Mais je tiens à les répéter et tu comprendras vite pourquoi.  Le siècle qui vient de s’écouler a été témoin du fait qu’un secteur important du protestantisme conservateur nord-américain  a cimenté son opposition à l’idée de lire Genèse 1-2 à partir de la perspective à laquelle le reste de l’Église, quant à elle, a finit par donner son aval.  Je parle ici, bien entendu, du concept selon lequel Dieu aurait choisi de nous enseigner en mettant au service de la Révélation la cosmologie et les représentations symboliques propres au Moyen-Orient ancien.

 

Ce refus se comprend fort bien.  En effet, cela exigeait de ces gens d’accepter de changer leur réception du texte biblique en le situant dans un ailleurs, de le voir comme émanant d’un contexte culturel qui leur était totalement étranger, et dont, jusqu’au 19ème siècle, on ignorait à peu près tout! Et cela, alors même que leur lecture des textes était marquée, non seulement par une foi profonde dans leur fonction révélatrice, mais aussi par cette conviction inébranlable que le sens de ces passages, pour ainsi dire, affleurait à leur surface et se livrait au lecteur moderne de manière simple, directe et immédiate. Historiciser le texte, c’est-à-dire introduire un décalage entre le monde du lecteur et le monde derrière le texte, leur semblait rimer avec dénaturer. 

 

Ce n’est pas tout, nous devons aussi mentionner le fait que ce point de vue, à savoir que le texte ne peut être bien compris qu’en étant mis en relation avec le contexte du Moyen-Orient Ancien,  a servi d’argument pour faire avancer la cause de la théologie libérale. En effet, pour plusieurs, la remise en question du caractère factuel de Genèse a constitué une étape dans un parcours qui les a amenés à la remise en question de l’orthodoxie.  De plus, les protestants conservateurs ont fait les frais d’une mobilisation énergique de la théorie de l’évolution par une intelligentsia dont l’hostilité face au fait religieux allait en s’accroissant.  Accepter d’opérer un déplacement du sens du texte leur semblait donc, inévitablement, contribuer à faciliter la marche conquérante du rationalisme athée au sein de la culture.

 

Donc, à l’énorme seuil à franchir, seuil dont la nature se situait à l’interface de la spiritualité, de la théologie et la de culture s’ajoutait la pression d’un contexte effervescent qui démontrait amplement les dangers inhérents à cette remise en question. 

 

C’est dans ce cadre particulier qu’il faut probablement comprendre l’accueil qui a été fait au « créationnisme scientifique ».  Ce dernier avait l’avantage de proposer une perspective qui était en harmonie avec le type d’apologétique qui était familière à ces églises, soit une apologétique combinant une forme d’allégeance à la science et la défense de cette conviction que les textes portant sur les origines étaient factuels et exacts.  Le « créationnisme scientifique » a donc trouvé son marché, si l’on peut le dire ainsi, et il a apporté sa contribution au maintien de la cohésion de ce segment de l’église protestante nord-américaine. 

 

1.2 La culture savante chrétienne comme lieu théologique.

Cette brève et très partielle présentation met en exergue le fait que, lorsque l’on parle du « créationnisme scientifique », on parle d’une tranche de l’histoire du rapport entre la culture et d’une partie du protestantisme conservateur nord-américain.  Cette précision est, à mon avis, très importante parce que je suis convaincu que notre questionnement sur la nature des textes bibliques ainsi que celui sur la relation entre science et foi ne doivent pas être menés à bien en étant en conversation avec ces seuls protestants conservateurs américains, mais plutôt avec toute l’Église.  En d’autres mots, je considère qu’il est impératif que nos conversations soient œcuméniques. Bon, le terme ne se retrouve que tellement rarement sous la plume d’un évangélique que je me dois de préciser ma pensée. 

 

Je commencerai en disant que, ces dernières années, je me suis laissé convaincre par ces auteurs qui disent que la faiblesse de son œcuménicité explique les étrangetés (je ne crois pas que le mot soit trop fort) dont a accouché le protestantisme conservateur nord-américain. Le meilleur exemple de ces étrangetés serait le dispensationalisme. Trop en retrait du reste de l’Église Universelle, trop confiné à l’intérieur des limites de sa culture anglo-américaine, trop coupé de la mémoire longue du Christianisme, un peu comme pris au piège par son anti-intellectualisme, le protestantisme conservateur nord-américain a eu tendance à succomber à des lubies théologiques qui, ultimement, ont nuit à sa tâche missionnaire (le devoir nous oblige de mentionner, qu’à l’autre extrême,  nous avons eu droit au spectacle désolant de théologiens qui ont méticuleusement cherché à dissoudre l’orthodoxie dans l’acide corrosif des dernières philosophies en vogue).  

 

Tout protestant conservateur que je suis, j’ai donc pris mon parti: pour éviter de tomber dans les mêmes panneaux, j’entends dorénavant oécuminiciser avec rigueur et enthousiasme.  Toutefois, il est extrêmement important de comprendre ici que je ne parle pas de l’œcuménisme dans le sens traditionnel.  Non, je parle ici d’un tout autre type d’œcuménisme, un œcuménisme qui, pour prendre cet exemple, serait semblable à celui qui est au cœur même du fonctionnement…du monde scientifique. En effet, quel nom conviendrait-il de donner à cette capacité de collaborer étroitement, à cette affinité intellectuelle entre membres de disciplines différentes (ce qui explique, entre autre, pourquoi les attaques du « créationnisme scientifique » contre l’évolution –un concept surtout relié à la biologie- suscite une mobilisation des scientifiques d’absolument toutes les disciplines), à cette manière de conjuguer les efforts et de les faire converger : des dynamiques qui, toutes, découlent de la présence d’un esprit de collaboration ainsi que d’une profonde communauté de vue quant aux objectifs à atteindre et aux moyens d'y parvenir? Le terme « œcuménisme » me semble ici tout à fait indiqué!

 

D’ailleurs, le parallèle que j’établis n’est probablement pas si boiteux puisque plusieurs théologiens contemporains le mentionnent quand ils cherchent à établir le fait que la théologie est une discipline scientifique. Selon eux, une des raisons qui peut être invoquée pour dire qu’elle a droit au titre, c’est parce que, tout comme la science, nous parlons d’une activité qui est le fait d’une communauté historique de recherche. 

 

1.3  Le consensus de la culture savante chrétienne.

Dès que les questions mentionnées plus haut sont abordées dans le cadre d’une démarche œcuménique, on se rend compte que le « créationnisme scientifique » correspond à un phénomène bien situé, bien localisé et associé de manière très étroite à la dynamique culturelle et théologique propre à une partie du protestantisme conservateur nord-américain.  A lui seul, me semble-t-il, ce fait devrait suffire pour que nous abordions les thèses de ce mouvement avec une très grande réserve. 

 

Mais ce n’est pas tout.  Dès le moment où, grâce à la participation à ces conversations œcuméniques, nous voguons hors de cette province que forme le protestantisme conservateur, pour explorer cette immense contrée qu’est l’Église, nous nous butons aussitôt sur les critiques extrêmement virulentes (et pas toujours aussi charitables que nous l’aurions souhaité) de nos « frères d’armes» des autres traditions chrétiennes.  Sans ambages, ils nous disent que l’existence et l’appui qui est donné au « créationnisme scientifique » dénotent un fonctionnement social, culturel et théologique fortement insulaire et totalement aux marges de la culture savante occidentale.

 

Donc, quand tu dis, et ici je cite le contenu de ton dernier courriel : « Henri Blocher du côté des origines est aussi loin de faire l'unanimité…Il représente une tendance particulièrement présente en Europe…Le débat reste épineux de part et d'autres », tu fais référence à un débat qui se situe à l’intérieur des frontières d’un secteur du protestantisme conservateur américain.  Vu à partir de là où je pense que nous, les « théologiens-formateurs québécois» , devrions nous situer (cet horizon que constitue l’Église et la culture savante qui s’y déploie), ce débat n’existe tout simplement pas (il est remplacé par une tonne d’autres, comme par exemple, comment penser l’enseignement des Écritures sur la chute à la lumière des données de la paléontologie ?) et la position de Blocher exprime le consensus. 

 

Revenons maintenant à ce que nous disent nos compagnons de lutte, c’est-à-dire cette vaste constellation d’intellectuels et de scientifiques chrétiens qui, de part le monde, apportent leur contribution aux différentes formes de savoirs. Eh bien, tu n’es certainement pas sans savoir qu’ils nous accusent aussi de contribuer à  jeter le discrédit sur la foi chrétienne en l’associant à des idées qui sont jugées totalement irrecevables par le tribunal de la raison. 

 

Car, pour la culture savante chrétienne, c’est tout simplement une évidence: le tribunal de la raison (si on conjugue les conclusions du travail des sociologues des sciences, des philosophes des sciences et des historiens des sciences, de même que les acquis des différentes disciplines ayant voix au chapitre, comme la géologie, la biologie, la paléontologie, la chimie, la physique, etc. ) a tranché: peu importe l’angle sous lequel on l’examine, le « créationnisme scientifique» n’est pas ce qu’il affirme être, ce n’est pas de la science. Il s’agit tout simplement l’étonnante manifestation de la résistance d’une tradition religieuse face à ce qu’elle juge être une menace mortelle pour la foi. Puisqu’elle accorde une très grande valeur à la science (quoique sa compréhension de ce qu’est cette dernière comporte des lacunes), cette tradition a donc eu l’ingéniosité et l’audace de trouver des arguments de nature scientifique pour servir de véhicule à l’expression de ses convictions religieuses.

 

2. Réflexions d’ordre missiologique.

 

2.1  Le modèle de l’incarnation du Christ.

Maintenant, j’aimerais aborder la question de la place à donner au « créationnisme scientifique » à la lumière de quelques enjeux missiologiques que je juge être fondamentaux. Permet-moi de commencer par une brève confession: nous croyons que l’Église, incluant, bien entendu, le protestantisme conservateur, s’est vue confiée une mission : celle de faire connaître Jésus-Christ, Dieu le fils, le Seigneur de l’Église et de toute la création, celui par qui le Père a tout créé (clin d’œil!) et celui par qui Dieu veut tout réconcilier avec lui-même. 

 

Il est important, je crois, de se rappeler que ce même Jésus-Christ s’est plongé au sein de la culture de son peuple. Pendant 30 ans il a vécu dans l’anonymat total (sauf pour la petite fugue), en simple juif.  Si nous nous exprimons à partir de la perspective d’une christologie descendante avec son accent sur la pré-existence du Christ, nous pouvons dire que ce dernier s’est « immergé » dans sa culture, il s’en est imprégné jusqu’au tréfonds de son âme.  Au point ou, quand il a débuté son ministère public, ses amis d’enfance, ses voisins, sa parenté n’arrivaient tout simplement à croire ce qui sortait de sa bouche. Comme nous pouvons nous l’imaginer, c’est grâce à cette profonde identification, c’est parce qu’il communiait profondément avec sa culture, c’est parce qu’il était vraiment l’un des leurs, qu’il a pu parler au cœur de son peuple. C’est ce qui lui a permit d’avoir les bons mots, de recourir aux bons symboles ou d’en inventer des parlant, c’est ce qui explique pourquoi il savait poser les bons gestes, adopter les bonnes approches.

 

2.2 D’enclave à passerelle.

Je mentionne tout cela parce que je crois que, sans que nous nous en rendions bien compte, nous nous sommes engagés dans une démarche qui me semble un peu différente.  Je suis de l’avis que, plutôt que d’habiter notre culture, plutôt que d’être près des gens, dans le but d’être des témoins crédibles de l’évangile, nous semblons plutôt former une sorte d’enclave reproduisant tout un ensemble de traits, de réflexes, d’attitudes, de sensibilités, qui viennent d’ailleurs.  Et la chose la plus déroutante, c’est que nous sommes souvent si bien installés au cœur de cette expérience, que nous ne nous rendrons pas nécessairement bien compte de la présence d’un décalage entre notre milieu et la  culture québécoise! Nous allons le nier ou en relativiser l’importance parce que, au fond, nous sommes engagés dans une dynamique socio-culturelle qui nous pousse dans une direction tout à fait contraire à ce que Bonhoeffer propose dans cette phrase rendue fameuse : “l’Église n’est réellement Église que quand elle existe pour ceux qui n’en font pas partie ». 

Les indices de ce décalage et de notre relative désincarnation me semblent être multiples: une connaissance insuffisante de la culture, le peu d’effort qui est mis à l’étudier sérieusement (c’est une valeur qui est presque totalement absente), le recours constant à des références qui viennent d’ailleurs (en terme technique : une « colonisation des espaces mentaux » qui, entre autre, se perpétue par la fréquentation quasi-exclusive d’auteurs américains) et une mobilisation à la défense de causes qui, inutilement, nous aliènent de nos compatriotes plutôt que de nous permettre de nous en rapprocher.  

 

Le dernier élément de cette liste  me permet de revenir à la question spécifique du « créationnisme scientifique ».  En tant que phénomène historique et culturel, le « créationnisme scientifique » nous renvoie à l’expérience de la communauté protestante conservatrice américaine et à ses tentatives de lutter contre ce qu’elle identifie comme étant des manières de disséminer l’incroyance via les institutions d’éducation. 

 

Importer cette bataille ici ne fait, sans doute, que contribuer à développer une sous-culture qui est tres éloignée de la culture québécoise.  C’est d’ajouter un ingrédient de plus à une recette qui produit un « monde » qui souffre d’un déficit de « sens ».  Note que j’utilise le mot « sens » ici un peu comme lorsque j’expliquais à mes enfants pourquoi les Québécois ne fête pas la fête du Canada. C’est une fête qui n’a pas de « sens » pour un bon nombre d’entre-nous.  Déjà trop d’éléments de la sous-culture évangélique n’ont pas véritablement de « sens » vus à partir de la perspective qu’offre la culture québécoise. Y ajouter le discours militant du « créationnisme scientifique » ne vient donc qu’empirer les choses.

 

2.3 Tirer les leçons de l’échec de la « micro-culture » évangélique.

D’ailleurs, si on aborde cette question de la manière la plus générale possible, ce problème du « sens » constitue probablement un des principaux facteurs,, sinon le principal, qui permet d’expliquer pourquoi nous avons assisté à un exode des jeunes au sein de la plupart des églises évangéliques au cours des deux dernières décennies.  Pour cette nouvelle génération, l’expérience globale qui leur était proposée à l’intérieur de nos communautés créait probablement une trop grande dissonance par rapport à la réalité qu’ils vivaient dans la société. Ils ont voté avec leurs pieds et nous ont ainsi exprimés très clairement l’échec relatif de cette expérience que constituait notre « micro » sous-culture.

 

Maintenant, ce qui est un peu déroutant, c’est qu’au lieu de se laisser être remis en question par leur démarche, beaucoup d’entre-nous (et je m’inclus là-dedans) avons préféré parler de la nécessité de renverser cette tendance par un « réveil », ou nous avons ont mis en cause la profondeur de l’engagement des parents, ou bien le caractère quasi-démonisé de la culture québécoise (un concept qui, je crois, sans que ses tenants ne s’en rendent compte, déshonore Dieu et évoque les pages les plus sombres du colonialisme occidental).

 

Je pense que le moment est maintenant bien choisi pour parler brièvement de nous, les formateurs. Je crois que notre mission consiste, en autre chose, à faciliter un déplacement de perspective par rapport à ces enjeux.  Nous sommes appelés à apporter notre petite contribution pour comme renvoyer les évangéliques québécois à leur propre culture.  Nous devons les aider et nous aider nous-mêmes à avancer dans une dynamique de ré-inculturation.

 

Ainsi, pour prendre un exemple de ce que, concrètement, peut vouloir dire la ré-inculturation, j’aimerais évoquer les remarques d’un intervenant en pastorale étudiante en contexte universitaire. Cet intervenant fait état du peu d’utilité des conférences sur le thème de l’évolution et de la création comme outil pour rejoindre la communauté universitaire. À mon avis, nous avons là un bon exemple d’une observation faite à partir du terrain par un formateur qui cherche à saisir les mouvements subtils qui marquent l’évolution de notre culture et qui nous aident à les interpréter.  Nous pouvons ne pas partager l’opinion de cet animateur de pastorale. Mais je pense honnêtement que l’humilité nous dicte d’être à l’écoute de nos « observateurs avancés » (pour prendre une image militaire) et de leur faire confiance. 

 

Toujours sur ce thème de la confiance, laisse-moi aussi te citer comme exemple ce que j’ai entendu un jour d’un chrétien anglophone originaire de l’ouest canadien.  Il m’avouait que bien des nuances lui échappaient mais qu’il était content de travailler en équipe et de s’aligner sur les opinions de ceux qui étaient plus sensibles que lui sur le plan culturel.  De la même manière, je crois que nous devons travailler en équipe et être prêt de marcher dans le sillage de ceux que Dieu a particulièrement bien outillé pour cette tâche délicate de discernement culturel (qui n’est, fort probablement, qu’un aspect du ministère de discernement spirituel). 

 

 

3. La question du relativisme en sciences.

 

3.1 La réalité des progrès de la science.

Maintenant, si tu le veux bien, j’aimerais interagir de manière plus directe avec le contenu de ton article.  Je suis porté à penser que ce que tu m’avais envoyé n’était pas la version finale destinée à être publiée.  Ton texte n’exprime peut-être pas aussi clairement que tu l’aurais voulu toute ta pensée.  Donc, si j’ai mal saisi ton point de vue sur certaines choses, veuilles ne pas trop t’en formaliser et, surtout, ne te gênes pas de corriger mes perceptions (si tu en as le temps, bien entendu !).

 

D’emblée, et bien fraternellement, je tiens à exprimer ma perplexité quant à ta manière d’expliquer l’apport des sciences humaines à notre compréhension de ce que sont les  sciences « dures ».  En effet, il m’est difficile de résister à l’impression que tu ne rends peut-être pas tout à fait justice à l’état de la question. J’ai donc des réserves, mais en même temps, derrière ces réserves, il y a une hésitation car, comme je viens de te le dire, je ne suis pas sûr que ton texte reflète tes idées aussi clairement que tu l’aies souhaité.   

 

Prenons d’abord la question de l’apport des sciences humaines. Par exemple,  tu écris :

 

«  les philosophes et les scientifiques sont loin de s’entendre ! Avec la venue de la physique quantique et « l’échec de la science », pour plusieurs aujourd’hui, dans la lignée de Thomas Khun, la science devient une entreprise d’une communauté scientifique qui partage le même paradigme (la même vision du monde). En somme, selon cette école, la science elle-même est d’une certaine façon relative dépendamment de votre communauté et de vos présupposés de départs. La science devient donc semblable à la fameuse fable de l’éléphant où plusieurs personnes les yeux bandés touchent à l’éléphant tentant de déterminer ce que c’est. L’un touche une trompe, l’autre des oreilles. Quand ils comparent leurs « résultats », ils n’arrivent pas au même constat. La fable nous démontre qu’il en est de même du monde scientifique : différentes perspectives d’une même réalité. Mais au moins, ils croient qu’il y a un éléphant ! Car en effet, d’autres, comme Latour, vont encore plus loin en affirmant que la science – et même la réalité – n’est qu’en fait qu’une construction sociale de notre réalité. L’esprit de relativisme est définitivement présent dans le monde de la science».  

 

Si je t’ai bien compris, tu suggères un rapport entre l’incapacité actuelle de brosser un scénario plausible pour expliquer l’apparition de la vie, l’émergence de la physique quantique et le concept khunien de « paradigme ».  Permet-moi une première remarque : ce rapport, ton texte ne le rend malheureusement pas assez clair. 

 

Deuxièmement, la question m’est tout de suite venue à l’esprit : pourquoi mentionner Kuhn quand le constat actuel des sociologues et des philosophes des sciences est que son concept de paradigme, bien qu’il puisse servir à décrire certains chapitres de l’histoire de certaines disciplines, n’est pas très utile pour rendre compte de la complexité du fonctionnement de l’ensemble de l’entreprise scientifique (par ailleurs, on reconnait que son modèle convient comme un gant aux sciences humaines mais, un peu paradoxalement, des auteurs ne manquent pas de mentionner que ce fait révèle peut-être la faiblesse de leurs assises théoriques…).

 

En troisième lieu, l’émergence de la physique quantique, ne constitue-t-elle pas, quant à elle, une éclatante manifestation de la capacité de l’intellect humain et de l’étonnante efficacité du travail de la communauté scientifique, puisque nous arrivons à déchiffrer les fondements de la réalité matérielle bien que ces fondements se sont avérés être d’une très grande complexité au niveau mathématique ?   Ainsi, l’édition d’avril de la revue La Recherche contient un dossier sur la physique quantique dans lequel on nous annonce que ce n’est que depuis 2007 que l’on a suffisamment d’indices pour accepter de reléguer aux oubliettes une fois pour toute les arguments d’Einstein à l’effet que la physique quantique est une théorie incomplète, donc incapable de bien décrire le monde des particules.

 

Infirmer la position d’Einstein a pris 80 ans de labeurs, où, graduellement, le travail des uns, bâtissant sur le travail des autres, a permis à nos connaissances de s’affiner, de se préciser.  Maintenant donc, nous pouvons être certains de l’exactitude du principe…d’incertitude!  Le réel que cette physique décrit est étrange, déroutant et d’une nature qui soulève des questions philosophiques fascinantes (car le temps et l’espace comme on les conçoit généralement n’y ont pas de véritable existence. D’autre part,  si le photon était l’arbre proverbial, il ne produirait pas de son quand il n’y a personne pour l’écouter tomber, car les propriétés du photon n’existent que quand on les mesure…). Malgré tout, nous arrivons à le décrire grâce aux avancées de la science….car elle avance bel et bien!  

 

Étant donné la raison pour laquelle tu sembles avoir choisi de mentionner la physique quantique, permet-moi aussi d’ajouter que la remise en question du concept d’objectivité qu’entrainent les découvertes de ce domaine d’études ne me semble pas être du même ordre que celui dans lequel tu sembles vouloir la situer.

 

Quatrièmement, invoquer l’incapacité actuelle de la science à scénariser de manière convaincante la naissance de la vie comme un indice d’une certaine limite de la science ne me semble pas une très bonne idée.  Du point de vue scientifique, cette impasse n’est rien d’autre…qu’une impasse qui peut s’expliquer par le fait que le vivant est d’une très grande complexité.  Invoquer cet argument, n’est-ce pas, de nouveau, succomber à l’attrait du fameux « God of the Gaps » ?

 

3.2 Le relativisme en sciences humaines.

En cinquième lieu, j’aimerais commenter sur ton utilisation de l’image de l’éléphant. Là encore, je trouve que ce que tu énonces présente un problème. Tu conviendras avec moi que nous utilisons cette image dans la vie courante pour dire que nous avons une certaine perception de la réalité alors que les autres ont des perceptions différentes et qu’il faut donc éviter de penser que notre expérience subjective est suffisante pour nous permettre de tout comprendre quant à l’ensemble de la situation. 

 

L’avis de la communauté scientifique n’est-il pas, plutôt, que, dans le domaine des sciences pures, nous avons vraiment affaire à tout autre chose, soit un réel d’une très grande complexité avec des niveaux d’organisation différents; chaque niveau demandant d’être investigué avec des méthodes spécifiques qui permettent, justement, d’obtenir des connaissances objectives (sauf, bien sûr, au niveau quantique..) ?  D’autre part, n’est-il pas exact de dire que, grâce à la lente accumulation des découvertes faites à chaque niveau, nous pouvons dresser un tableau de plus en plus précis, de plus en plus clair du monde qui nous entoure ?  Ne faut-il pas convenir du fait que la science avance bel et bien ?

 

Sixièmement, tu évoques la présence de « l’esprit de relativisme ». Cet esprit dans le sens où tu sembles l’entendre est sûrement très présent dans plusieurs des disciplines regroupées sous ce grand chapiteau que sont les sciences humaines. Mais cette expression ne me semble pas appropriée pour décrire l’ensemble du fonctionnement des sciences pures.  Dissipons tout de suite un malentendu possible : le caractère objectif des résultats produits par les sciences pures n’en font pas des sciences d’une nature supérieure.  Il faut plutôt attribuer la différence entre sciences humaines et sciences pures au fait que ces dernières analysent des phénomènes beaucoup moins complexes que les phénomènes humains.

 

Ces derniers, parce qu’ils sont, justement, d’une complexité totalement hallucinante  poussent ceux qui tentent de les déchiffrer d’y aller d’hypothèses qui ne peuvent être qu’extrêmement simplificatrices (le meilleur exemple est la psychologie et ses nièmes théories de la personnalité).  Puisqu’aujourd’hui nous sommes beaucoup plus conscients que ces hypothèses manifestent souvent la présence de présupposés orientants (pardonne le néologisme) liés à la situation sociale et culturelle des chercheurs, il est alors de bon aloi de parler « d’un esprit de relativisme ». 

 

En fait, on pourrait tout aussi bien dire que nous bénéficions de l’apport d’une historicisation de la pratique des sciences humaines, une historicisation qui nous permet d’opérer des mises en perspective utiles pour critiquer le travail des savants qui se sont penchés sur l’histoire, la culture, l’économie, la psychologie, etc.  En d’autres mots, oui, il y a « un esprit de relativisme » mais, en même temps, et surtout, il y a un regard critique sur…le regard critique des sciences humaines.

 

D’ailleurs, à ce point-ci, n’est-il pas pertinent de mentionner le fait que le protestantisme conservateur dans son ensemble aurait probablement beaucoup à gagner à étudier et méditer cette question de la distance critique que les sciences humaines ont tenté de développer par rapport à leurs propres productions ?  N’est-ce pas là un exemple d’humilité épistémologique qu’il devrait peut-être tenter d’imiter  plutôt que de continuer à opérer sous ce qui semble être l’influence du rationalisme moderne. 

 

3.3 L’évolution : une trajectoire de deux siècles.

Plus loin, tu enchaînes en disant que « si le paradigme de l’évolution est le plus populaire actuellement, il peut (et va probablement en venir) à être remplacé par un autre paradigme dans lequel nous verrons certaines choses dans une autre perspective. Certains philosophes reprochent que les résultats scientifiques sont souvent déjà dirigés dans une direction uniquement en choisissant une certaine méthodologie ou les éléments de l’expérience. Est-il possible que la volonté d’arriver à une certaine conclusion en vienne à modifier le cours de certaines recherches ? C’est plus que possible. Je crois d’ailleurs – et je ne suis pas le seul –que l’objectivité est une des plus grandes illusions du 20ème siècle ». Tu continues plus loin en disant que « l’idée que l’univers origine dans un BIG BANG il y a des milliards d’années et qui fut suivi par une série de macro-évolutions est une théorie – parmi d’autres – qui explique un mécanisme mais qui ne répond en rien aux grandes questions existentielles ».

 

Encore ici, je veux soulever un problème qui me semble central, soit celui qui se rattache au fait que nous avons le devoir, en premier lieu, rendre de manière claire et simple l’état de la question telle qu’elle est comprise généralement au sein de la communauté des chercheurs.  Or, il est tout à fait indiscutable que le verdict de la communauté scientifique, c’est que la trajectoire qui s’est amorcée en science il y a plus de deux cent ans (j’y reviendrai plus loin) et qui a amené cette communauté à accepter l’idée que les formes de vie se sont succédées sur la terre sur une période de temps longue (donc, en d’autre mot, que la vie a eu une histoire ), que cette trajectoire, donc, s’est développée au point où elle forme maintenant un sillon gigantesque et qu’absolument rien, à l’heure actuelle, ne suggère, ni de près, ni de loin, la nécessité d’une remise en question de l’orientation générale de ce sillon, pour continuer avec la même image. 

 

À partir de ce que je comprends, il me semble donc y  avoir une inadéquation entre, d’une part, l’espèce de fragilité des savoirs et le relativisme un peu arbitraire que, dans l’ensemble de ton propos, tu sembles vouloir associer au fonctionnement des sciences et, d’autre part, l’éclairage que viennent jeter les sciences humaines sur le fonctionnement des  sciences pures.  Au fond, c’est un peu comme si en voulant t’y prendre d’un peu trop loin ou d’un peu trop haut, tu y vas de généralisations qui ne semblent pas rendre suffisamment compte de distinctions qui sont, me semble-t-il, capitales. Ainsi, de l’avis de la communauté scientifique, on peut parler de la théorie des cordes, ou de la théorie de la formation des planètes et dire, qu’en effet, de nouvelles données vont peut-être venir les chambouler.   Mais l’évolution en tant que théorie selon laquelle un grand nombre de formes de vies sont apparues et disparues sur la Terre au cours de centaines de millions d’année est une théorie qui a une toute autre consistance.  Ses assises puisent à tellement de sources et reposent sur des faisceaux d’indices tellement nombreux que l’on peut y rattacher un degré de certitude extrêmement élevé.

 

En fait, ta manière de recourir à un certain discours inspiré des sciences humaines m’a amené à penser que si avais voulu miner la confiance légitime que je crois que tes lecteurs devraient avoir envers la relative solidité de l’entreprise scientifique (qui, par ailleurs, est animée par cette vertu typiquement chrétienne qu’est la recherche de la vérité), tu ne t’y serais peut-être pas pris autrement. Je ne dis pas que c’est ce que tu voulais faire, je dis seulement que c’est l’impression que tes propos suscitent.

 

Même ton choix de citer Larousse ne m’a pas paru innocent, une impression d’ailleurs qui a été confirmé par ces lignes , lorsque tu écris que : «.. si le modus operandi de la science est de tester empiriquement à partir d’observations et d’expériences, que peut-elle nous dire sur la création du monde, l’origine de la vie ou sur des choses 1) qui ne sont pas testables en laboratoire 2) qui ne sont pas observables ? »  Alors là, j’ai reconnu tout de suite un des arguments que les « créationnistes scientifiques » aiment utiliser.  Mais cet argument s’inspire d’une des épistémologies ayant eu cours  au 19èmesiècle. Puisque, justement, elle tend à réduire la science à ces seuls éléments que sont la démarche empirique, l’expérimentation et les faits vérifiables, elle est massivement rejetée par la communauté scientifique et par les philosophes des sciences, car elle est considérée comme inadéquate pour rendre compte de la complexité des opérations qui s’effectuent en recherche (tout en étant considérée comme valable pour des disciplines plus descriptives comme la zoologie, la botanique ou la minéralogie).

 

Et, ici, je dois te le dire, en toute amitié : il y a quelque chose dans la logique de ta démarche que je ne suis pas certain de bien comprendre!  Mon cher et estimé collègue, comment pouvez-vous plonger tête première dans toutes ces fascinantes considérations émanant des sciences humaines, donc, démontrer un respect évident pour l’érudition et pour le travail accompli au sein de la culture savante, pour ensuite, servir cette épistémologie qui vous vaudrait, peut-être, une lapidation de la part des autres participants de la dite culture savante ?  Je peux me tromper lourdement (cela ne serais pas la première ni la dernière fois) mais tu (le « vous » s’est tu!) me donnes l’impression de tenter de mettre un pied dans le monde des idées actuel et un autre dans celui du 19ème siècle…Tu comprendras que, si ce que je dis s’approche de la vérité, je t’inviterais à passer complètement de «notre » coté.…

 

Permet-moi maintenant de reprendre le fil de mon propos. Puisque tu sembles émettre des doutes sur la légitimité de ces pans de l’entreprise scientifique qui consistent à étudier les phénomènes qui ne sont pas observables ou qui ne peuvent pas être reproduits, j’aimerais évoquer brièvement un chapitre de  l’histoire des sciences que tu connais sûrement.

 

On sait qu’au 18ème  et 19ème siècle,  la très vaste majorité des scientifiques étaient soucieux de respecter à la fois la foi chrétienne et leur conviction que Dieu avait créé un monde qui, tel un livre, n’attendait qu’à être décodé. Graduellement, ils se sont trouvés comme écartelés entre, d’un coté, la quantité croissante de ce qu’ils croyaient être des indices d’évènements passés et, de l’autre coté, leur compréhension du message des premiers chapitres de Genèse.  Il est légitime de dire que cette longue période a été marquée par toutes sortes de convulsions, un peu comme un accouchement, jusqu’à ce que l’immense majorité de ces « gentlemen –scientifiques » (les professionnels de la science ne sont apparus qu’après la deuxième moitié du 19ème siècle), se rangent à l’avis que Dieu ne pouvait pas se contredire ou nous leurrer (avec une « fausse » vieille Terre, par exemple ) et qu’il fallait donc revoir la lecture traditionnelle de Genèse.  Mais, si on peut le dire ainsi, cette démarche s’est faite vraiment comme de reculons.

 

Il y a un fait extrêmement important à relever et qui a déjà aussi sûrement attiré ton attention: ce n’est pas sous l’impulsion d’une idéologie matérialiste qu’ils ont revu leur position mais à cause de leur conception de Dieu dont ils pensaient que les manifestations à travers la nature et la Révélation ne pouvaient être que cohérentes et congruentes.  Et, en cela, ils ont été complètement fidèles à la mémoire longue du Christianisme.  Ils comprenaient Dieu comme un Dieu de vérité qui nous a communiqué son amour pour la vérité… Ces scientifiques ont accepté de changer leur lecture de Genèse, mais un peu de mauvais gré, parce que de passer d’une lecture littérale à une lecture poético-théologique n’est assurément pas quelque chose d’aisé.  

 

Par ailleurs, à ce point-ci j’aimerais faire part d’une observation dont le caractère est très délicat et qui m’expose au risque d’être mal compris...mais je vais tout de même l’énoncer. Il m’est difficile d’échapper à l’impression qu’au sein du monde évangélique, il y a un danger réel de ne pas saisir à sa juste valeur la portée historique de cette décision de ces savants soucieux de respecter à la fois les données de la Révélation et les données issues de l’étude du monde naturel.  Plus précisément, je me pose à question à savoir si le fait de fréquenter les Écritures, de s’y immerger, ne vient pas, chez certains, comme affaiblir leur enracinement dans le monde réel ou réduire leur capacité de donner au monde créé l’importance que celui devrait avoir.  Cette pensée m’est venue suite à mes lectures sur l’histoire des sciences au 18eme et 19ème siècle.  Certains textes font état de la véritable consternation et du profond tourment que certains savants vivaient parce que le portrait que leur travail esquissait sous leurs yeux ne concordait pas à ce qu’ils comprenaient du message de la Bible.  Ces personnes étaient déchirées, bouleversées.  Je n’ai que très rarement détecté ce tourment ou même l’ombre d’un début de consternation dans le milieu évangélique. 

 

J’ai même entendu des remarques qui m’ont signalé ce que j’ai cru être une sorte de désinvolture intellectuelle et l’indice d’un retrait à l’intérieur d’un « monde » façonné par une certaine  compréhension de la Bible, un « monde » dans lequel le monde naturel ne semblait qu’être une quantité somme toute négligeable.  Avons-nous affaire ici à la manifestation d’une théologie de la création trop anémique ?  D’autre part, n’est-ce pas aussi un peu ironique de voir que l’entreprise scientifique à travers l’Occident s’est engagée dans un tournant décisif en partie à cause de l’influence de la théologie chrétienne et, qu’un siècle plus tard, un pan de l’Église regimbe et va même jusqu’à crier au complot ou à la trahison? 

 

4. Combattre le bon ennemi

 

4.1 La frontière entre science et métaphysique

Par ailleurs, il y a un point sur lequel tous dans l’Église sont d’accord et que tu soulignes toi-même dans ton article à plusieurs reprises: l’importance des enjeux qui entourent la présence de la frontière qui sépare la science proprement dit des considérations métaphysiques du scientisme. Ces enjeux sont cruciaux, entre autres choses, parce que les tenants du scientisme tentent absolument tout pour dissimuler la présence de cette frontière, de manière à ce qu’ils puissent la franchir allègrement, sans que le public, mal informé, ne s’en rende compte.  Mais, j’ai bien peur que je sois dans l’obligation de te dires que tu t’exprimes d’une manière telle qu’il est quelquefois difficile d’échapper à l’impression que tu  fais passer cette frontière à un endroit différent de là où tous les poilus des tranchées intellectuelles chrétiennes (et même non-chrétiennes) qui sont en guerre contre le scientisme (que veux-tu, tout pacifiste que je suis, j’aime l’histoire militaire) la font passer. 

 

   Ah ! les fameux Poilus !

 

 

Ainsi, tu écris « Pour beaucoup aujourd’hui, l’évolution n’est, non pas une théorie scientifique sur le développement des espèces, mais bien une doctrine dans lesquelles les gens placent leur foi et qui leur permette de vivre comme leur propre maître. ».  Il me semble que cette manière d’expliquer les choses risque de porter à confusion.  En effet, ici et dans l’ensemble de ton argumentation, tu sembles vouloir faire passer la frontière entre science et scientisme à l’intérieur même de la théorie de l’évolution, alors que nos compagnons d’armes s’entendent pour la situer ailleurs, soit dans les présupposés matérialistes des scientifiques athées, des présupposés  qui deviennent explicites dans la conclusion typiquement scientiste (et illégitime) qu’eux tirent de la théorie de l’évolution, à savoir, que la question de Dieu a été réglée une fois pour toute par le néo-darwinisme. 

 

A moins que je t’ai mal compris, tu sembles donc enclin à adopter la même stratégie qu’un auteur (Conrad Hyers) déplore lorsqu’il écrit, « So far the creationist

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