Danton : Pour la levée en masse (2 septembre 1792) Sur la situation politique (10 mars 1793) Comment sauver la France ? (27 mars 1793) Sur l'impôt sur les riches (27 avril 1793) Sur l'érection du Comité de salut public (1er août 1793) Séance du Tribunal révolutionnaire ( 14 germinal an II - 3 avril 1794) - Discours

de la capitale vont se rendre au Champ-de Mars, se partager en trois divisions : les uns vont voler à l'ennemi, ce sont ceux qui ont des armes ; les autres travailleront 20 aux retranchements, tandis que la troisième division restera et présentera un énorme bataillon hérissé de piques. Les commissaires de la Commune vont proclamer d'une manière solennelle, l'invitation aux citoyens de s'armer et de marcher pour la défense de la patrie.

25 C'est en ce moment, Messieurs, que vous pouvez déclarer que la capitale a bien mérité' de la France entière ; c'est en ce moment que l'Assemblée nationale va devenir un véritable comité de guerre ; c'est à vous à favoriser ce grand mouvement et à adopter les mesures 30 que nous allons vous proposer avec cette confiance qui convient à la puissance d'une nation libre.

Nous vous demandons de ne point être contrariés dans nos opérations.

Nous demandons que vous concouriez avec nous, à 35 diriger ce mouvement sublime2 du peuple, en nommant des commissaires qui nous seconderont dans ces grandes mesures. Nous demandons qu'à quarante lieues du point où se fait la guerre, les citoyens qui ont des armes soient tenus de marcher à l'ennemi ; ceux qui resteront 40 s'armeront de piques. Nous demandons que quiconque refusera de servir de sa personne, ou de remettre ses armes, soit puni de mort. Il faut des mesures sévères ; nul, quand la patrie est en danger, nul ne peut refuser son service sans être déclaré infâme et traître à la patrie.

Pour la levée en masse

(2 septembre 1792)

Ce formidable cri d'alarme et d'espérance a été jeté à l'heure la plus sombre de la Révolution : depuis la trahison des généraux monarchistes (juin 1792), la patrie a été proclamée en danger ; la monarchie constitutionnelle est tombée ; les défaites extérieures se sont multipliées : Longwy s'est rendu, Verdun est investi. A l'intérieur, le peuple s'est dressé pour châtier les traîtres : la Commune de Paris, dominée par Danton, a obtenu de l'Assemblée la création d'un tribunal extraordinaire. L'ennemi du dedans étant maîtrisé, la France se tourne vers ses frontières envahies : nous sommes à la veille de Valmy. Danton a su rendre pathétique et irrésistible l'appel de la patrie pour la défense de la liberté à peine conquise et déjà menacée.

Il est bien satisfaisant, Messieurs, pour les ministres d'un peuple libre d'avoir à lui annoncer que la patrie va être sauvée. Tout s'émeut, tout s'ébranle, tout brûle de combattre, tout se lève en France d'un bout de l'empire 5 à l'autre.

Vous savez que Verdun n'est point encore au pouvoir de vos ennemis. Vous savez que la garnison a promis d'immoler le premier qui proposerait de se rendre.

Une partie du peuple va se porter aux frontières ; 10 une autre va creuser des retranchements, et la troisième, avec des piques, défendra l'intérieur de nos villes. Paris va seconder ces grands efforts. Tandis que nos ministres se concertaient avec les généraux, une grande nouvelle nous est arrivée. Les commissaires de la Commune 15 proclament de nouveau, en cet instant, le danger de la patrie, avec plus d'éclat qu'il ne le fut. Tous les citoyens

POUR LA LEVÉE EN MASSE

1. Ce fragment de discours présente t il les caractères ordonnés de l'éloquence classique ? Pourquoi ? Justifiez votre réponse.

2. Quels sont. selon vous, les éléments pathétiques et lyriques de ce discours ? Citez précisément le texte.

SUR LA SITUATION POLITIQUE

1. Dégagez la structure d'ensemble de ce passage et les enchaînements des diverses idées. Relevez les idées forces. La construction vous paraît elle d'ordre intellectuel ou sentimental ?

2. Repérez quelques exemples de métonymie et de périphrase.

3. Relevez les « fautes » de syntaxe qui dénotent le caractère spontané de cette éloquence improvisée dans le feu de l'action.

COMMENT SAUVER LA FRANCE

1. Analysez la notion de patriotisme chez Danton.

2. Relevez et analysez quelques images et comparaisons particulièrement fortes dans ce fragment de discours.

3. Quelle est la construction d'ensemble ? Y a t il progression ou bien reprise et réaffirmations d'idées similaires? Justifiez.

SUR L'IMPÔT SUR LES RICHES

1. Analysez les notions de politique de classe et de politique nationale chez Danton.

2. Relevez les usages de l'interjection et de l'apostrophe faits par Danton dans ce fragment de discours.

SÉANCE DU TRIBUNAL RÉVOLUTIONNAIRE

1. Analysez le lyrisme, l'éloquence pathétique et la truculence de Danton. Citez des exemples précis.

2. Comparez la défense improvisée de Danton à ses discours à la Convention. Que peut on en déduire sur son art oratoire ?

SUR L'ENSEMBLE DES EXTRAITS PROPOSÉS

1. Quels vous paraissent être les procédés favoris de Danton ?

2. Comparez Mirabeau, Vergniaud et Danton dans leur emploi du lyrisme et du pathétique. Les différences de classe sociale d'origine sont elles ici perceptibles ? Précisez pourquoi.

3. Relevez chez Danton les effets oratoires de tribune, les flatteries démagogiques à l'égard des foules, les « refrains », les mots d'ordre et les élans épiques.