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Dans quelle mesure peut-on parler d'un langage de l'Art ?

Publié le 15/04/2009

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• L'art est-il un langage si l'on entend par là qu'il s'effectue dans et par des « langues « c'est-à-dire des systèmes de signes conventionnels, arbitraires, discrets (au sens linguistique de ce terme) ?  Voir Éléments de linguistique générale de Martinet (Colin) notamment son analyse de la double articulation : la première au niveau des « monèmes « (c'est-à-dire des unités minimales de signification), la seconde au niveau des « phonèmes « (c'est-à-dire des unités minimales de sons distinctifs dans une langue donnée).  Voir le Cours de linguistique générale de F. de Saussure (Payot), 1re partie, chapitre 1, § 2 notamment.  « Le lien unissant le signifiant au signifié est arbitraire, ou encore, puisque nous entendons par signe le total résultant de l'association d'un signifiant à un signifié, nous pouvons dire plus simplement : le signe linguistique est arbitraire «.  Schématiquement, le signifié désigne le concept (ou le sens), le signifiant désigne l'image acoustique (ou le mot) : leur combinaison constituant le signe linguistique...  Voir Esthétique de Hegel.  (Dans l'art) « de même que dans le langage, l'homme communique ses pensées et les fait comprendre à ses semblables. Seulement, dans le langage, le moyen de communication est un simple signe, à ce titre, quelque chose de purement extérieur à l'idée et d'arbitraire. L'art au contraire, ne doit pas simplement se servir de signes, mais donner aux idées une existence sensible qui leur corresponde. «  • L'art est-il « un langage « si l'on entend simplement par là qu'il est communication par signes?  Voir la revue Diogène consacrée aux Problèmes de langage où Jakobson a exposé les distinctions intéressantes effectuées par Peirce en ce qui concerne les signes.  Il en distingue 3 « types « :  L'indice qui « opère, avant tout, par la contiguïté de fait, vécue entre son signifiant et son signifié «. Ainsi on peut dire que tel symptôme est indice de telle maladie.  L'icône qui « opère, avant tout, par la similitude de fait entre son signifiant et son signifié, par exemple entre la représentation d'un animal et l'animal représenté. « (Les arts plastiques figuratifs en donnerait de bons exemples.)  Le symbole qui « opère, avant tout, par contiguïté instituée, apprise, entre signifiant et signifié. «  Peirce souligne que ces divers « aspects « (ou « types «) du signe ne sont pas strictement séparés et peuvent interférer entre eux.  Ces considérations nous amènent aux interrogations suivantes :  • Ne pourrions-nous dire que l'art est un langage dans la mesure où il fait usage de « signes « où les différents aspects sont souvent mêlés?  Par exemple, comme le note Peirce lui-même :  « Dans certaines traditions médiévales, les personnages vicieux sont expressément et uniformément représentés de profil, et seulement de face dans l'art de l'ancienne Egypte. « — « La différence de taille des silhouettes revêt des significations opposées selon les codes picturaux. «  • Se pose également le problème de la poésie. La poésie est-elle langage, en quel sens?  • N'aurions-nous pas une répugnance à admettre qu'en un certain sens l'art est langage parce que (cf. R. Huyghe dans son livre L'Art et l'âme) on s'imagine « qu'un art langage devrait fatalement s'astreindre à traduire en images, par une sorte de mot à mot visuel, des idées distinctes comme celles qui s'expriment par la parole et la plume «?  • Cependant tout ceci prouve simplement, qu'en un certain sens, l'art peut être un langage (dans la mesure où il peut être communication par signes). Mais l'est-il nécessairement?  Autrement dit la communication, la volonté de communiquer, est-elle consubstantielle à l'art, à l'activité artistique? N'opère-t-on pas une réduction abusive lorsqu'on dit — même au sens ainsi défini — que l'art est un langage?  Après tout, un « artiste « ne pourrait-il — par exemple — avoir le dessein de « s'exprimer « et (ou) d'exprimer « quelque chose « sans envisager de l'exprimer à quelqu'un?  Pourrait-on dire, alors, que l'art est nécessairement langage?  • La même interrogation ne doit-elle pas être opérée si l'on admet avec Kant que « La beauté est la forme de la finalité d'un objet en tant qu'elle y est perçue sans représentation de fin «? (La Critique du jugement, page 67).

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