Crimée.

Crimée. 1 PRÉSENTATION Crimée, presqu'île du sud de l'Ukraine, possédant les mêmes frontières que la République autonome de Crimée proclamée en 1992. 2 GÉOGRAPHIE 2.1 Situation géographique La Crimée est reliée, dans sa partie nord, au continent européen et au reste du pays par l'étroit isthme de Perekop ; elle se détache en revanche de l'Ukraine en s'enfonçant vers le sud dans la mer Noire qui borde toutes ses côtes, à l'exception de la côte nord-est baignée par la mer d'Azov. Le détroit de Kertch, qui relie les deux mers, sépare la Crimée des monts du Caucase, à l'est. 2.2 Relief La Crimée s'étend sur environ 320 km d'est en ouest et sur environ 175 km du nord au sud. Le terrain est principalement formé d'une plaine élevée, prolongement des steppes russes. Plusieurs chaînes de montagnes parallèles occupent la partie sud-est de la presqu'île. 2.3 Climat et végétation Le climat de la plaine principale de la Crimée est plutôt froid et venteux en hiver, aride en été, tandis que le climat de la bande côtière du sud-est est doux et la terre fertile. Parmi les espèces végétales de la région figurent le chêne-liège, l'olivier, le laurier et le cyprès. 3 POPULATION ET VILLES PRINCIPALES Les Russes (65 p. 100 de la population totale), les Ukrainiens (25 p. 100) et les Tatars sont les principaux groupes ethniques représentés en Crimée, les Bulgares et les Grecs étant minoritaires. Simferopol est le chef-lieu et la ville principale de la Crimée, tandis que Sébastopol constitue le premier port de la région. 4 ÉCONOMIE 4.1 Agriculture Outre les vergers de cerises, de pêches, de figues, d'abricots, de pommes et de poires, la Crimée produit du tabac, du blé et de l'orge, principalement cultivés dans les plaines, ainsi que du maïs, du chanvre et des amandes. Les vignobles sont nombreux, notamment dans la région de Massandra, et les vins de Crimée jouissent d'une grande renommée. Dans les montagnes, les élevages bovin et ovin sont largement pratiqués. 4.2 Ressources naturelles et industries La Crimée est riche en gisements minéraux, notamment de sel et de minerai de fer phosphorique. Ces derniers, d'une grande importance, se situent près de Kerch, un grand centre métallurgique et sidérurgique. Les autres grandes industries de la presqu'île sont la construction navale, la pêche et la fabrication d'engrais, de produits chimiques, de produits à base de tabac et de cuir. 4.3 Tourisme La région côtière de la Crimée est un lieu de villégiature estival célèbre et réputé, dont Yalta est la destination privilégiée ; la ville a par ailleurs accueilli la conférence de Yalta en 1945, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. 5 HISTOIRE 5.1 Les invasions successives de la Crimée Pendant l'Antiquité, la Crimée est connue sous le nom de Chersonèse taurique, du nom d'une tribu, les Tauris, descendant des Cimmériens. Entre le VIIe siècle et le Ve siècle av. J.-C., les Grecs de Milet colonisent le territoire et fondent de nombreuses cités sur la côte. Unifiées en 438 av. J.-C., elles forment le royaume du Bosphore. En 107 av. J.-C., le royaume accepte la domination de Mithridate VI Eupator, roi du Pont, pour se protéger des Scythes. Pendant près de trois siècles après la défaite de Mithridate par les Romains en 66 av. J.-C., la Crimée est sous la suzeraineté nominale de Rome. La région est conquise par les Goths en 250 apr. J.-C., puis par les Huns, les Khazars, les Byzantins, les Kipchaks et les Génois ; ces invasions successives se déroulent sur une période de mille ans. En 1475, la péninsule est envahie par les Turcs qui, avec l'aide des princes tatars qui avaient le contrôle sur une partie de cette région, la conservent sous leur domination jusqu'en 1777. 5.2 L'autorité de l'Empire russe puis de l'URSS La Crimée est rattachée à la Russie en 1783, à l'issue de deux guerres russo-turques. De 1854 à 1856, elle est le théâtre de la guerre de Crimée qui oppose la Russie à une coalition formée de pays européens alliés à l'Empire ottoman. Après la révolution russe de 1917, c'est en Crimée que les armées blanches de Wrangel et de Denikine trouvent leur dernier refuge à la fin de la guerre civile. En 1921, la Crimée est érigée en République autonome des Tatars de Crimée au sein de la République socialiste fédérée soviétique de Russie. En 1941, la Crimée est envahie par les armées allemandes qui occupent la totalité du territoire de la République, de la chute de Sébastopol en juillet 1942 au printemps 1944. En 1945, la Crimée perd son statut de République autonome, puis elle est transformée en oblast, sans doute en raison de l'importante collaboration des Tatars de Crimée avec l'ennemi pendant l'occupation ; Staline les fait massivement déporter en Asie centrale. 5.3 La question de l'indépendance 5.3.1 La Crimée devient la République autonome de Crimée En 1954, la Crimée, alors russe, est cédée par Nikita Khrouchtchev à la République socialiste soviétique d'Ukraine. Après la dissolution de l'Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS) en 1991, la possession de la Crimée attise de nouveau les tensions entre la Russie et l'Ukraine, notamment en raison du problème du stationnement de la flotte russe dans la mer Noire. En 1992, le Soviet suprême russe vote une résolution qui annule le transfert de la Crimée à l'Ukraine décidé 1954, tandis que le Soviet suprême de Crimée déclare la région République autonome de Crimée ; parallèlement, le gouvernement ukrainien exprime son souhait de maintenir la Crimée au sein des frontières de l'Ukraine. 5.3.2 Les relations de la Crimée avec l'Ukraine En janvier 1994 ont lieu les premières élections à la présidence de la Crimée : cinq des six candidats à la présidence soutiennent publiquement le rattachement de la Crimée à la Russie, et notamment le vainqueur de cette consultation, Iouri Mechkov, un ancien garde-frontière soviétique et procureur juridique. Celui-ci nomme un Premier ministre russe et ne tarde pas à affermir son contrôle sur les institutions ukrainiennes de la Crimée. Il destitue plusieurs ministres et ordonne le remplacement du directeur de la télévision locale. Il décrète également que les résidents de la Crimée ne sont pas soumis au contingentement militaire ukrainien. Il réclame la tenue d'un référendum sur le statut de la Crimée, simultanément aux élections parlementaires en Ukraine. Les dirigeants ukrainiens estiment toutefois que Iouri Mechkov a dépassé les limites de ses fonctions et font abandonner l'idée du référendum, transformé en un « sondage « au cours duquel plus de 70 p. 100 des électeurs de Crimée votent en faveur d'une plus grande indépendance vis-à-vis de l'Ukraine et pour le droit à la double nationalité russe et ukrainienne. En mars 1995, le Parlement ukrainien, profitant des dissensions entre Iouri Mechkov et le Parlement de Crimée, prend la décision d'annuler l'autonomie de la République. Population (1991) : 2 549 800 habitants. Superficie : 25 993 km2.