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Cours commentaire d'un extrait de Zadig de Voltaire (niveau première)

Publié le 06/04/2011

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voltaire

« Il y avait une grande querelle dans Babylone qui durait depuis quinze cents années, et qui partageait l’empire en deux sectes opiniâtres: l’une prétendait qu’il ne fallait jamais entrer dans le temple de Mithra que du pied gauche; l’autre avait cette coutume en abomination, et n’entrait jamais que du pied droit. On attendait le jour de la fête solennelle du feu sacré pour savoir quelle secte serait favorisée par Zadig. L’univers avait les yeux sur ses deux pieds, et toute la ville était en agitation et en suspens. Zadig entra dans le temple en sautant à pieds joints, et il prouva ensuite, par un discours éloquent, que le Dieu du ciel et de la terre, qui n’a acception de personne, ne fait pas plus de cas de la jambe gauche que de la jambe droite. L’Envieux et sa femme prétendirent que dans son discours il n’y avait pas assez de figures, qu’il n’avait pas fait assez danser les montagnes et les collines. Il est sec et sans génie, disaient-ils; on ne voit chez lui ni la mer s’enfuir, ni les étoiles tomber, ni le soleil se fondre comme de la cire; il n’a point le bon style oriental. Zadig se contentait d’avoir le style de la raison. Tout le monde fut pour lui, non pas parce qu’il était dans le bon chemin, non pas parce qu’il était raisonnable, non pas parce qu’il était aimable, mais parce qu’il était premier vizir.

Il termina aussi heureusement le grand procès entre les mages blancs et les mages noirs. Les blancs soutenaient que c’était une impiété de se tourner, en priant Dieu, vers l’orient d’hiver; les noirs assuraient que Dieu avait en horreur les prières des hommes qui se tournaient vers le couchant d’été. Zadig ordonna qu’on se tournât comme on voudrait.

Il trouva ainsi le secret d’expédier le matin les affaires particulières et les générales: le reste du jour il s’occupait des embellissements de Babylone: il faisait représenter des tragédies où l’on pleurait, et des comédies où l’on riait; ce qui était passé de mode depuis longtemps, et ce qu’il fit renaître parce qu’il avait du goût. Il ne prétendait pas en savoir plus que les artistes; il les récompensait par des bienfaits et des distinctions, et n’était point jaloux en secret de leurs talents. Le soir il amusait beaucoup le roi, et surtout la reine. Le roi disait: Le grand ministre! la reine disait:L’aimable ministre! et tous deux ajoutaient: C’eût été grand dommage qu’il eût été pendu.»

Extrait de Zadig ou la Destinée de Voltaire, Chapitre VII

 

Zadig ou la Destinée de Voltaire est un conte philosophique racontant les mésaventures d'un jeune homme nommé Zadig qui par un heureux hasard se voit nommer Premier ministre du roi de Babylone.

 

On peut donc dire qu'il est caractéristique du XVIII ͤ sièclecar le conte philosophique fut inventé à cette même époque. Il est un récit imaginaire s'inspirant de la forme du conte et transmettant des idées et des concepts philosophique. De nombreux auteurs célèbres écrivirent des contes philosophiques ( Voltaire et Montesquieu par exemple).

 

On peut aussi considérer la présence d'un sujet double (engendrée par sa condition de conte philosophique) comme une caractéristique du XVIII ͤ siècle, car très utilisé, notamment pour contrer la censure comme dans De l'esprit des lois de Montesquieu et Dictionnaire philosophique de Voltaire . Effectivement l'on peut considérer ce texte comme ironique car il y a plusieurs lecture possible: la lecture littérale qui nous fais croire à un sujet futile (« Une grande querelle » à propos de quel pieds l'on doit poser en premier en entrant dans le temple de Mithra) et la lecture plus approfondie qui nous fait remarquer le sujet réel du texte: une satire de l'église catholique.

 

Car en effet il ne faut pas oublier que la principale caractéristique du XVIII ͤ siècle de ce texte est sa portée philosophique: Voltaire y prône ses idées et réflexions. La critique de l'Église catholique est assez présente durant le XVIII ͤ siècle: les Lumières remettent en cause ses principes, ou du moins ses actes, ainsi que le fanatisme religieux, et prône la séparation entre l'État et la Religion et l'égalité entre les différentes religions. On le voit dans beaucoup de textes de l'époque tels que De l'esprit des lois de Montesquieu, Dictionnaire philosophique et Traité sur la Tolérance de Voltaire. On remarque le sujet réel du texte grâce à des références bibliques: « il n’avait pas fait assez danser les montagnes et les collines » se réfère par exemple au verset 4 du psaume CXII de l'Ancien Testament, « les montagnes sautèrent comme des béliers, les collines comme des agneaux. ».

 

Dans ce texte, Voltaire ne fait pas seulement une critique de l'église, il y oppose aussi la raison des philosophes, grâce à Zadig ( « Zadig se contentait d’avoir le style de la raison »). Le XVIII ͤ siècle fut un grand siècle de diffusion d'idées.

 

Enfin, comme dernière caractéristique du XVII, on peut noter le conte orientale: le texte prend place à Babylone, dans le temple Mithra (un culte perse), on parle de « noirs », de « mage », d'exotisme. Durant le XVIII ͤ siècle l'orient fut à la mode: trois nouveaux comptoirs des Indes furent crées de 1721 à 1738, le 7 février 1715, Louis XV reçoit une délégation de l’ambassadeur de Perse, suivie en 1721 puis en

1742 de deux importantes ambassades turques. De nombreux auteurs utilisèrent l'Orient dans leurs livres: Montesquieu écrivit les Lettres Persanes.

 

 

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