Coups de sang pour l'architecture

4 mars 1988 -   L'architecture, lente à mûrir et à monter, n'obéit guère aux conventions des dates. Ce sont des mouvements plus profonds qu'il faut donc chercher dans cette fin de décennie, annonciatrice d'une fin de siècle à surprise. Le retour aux valeurs de la ville, depuis la fin des années 70,si bien incarné, en France par les Gaudin ou bien les Portzamparc, à l'étranger par Siza, ou même, sur un mode hystérique, par Bofill, a cédé le pas à l'héroïsme international et brillant de Foster ( Banque de Hongkong), plus maîtrisé chez Piano ( Mesnil Collection de Houston), majestueux chez Spreckelsen ( Arche de la Défense). Gaudin ( stade Charléty, en construction), Portzamparc ( Cité de la Musique), Ciriani ( Mémorial de Péronne, Musée archéologique de Nîmes), ou bien plus loin Meier ( Getty Trust en construction) ont fait chauffer les feux de leurs propres expressions.    Mais, dans cette surenchère, l'architecture, vrombissante dans des villes éclatées et meurtries, s'est mise à exploser. Gehry ( Centre américain de Paris, en construction), Nouvel ( Institut du monde arabe), mais aussi Koolhaas, Fuksas, Alsop, ont proposé des " objets " tour à tour ricanants, astucieux, ludiques ou simplement bizarres, forçant la réflexion plus que la sensibilité, mais générant aussi plus de coups de sang que de coups de coeur. FREDERIC EDELMANN Février 1992