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Publié le 29/01/2018

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Corpus BAC Jean de La BruyeÌ€re, Les CaracteÌ€res (1688), Voltaire, Micromégas (1752), Jacques Sternberg, 188 Contes aÌ€ régler (1988)   AIDE POUR LE COMMENTAIRE : Problématique : Comment le moraliste compose-t-il/offre-t-il ici une image saisissante de la nature humaine ? Axes du commentaire : Il convient d’étudier d’abord l’idée selon laquelle l’homme n’est pas un animal raisonnable, idée tournée en dérision par La BruyeÌ€re. Puis nous verrons comment l’attitude belliqueuse ( =agressive, guerrière) des hommes est dénoncée. Enfin, ce texte est un appel aÌ€ une prise de conscience.   AIDE POUR LA DISSERTATION : I. Différentes modalités pour dénoncer la société aÌ€ travers l’Autre ( = présentation) (Fictions/ fables/ contes/ etc.) + avec des EXEMPLES PRECIS D’ŒUVRES du corpus et du cours ! II. Le détour par l’Autre est un bon moyen pour dénoncer les travers de sa société (=points positifs) (un détour commode pour permettre au lecteur de prendre de la distance avec sa propre société/ Un regard neuf, le lecteur aborde les grands sujets sous un angle d’approche inédit/ Par le biais de la fiction de l’Autre, l’argumentation devient plus efficace, car elle sollicite l’imagination, la réflexion, l’émotion du lecteur ?) III. Les dangers de la fiction de l’Autre (=les limites) 1. La fiction a un pouvoir de séduction : le lecteur est captivé par les aventures de l’Autre et peut oublier la dimension argumentative du texte. Ex. : dans les contes philosophiques ? 2. Le message, en étant brouillé par une image, n’est pas toujours clair… Ex. : dans Les Fables de La Fontaine ?   AIDE POUR L’ECRITURE D’INVENTION : congéneÌ€res : qui sont de la même espèce, semblables. exhorter : encourager, inciter par des paroles.   • Le genre du discours doit eÌ‚tre adopté. Il suppose la présence de destinataires clairement identifiés, l’emploi de tournures convaincantes, et une organisation qui peut suivre le schéma des discours antiques : exorde (ou début ex abrupto), exposé des arguments (contentio), éventuellement narration (le discours peut eÌ‚tre lié aÌ€ un événement particulier), péroraison (résumé et appel aÌ€ de forts sentiments).   • Le discours doit eÌ‚tre placé dans un contexte qui doit eÌ‚tre transparent aÌ€ la lecture de l’écrit d’invention : qui est ce penseur adreÌ€le (un homme politique, un simple citoyen, ...?), pourquoi s’adresse-t-il aÌ€ ses concitoyens (aÌ€ la suite d’un épisode particulieÌ€rement sanglant ? parce qu’un peuple plus pacifique a été rencontré?), dans quelles conditions se produit ce discours (aÌ€ la radio? dans une assemblée?) constituent des questions importantes qui ont une influence sur la composition du discours.   • Si l’appel aÌ€ la raison est un argument fondamental et nécessaire (comment vivre si l’on pousse son jumeau adreÌ€le aÌ€ tuer ?), l’écrit d’invention doit trouver d’autres mobiles. On peut envisager une comparaison entre le peuple adreÌ€le et un autre peuple pacifique ; la question du bonheur peut eÌ‚tre soulevée ou encore celle de l’utilité: ne vaudrait-il pas mieux envisager ces forces aÌ€ construire plutoÌ‚t qu’aÌ€ détruire ? La question de la légitimité morale peut aussi eÌ‚tre soulevée.   • Le locuteur peut donner différentes images de lui- meÌ‚me afin d’accréditer son discours : il peut se montrer suppliant, inquiet, attristé.   • Il doit agir sur les sentiments des auditeurs, en suscitant chez eux différents sentiments (pathos) : l’indignation, la pitié, l’effroi, la honte.     LA QUESTION SUR LE CORPUS   1. Par quels procédés la guerre est-elle dénoncée dans ces textes ? Dans ces trois textes, les auteurs ont recours aÌ€ une fiction pour dénoncer la guerre : dans « Les Jumeaux », Sternberg met en sceÌ€ne des extraterrestres, les AdreÌ€les, dont les parties jumelles se déchirent ; Voltaire donne la parole aÌ€ des philosophes minuscules, interrogés par un géant venu de Sirius; La BruyeÌ€re imagine une horde de chats qui s’entretuent (l. 15-20). Par le biais d’une image, ils montrent l’absurdité des conflits: les hommes sont comparés aÌ€ des animaux dans le texte de La BruyeÌ€re, des « animaux raisonnables» (l. 25), tandis que la phrase finale du texte de Sternberg donne la clef de l’histoire: «les AdreÌ€les pouvaient passer pour les eÌ‚tres dont les mœurs étaient le plus insidieusement semblables aÌ€ celle des Terriens ». La présentation que le philosophe fait au Sirien des hommes qui se battent tend aÌ€ les assimiler aÌ€ des fourmis étranges «couvert[e]s de chapeaux », « qui tuent cent mille autres animaux couverts d’un turban ». Les exagérations qui parcourent les textes alliées aux visions horribles qu’elles proposent participent de la dénonciation (la « puanteur » des chats morts chez La BruyeÌ€re ; les termes forts « sont massacrés », « s’égorgent » dans Micromégas et « tueries », « meurtres », « suicides » chez Sternberg). L’ironie parcourt également cestextes : par exemple, dans Les CaracteÌ€res, La BruyeÌ€re emploie l’antiphrase « instruments commodes » pour évoquer les armes. Voltaire, quant aÌ€ lui, dénonce les puissants qui ordonnent les massacres par la périphrase ironique « barbares sédentaires ».   COMMENTAIRE Vous ferez le commentaire du texte de La BruyeÌ€re (texte A)   Les CaracteÌ€res de La BruyeÌ€re se proposent de définir l’Homme dans tous les aspects de sa vie. Dans le chapitre consacré aux «Jugements», l’auteur s’intéresse plus particulieÌ€rement aÌ€ la façon dont il se définit. Cet extrait présente l’homme comme présomptueux et bien peu raisonnable. Comment le moraliste compose-t-il ici une image saisissante de la nature humaine ? Il convient d’étudier d’abord l’idée selon laquelle l’homme n’est pas un animal raisonnable, idée tournée en dérision par La BruyeÌ€re. Puis nous verrons comment l’attitude belliqueuse des hommes est dénoncée. Enfin, ce texte est un appel aÌ€ une prise de conscience.   I. La réfutation de La BruyeÌ€re: l’homme n’est pas un animal raisonnable. Cette theÌ€se, délivrée au début du paragraphe, est d’emblée contestée par La BruyeÌ€re avec l’emploi du verbe «corner», clairement péjoratif. L’expres- sion apparaiÌ‚t aÌ€ plusieurs reprises, aÌ€ chaque fois de manieÌ€re ironique. 1. Un échange des roÌ‚les. L’homme est, aÌ€ plusieurs reprises, assimilé aÌ€ un animal, mais de manieÌ€re iro- nique, par exemple lorsque le moraliste évoque les animaux et les désignent comme «vos confreÌ€res», en s’adressant aux hommes. Les exemples suc- cessifs présentés de façon paralleÌ€le (le tiercelet de faucon, le lévrier, l’homme «qui court le sanglier») accentuent la ressemblance entre l’homme et l’ani- mal. Mais les animaux aussi sont humanisés, aÌ€ la manieÌ€re d’une fable (« si les uns ou les autres vous disaient qu’ils aiment la gloire», «les uns ou les autres» renvoyant aux chats ou aux loups). La BruyeÌ€re semble donc d’accord avec l’idée que l’homme est un animal, mais il conteste l’adjectif « raisonnable ». 2. L’homme est présenté comme un animal déna- turé. La taupe et la tortue, comparées aÌ€ l’homme, placé dans une position d’infériorité («au-dessous de... ») posseÌ€dent « l’instinct de leur nature », contrairement aÌ€ l’homme, dévalorisé ici pour ses « légeÌ€retés », « folies », et « caprices » (dans un rythme ternaire qui mime son égarement). Son imagination et son intelligence technicienne sont mises au profit de la destruction («car avec vos seules mains que vous pouviez-vous vous faire les uns aux autres [...] ? ») et l’énumération des armes (« les lances, les piques, les dards, les sabres et les cimeterres») s’oppose aux « dents » et « ongles » des animaux. 3. La BruyeÌ€re s’attache aÌ€ montrer que la raison conseille de ne pas se battre contre son prochain. Il emploie l’exemple de deux chiens qu’il met en sceÌ€ne : ils « s’aboient, s’affrontent, se mordent et se déchirent». Face aÌ€ ce spectacle, le jugement des hommes est transcrit: «VoilaÌ€ de sots animaux». Cette phrase fait suite aux jugements précédents, donnés au style direct : un animal qui suit sa nature et qui en tue un autre pour se nourrir est un « bon » animal ; celui qui s’attaque aÌ€ un autre de son espeÌ€ce ne fait pas preuve de raison. L’homme n’est donc pas un «animal raisonnable», et La BruyeÌ€re déve- loppe plus particulieÌ€rement l’exemple de la guerre.   II. La dénonciation de l’attitude belliqueuse des hommes Dans un texte qui n’est pas dépourvu d’humour, le moraliste entreprend de dénoncer la guerre. 1. Pour cela, il représente une bataille des chats, dans une parodie d’épopée, dont les acteurs «ont joué ensemble de la dent et de la griffe». L’exagé- ration des chiffres (« neuf aÌ€ dix mille chats »), le caracteÌ€re effrayant de la bataille («ils se sont jetés avec fureur les uns sur les autres ») reprennent des caractéristiques de l’épopée, mais la présence de ces chats humanisés opeÌ€re un détournement paro- dique. Le moraliste montre ainsi le caracteÌ€re absurde d’une telle entreprise. Les hommes qui se battent entre eux ne sont pas « raisonnables ». 2. Les images de violence s’attachent au theÌ€me de la guerre: le mot «boucherie» renvoie meÌ‚me aÌ€ cette entreprise. Dans une gradation, l’auteur évoque les violences effectuées sans armes (« vous arracher les cheveux, vous égratigner au visage», «vous arracher les yeux de la teÌ‚te»), avant de se complaire dans une description des souffrances endurées par le fait des armes (« vous faire réciproquement de larges plaies d’ouÌ€ peut couler votre sang jusqu’aÌ€ la dernieÌ€re goutte »). 3. Cette attitude belliqueuse des hommes ne semble due qu’aÌ€ un seul défaut : l’amour-propre. Si celui-ci n’est pas nommé, il est sous-entendu aÌ€ tra- vers des formules comme « vous donn[ez] aux ani- maux [...] ce qu’il y a de pire, pour prendre pour vous ce qu’il y a de meilleur ». Conformément aÌ€ son projet de moraliste, La BruyeÌ€re étudie l’homme et montre ses faiblesses, afin d’amener le lecteur aÌ€ une prise de conscience.   III. Un appel aÌ€ une prise de conscience 1. L’ouvrage s’adresse explicitement aux hommes, comme le montre l’apostrophe «oÌ‚ hommes» qui traduit la condescendance de l’auteur. L’utilisation récurrente de la deuxieÌ€me personne du pluriel et des questions rhétoriques («ne ririez-vous pas de tout votre cœur [...] ? ») incitent le lecteur aÌ€ réagir. Le passage se veut persuasif. 2. Mais dans cet extrait, le moraliste convie son lecteur aÌ€ participer aux différentes visions qu’il lui propose, dans des tournures paralleÌ€les. La vision du « tiercelet de faucon » qui « fait une belle des- cente sur la perdrix» appelle des paroles au style direct « VoilaÌ€ un bon oiseau », et trois autres sceÌ€nes sont alors proposées au lecteur, dont l’auteur ima- gine les paroles. De meÌ‚me, trois fictions, intro- duites par l’hypothétique « si » s’acheÌ€vent par les réactions supposées de celui-ci. Le lecteur est invité aÌ€ construire le raisonnement, dans une argu- mentation imagée et qui se veut efficace.     DISSERTATION   Selon vous, le détour par l’Autre est-il un bon moyen pour dénoncer les travers de sa propre société ?   I. Différentes modalités pour dénoncer la société aÌ€ travers l’Autre 1. L’Autre peut eÌ‚tre mis en sceÌ€ne dans un apologue et sa parole, ses actions, mettent en évidence les défauts de la société. Ex. : L’Ingénu, personnage de Voltaire, porte un juge- ment sur la société française. 2. La rencontre avec l’Autre permet de revenir sur soi: la société française est comparée aÌ€ une autre société qu’on observe. Ex.: Les utopies présentent un monde autre que le noÌ‚tre. Les différences entre les habitants sont per- ceptibles.   II. Le détour par l’Autre est un bon moyen pour dénoncer les travers de sa société   1. C’est un détour commode pour permettre au lecteur de prendre de la distance avec sa propre société. Trop engagé dans le monde, le lecteur ne peut pas toujours distinguer les injustices, les travers. Ex. : Dans Micromégas, le territoire convoité est dési- gné comme un «tas de boue». En le diminuant de taille, le philosophe montre la futilité des causes de la guerre. 2. En adoptant un regard neuf, le lecteur aborde les grands sujets sous un angle d’approche inédit. Les incohérences et les absurdités n’en sont que plus fla- grantes. Ex.: Les inconséquences des Parisiens, dans les Lettres persanes, deviennent manifestes sous la plume d’un étranger. 3. Par le biais de la fiction de l’Autre, l’argumentation devient plus efficace, car elle sollicite l’imagination du lecteur en meÌ‚me temps que la réflexion. Elle suscite chez lui des émotions, comme le rire ou la fascina- tion. Ex.: Les AdreÌ€les dans «Les Jumeaux» fascinent et inquieÌ€tent, mais nous font réfléchir aÌ€ notre propre monde. III. Les dangers de la fiction de l’Autre 1. La fiction a un pouvoir de séduction : le lecteur est captivé par les aventures de l’Autre et peut oublier la dimension argumentative du texte. Ex. : Les contes philosophiques de Voltaire comme L’Ingénu peuvent passer pour des récits, des romans. 2. Le message, en étant brouillé par une image, n’est pas toujours clair. La pensée de l’auteur se déguise derrieÌ€re celle d’un autre personnage. Ex. : Les Fables de La Fontaine, par leur récit qui peut présenter des animaux, constituent des énigmes. Dépourvues parfois de moralité, elles dissimulent leur sens véritable, comme «Le Rat qui s’est retiré du monde », qui se finit sur une note ironique.                

« dimension argumentative du texte.

Ex.

: dans les contes philosophiques ? 2.

Le message, en étant brouillé par une image, n'est pas toujours clair… Ex.

: dans Les Fables de La Fontaine ?   AIDE POUR L'ECRITURE D'INVENTION : congénères : qui sont de la même espèce, semblables. exhorter : encourager, inciter par des paroles.   • Le genre du discours doit être adopté.

Il suppose la présence de destinataires clairement identifiés, l'emploi de tournures convaincantes, et une organisation qui peut suivre le schéma des discours antiques : exorde (ou début ex abrupto), exposé des arguments (contentio), éventuellement narration (le discours peut être lié à un événement particulier), péroraison (résumé et appel à de forts sentiments).

  • Le discours doit être placé dans un contexte qui doit être transparent à la lecture de l'écrit d'invention : qui est ce penseur adrèle (un homme politique, un simple citoyen, ...?), pourquoi s'adresse-t-il à ses concitoyens (à la suite d'un épisode particulièrement sanglant ? parce qu'un peuple plus pacifique a été rencontré?), dans quelles conditions se produit ce discours (à la radio? dans une assemblée?) constituent des questions importantes qui ont une influence sur la composition du discours.   • Si l'appel à la raison est un argument fondamental et nécessaire (comment vivre si l'on pousse son jumeau adrèle à tuer ?), l'écrit d'invention doit trouver d'autres mobiles.

On peut envisager une comparaison entre le peuple adrèle et un autre peuple pacifique ; la question du bonheur peut être soulevée ou encore celle de l'utilité: ne vaudrait-il pas mieux envisager ces forces à construire plutôt qu'à détruire ? La question de la légitimité morale peut aussi être soulevée.   • Le locuteur peut donner différentes images de lui- même afin d'accréditer son discours : il peut se. »

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