Corneille (Pierre)
Publié le 18/12/2010
Extrait du document

Nous partîmes cinq cents; mais par un prompt renfort
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port.
[...]
Et le combat cessa faute de combattants.
Le Cid, Don Rodrigue
Don Diègue
O rage ! O désespoir ! O vieillesse ennemie !
N’ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Le Cid
Le Comte vient de frapper Don Diègue au visage. Don Diègue constate avec désarroi qu’il n’a ni l’âge ni la force
de se venger. Il va devoir faire appel à son fils pour laver son déshonneur.
Don Diègue
Rodrigue, as-tu du coeur?
Don Rodrigue
Tout autre que mon père l'éprouverait sur l'heure.
Le Cid
Don Diègue demande à son fils de venger l'honneur familial souillé par le Comte : «Va, cours, vole et nous
venge.«
Don Rodrigue
Que de maux et de pleurs nous coûterons nos pères!
Chimène
Rodrigue, qui l'eût cru!
Don Rodrigue
Chimène, qui l'eût dit?
Le Cid
Rodrigue, cerné entre l'amour et le devoir, offre un parfait exemple de dilemne cornélien.
Corneille (suite)
Don Rodrigue
Cette ardeur que dans les yeux je porte,
Sais-tu que c'est son sang? Le sais-tu?
Le Comte
Que m'importe?
Don Rodrigue
A quatre pas d'ici je te le fais savoir.
Le Comte
Jeune présomptueux!
Don Rodrigue
Parle sans t'émouvoir.
Je suis jeune il est vrai; mais aux âmes bien nées
La valeur n'attend pas le nombre des années.
Le Comte
Te mesurer à moi! Qui t'a rendu si vain
Toi qu'on n'a jamais vu les armes à la main?
Don Rodrigue
Mes pareils à deux fois ne se font point connaître,
Et pour leurs coups d'essai veulent des coups de maître.
Le Cid
Rodrigue interpelle le Comte : «A moi, Comte, deux mots!« Suivra alors une violente altercation dont chaque
vers est resté célèbre. On y trouve notamment la fameuse réplique de Rodrigue : «A qui venge son père, il n'est
rien d'impossible, ton bras est invaincu, mais non pas invincible« à laquelle le Comte répondra par ce vers non
moins illustre : «A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.«
Va, je ne te hais point?
Le Cid, Chimène
Rodrigue vient à peine de tuer le père de Chimène. Par cette phrase, elle lui laisse entendre qu'elle l'aime malgré
son acte. Le vers est fréquemment cité comme exemple de litote : figure de réthorique consistant à nier le
contraire de ce que l'on pense.
Rome, l'unique objet de mon ressentiment!
Rome, à qui ton bras vient d'immoler mon amant!
Rome qui t'as vu naître et que ton coeur adore!
Rome enfin que je hais parce qu'elle t'honore!
[...]
Voir le dernier Romain à son dernier soupir,
Moi seule en être la cause, et mourir de plaisir!
Horace, Camille
Camille apprend que son frère Horace vient de tuer son époux Curiace. Elle maudit Rome, la ville responsable de
la guerre. Pour exprimer la colère de Camille, Corneille emploie une anaphore, ce procédé qui consiste à
reprendre un mot ou un groupe de mots au début de phrases successives pour produire un effet de renforcement.
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront;
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Poésies diverses, Stances à Marquise Du Parc
L'irrévérencieuse réponse de Marquise imaginée par Tristan Bernard fut chantée par Georges Brassens :
«Peut-être serai-je vieille,
Répond Marquise, cependant,
J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
Et je t'emmerde en attendant.«
Note : Marquise n'était pas ici un titre nobiliaire mais un prénom.
"Le Moi de Médée"
D'après Médée
Médée, abandonnée par Jason, est chassée de son pays d'accueil. Nérine, sa suivante, tente de la raisonner :
Nérine
Votre pays vous hait, votre époux est sans foi :
Dans un si grand revers que vous reste-t-il?
Médée
Moi!
Moi, dis-je, et c'est assez.
Le Moi de Médée représente ce qui reste quand on a tout perdu.
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