Contexte tous les matins du monde
Publié le 06/03/2011
Extrait du document
Contexte historique :
Tous les matins du monde s'inscrit dans la seconde moitié du XVIIème siècle. Ce siècle est marqué par le long règne – 1661-1715 – de Louis XIV qui consacre l'évolution de la monarchie française vers l'absolutisme. Le Roi-Soleil qui n'a pas oublié l'épisode de la Fronde, entend écarter les grands Seigneurs du pouvoir. Pour gouverner, il s'appuie sur son Conseil qu'il étoffe et divise en quatre sections : - affaires étrangères - dépêches - finances - questions judiciaires. Ses principaux collaborateurs sont choisis parmi les membres de la bourgeoisie et de la noblesse de robe qui lui sont dévoués. Ainsi, Colbert devient en 1665 contrôleur général des finances. Dans les Provinces, l'autorité royale est représentée par les intendants qui deviennent fonctionnaires permanents et révocables. La puissance judiciaire se traduit par la multiplication des lettres de cachet par le souverain qui permettent l'emprisonnement arbitraire de tout sujet. L'absolutisme s'étend aussi à la religion. Louis XIV est le lieutenant de dieu sur Terre, il s'oppose à la papauté en soutenant le clergé gallican, il persécute les protestants suite à la révocation de l'édit de Nantes en 1685, mais aussi les jansénistes mis en lumière par la destruction de Port-Royal en 1711. Sous l'égide de Colbert, le roi impose une politique mercantiliste et suscite la création de manufactures. Enfin, il surveille la vie des arts qui sont chargés de célébrer sa grandeur. Il soutient les écrivains tels Molière et Racine et les musiciens, et ce par un mécénat actif.
Le jansénisme est né d'une fausse interprétation de la pensée de saint Augustin, faite par Jansénius, évêque d'Ypres. Le calvinisme avait mis en vogue la doctrine de la prédestination. Tout le monde avait alors l'obsession plus ou moins pressante de la question du salut. D'autre part, on s'intéressait vivement, à cette époque, aux questions de psychologie. Le théâtre de Corneille, de Racine, de Molière, mettait à nu le jeu des passions et avivait la curiosité des choses de l'âme. Jansénius exposa ses idées sur le salut dans un livre, l'Augustinus, qui parut deux ans après sa mort, en 1640. Il prétendait reproduire la pensée de saint Augustin. En réalité, exagérant certaines tendances du docteur, il présentait l'homme comme irrémédiablement vicié par le péché originel. La grâce est cependant donnée à tous les hommes: grâce suffisante à ceux qui commettent des fautes, grâce efficace à ceux qui triomphent de leurs tentations. Dieu ne donne la grâce efficace qu'à ceux qui sont prédestinés. Il s'ensuit deux graves erreurs: 1° la négation du libre arbitre, 2° la négation de la volonté divine de sauver tous les hommes. Cette doctrine, très voisine du calvinisme, fut condamnée par le pape Innocent X (bulle Cum occasione, 31 mai 1653) et par le pape Alexandre VII (bulle Ad sacram, 16 Octobre 1656). Elle s'était répandue assez rapidement chez des religieux et des laïcs, épris d'austérité religieuse. Les jansénistes exigeaient de longues pénitences après l'absolution du péché mortel - et prônaient un amour de Dieu si pur pour recevoir la sainte Eucharistie que la communion devenait presque impossible. Le monastère de religieuses cisterciennes de Port-Royal-des-Champs, dans la vallée de Chevreuse, dont l'abbesse était Angélique Arnaud, avait embrassé le jansénisme avec ardeur. Elle avait transféré sa communauté à Paris, rue Saint-Jacques (1625), laissant Port-Royal-des-Champs aux \"solitaires\", laïcs et prêtres, qui y fondèrent les \"petites écoles\". Ils y menaient une vie de retraite austère, tous jansénistes, - et enseignaient admirablement le latin et le grec. Ils formèrent, parmi d'autres esprits distingués, un brillant élève: Racine. Louis XIV avait quelque raison de se défier des jansénistes. D'abord, leur groupe si fermé, si opiniâtre, lui paraissait un ferment de révolte et de pieuse anarchie. Il a écrit dans ses Mémoires: \"L'Eglise ... était ouvertement menacée d'un schisme par des gens d'autant plus dangereux qu'ils auraient pu être plus utiles, d'un grand mérite, s'ils en eussent été moins persuadés\". Il y avait non seulement des docteurs, mais des évêques jansénistes. Les condamnations romaines en avaient un peu diminué le nombre. Mais Port-Royal restait la forteresse du jansénisme. Louis XIV dispersa les \"solitaires\", les pensionnaires et les novices. La persécution accroissait la force de résistance de ces âmes. Les femmes étaient plus intrépides que les hommes. Voici ce que disait mère Angélique Arnaud, dans son monastère de Paris: \"N'avez-vous point de foi et de quoi vous étonnez-vous? Quoi! les hommes se remuent! Eh bien! ce sont des mouches, en avez-vous peur?... C'est une grâce immense au contraire... Quoi! nous! Que Dieu nous ait jugé dignes de souffrir pour la vérité et pour la justice!...\" On saisit le mélange singulier d'humilité vis-à-vis de Dieu, d'orgueil vis-à-vis des hommes, qui rendait ces âmes presque insaisissables. L'archevêque de Paris, Hardouin de Péréfixe (1664), après de vains efforts pour les ramener, s'écriait: \"Elles sont pures comme des anges, orgueilleuses comme des démons\". Les ordonnances de Louis XIV: dispersion, exil, restaient inopérantes. La communauté s'était reconstituée à Port-Royal-des-Champs. Le roi exaspéré en vint à des mesures excessives. En 1709, il fit expulser les 22 vieilles religieuses qui se trouvaient à Port-Royal (la plus jeune avait 65 ans) par un lieutenant de police aidé de 300 soldats. Il fit raser le couvent et l'on détruisit même le cimetière qui était un lieu de pèlerinage. En 1713, le pape Clément XI lança la fameuse bulle Unigenitus, qui constituait une nouvelle condamnation du jansénisme. Cette hérésie avait la vie dure. Elle jouera encore un rôle au XVIIIème siècle, de concert avec le gallicanisme. c) Définitions Gallicanisme : doctrine de l'Eglise de France qui défend les franchises et les libertés du clergé national par rapport au Saint siège de Rome. Mercantilisme : doctrine économique qui vise à augmenter le stock d'or d'un pays et donc sa richesse en favorisant les exportations et en limitant les importations par un système protectionniste. Contexte littéraire :
Le terme provient du mot portugais barocco, qui désigné, en joaillerie, une perle irrégulière. C'est d'ailleurs aux XVIe et XVIIème siècles le seul sens employé du mot. Le style baroque est caractérisé par la liberté et la diversité des formes, par la profusion des ornements – pour l'art surtout – et par la recherche d'effets spectaculaires. Pierre Corneille est une figure marquante du Baroque. Médée (1635), une de ses premières pièces, met sur scène des actions violentes – le suicide de Jason entre autres – et multiplie les effets spectaculaires permis par les « machines ».
En latin, l'expression classicus scriptor désignait un écrivain de premier ordre, exemplaire, classique, c'est-à-dire consacré par le temps. Au XVIIème siècle, dire qu'un écrivain est classique, cela signifie qu'il est digne d'être enseigné dans les classes. Les préoccupations esthétiques des écrivains classiques sont en grandes parties commandées par le culte de l'honnête homme, être social dont la monarchie tente de régenter la langue - le français-, la religion - le catholicisme-, les goûts, etc. Les figures marquantes de ce mouvement sont René Descartes, Blaise Pascal, Boileau, Racine, Jean de la Fontaine, La Rochefoucauld, Bonnet. Enfin, le classicisme met en avant l'honnêteté, la morale, la vraisemblance, et a pour but d'instruire et de plaire. Contexte culturel :
Les mises en scène fastueuses et animées du Baroque romain – le Bernin, Borromini – donnent au siècle son accent majeur, expression de la Réforme catholique qui veut éblouir, toucher les sens plus que la raison. La « Colonnade » du Louvre témoigne d'une permanence du souci archéologique, tandis qu'avec le Versailles de Louis XIV s'élabore un prototype de magnificence primaire que l'Europe imitera.
La peinture du XVIIe exprime le grand courant baroque sous deux aspects principaux : d'une part, elle contribue à créer un décor grandiose en s'intégrant à l'architecture ; d'autre part, la lumière devient pour les peintres un élément prépondérant, le révélateur des formes.
Avec la période baroque – 1600-1750 -, la musique européenne connait l'une de ses premières grandes ruptures. Apparait l'opéra qui nait véritablement avec l'Orféo de Monteverdi en 1607. La musique baroque est propice à l'expression des émotions individuelles, qui donné lieu à une écriture vocale le plus souvent ornée et tourmentée. L'ère baroque donne également une impulsion décisive à la musique instrumentale qui, à l'exemple de la monodie vocale, développe un jeu soliste virtuose et donne naissance notamment au concerto, à la suite et à la sonate défendus entre autres par Vivaldi, Corelli ou Tartini. Après Froberger et Pachelbel, Bach mènera le baroque à son apogée.
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