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construisent et dessinent, qui portent des ombres et se reflètent dans les eaux, ils leur confèrent à leur tour le rôle d'images, cherchant à voir ces réalités elles-mêmes que seule la pensée peut voir.

Publié le 22/10/2012

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construisent et dessinent, qui portent des ombres et se reflètent dans les eaux, ils leur confèrent à leur tour le rôle d'images, cherchant à voir ces réalités elles-mêmes que seule la pensée peut voir. — G. Tu dis vrai. — S. Telle est la première espèce de l'intelligible dont je parlais : en faisant porter sur elle sa recherche, l'âme est contrainte de faire usage d'hypothèses ; elle ne peut aller au principe, parce qu'elle ne peut s'élever au-dessus des hypothèses et elle traite comme images les objets qui ont eux-mêmes leurs images dans la section inférieure et qui, par comparaison avec ces dernières, se sont vu assigner le rang de réalités évidentes. — G. Je comprends que tu veux parler de la géométrie et des sciences de la même famille. — S. Comprends maintenant ce que j'entends par la deuxième section de l'intelligible. Il s'agit de ce que saisit le seul raisonnement par la faculté dialectique ; il ne transforme pas les hypothèses en principes, il les tient pour ce que sont en réalité des hypothèses : autant de degrés et de points d'appui permettant de se diriger vers le principe universel pour atteindre l'anhypothétique ; ce principe une fois saisi, le raisonnement prend la direction inverse : il descend en s'attachant aux conséquences qui se rattachent à ce principe, jusqu'à ce qu'il parvienne à destination, sans jamais recourir à rien qui soit sensible ; c'est aux seules Idées qu'il recourt, il passe de l'une à l'autre, et c'est à des Idées qu'il aboutit finalement. — G. Je comprends ; pas entièrement, car c'est une tâche énorme que tu me parais définir, mais je comprends pourtant que ton intention est de préciser que la spéculation que la science dialectique fait porter sur l'être et l'intelligible apporte plus de lumière que ce que l'on appelle les sciences, qui traitent les hypothèses comme des principes. Il est vrai que ceux qui pratiquent ces sciences sont contraints de voir les choses elles-mêmes non par les sens, mais par la pensée, mais parce qu'ils les examinent à partir d'hypothèses sans remonter au principe, ils ne te paraissent pas en avoir l'intelli- gence, bien qu'elles soient intelligibles quand elles sont rattachées à leur principe. République VI, 5 1 Oc-5 1 1 d 5. SEULE LA DIALECTIQUE EST SCIENCE VÉRITABLE [GLAUCON-SOCRATE] — G. Dis-nous donc quel est le genre de la faculté dialectique, selon quelles espèces elle se divise et enfin quelles sont ses voies, car ce sont ces voies, semble-t-il, qui devraient nous conduire au point que nous pouvons considérer comme le terme et le but de notre voyage. — S. Mon cher Glaucon, tu ne serais plus capable de suivre, si entier demeure mon propre zèle, et ce n'est plus l'image de ce dont nous parlons que tu verrais, mais sa vérité même, du moins telle qu'elle m'apparaît. Quant à savoir si elle est réellement telle ou non, il ne vaut pas la peine d'en débattre présentement ; mais qu'il y ait quelque chose de tel à voir, il faut le soutenir fermement, n'est-ce pas ? — G. Sans aucun doute. — S. Ne faut-il pas soutenir également que seule la faculté dialectique le dévoilerait à celui qui a pratiqué les disciplines que nous venons de recenser et que c'est impossible autrement ? — G. Il faut soutenir cela également. — S. Voici du moins ce que nul ne contestera : aucune autre méthode n'entreprend de saisir systématiquement l'essence de chaque chose. Tandis que toutes les autres techniques ou bien ont rapport aux opinions et aux désirs des hommes, ou bien se sont toutes constituées soit pour produire et fabriquer, soit pour entretenir les produits naturels et artificiels, il reste celles dont nous avons dit qu'elles saisissent quelque chose de l'être, la géométrie et les techniques qui s'y rattachent : il est visible qu'elles rêvent de l'être et sont incapables de le voir éveillées, tant qu'elles laissent intactes les hypothèses dont elles usent, sans pouvoir en rendre raison. Car si, d'une part, le principe n'est pas connu et si, d'autre part, la conclusion et les médiations sont déduites de ce que l'on ne connaît pas, le moyen de jamais faire d'une cohérence de ce genre une science ? — G. Il n'en est aucun. — S. Ainsi seule la méthode dialectique suit la voie qui mène par le rejet des hypothèses au principe lui-même pour atteindre la certitude, et l'oeil de l'âme qui a vraiment été enfoui dans un grossier bourbier, elle l'entraîne doucement et le conduit vers le haut, faisant des techniques que nous avons recensées les auxiliaires de cette conversion. À plusieurs reprises, cédant à l'usage, nous avons appelé celles-ci des sciences, mais elles exigent une autre dénomination marquant plus de clarté que ne fait celle d'opinion, plus d'obscurité que ne fait celle de science ; il nous est précédemment arrivé de qualifier cette pensée de discursive, mais il me semble que ce n'est pas le moment de disputer des noms quand de si graves questions attendent notre examen. — G. En effet. — S. Il suffit donc, comme nous l'avons déjà fait, d'appeler : science la première section, pensée discursive la seconde, croyance la troisième, imagination la quatrième ; opinion, l'ensemble des deux dernières, intellection, l'ensemble des deux premières ; celles-là portent sur le devenir, celles-ci sur l'être ; ce que l'être est au devenir, l'intellection l'est à l'opinion ; ce que l'intellection est à l'opinion, la science l'est à la croyance et la pensée discursive l'est à l'imagination ; quant aux objets sur lesquels portent l'analogie et la dichotomie de chaque section : l'opinable et l'intelligible, laissons-les de côté pour ne pas nous embarrasser de rapports qui multiplient les précédents. — G. Pour autant que je suis capable de te suivre, je suis d'accord avec toi. — S. Es-tu également d'accord d'appeler dialecticien celui qui saisit la raison de chaque existence, et de dire que quelqu'un a d'autant moins l'intelligence d'une chose qu'il est incapable d'en rendre raison à lui-même et à autrui ? — G.

« 234 PLATON PAR LUI-MÊME gence, bien qu'elles soient intelligibles quand elles sont rattachées à leur principe.

République VI, 510c-5lld 5.

SEUlE l.A DIALECTIQUE EST SCIENCE VÉRITABlE [GI.AUCON-SOCRA TE] -G.

Dis-nous donc quel est le genre de la faculté dialectique, selon quelles espèces elle se divise et enfin quelles sont ses voies, car ce sont ces voies, semble­ t-il, qui devraient nous conduire au point que nous pouvons considérer comme le terme et le but de notre voyage.

- S.

Mon cher Glaucon, tu ne serais plus capable de suivre, si entier demeure mon propre zèle, et ce n'est plus l'image de ce dont nous parlons que tu verrais, mais sa vérité même, du moins telle qu'elle m'apparaît.

Quant à savoir si elle est réellement telle ou non, il ne vaut pas la peine d'en débattre présen­ tement ; mais qu'il y ait quelque chose de tel à voir, il faut le soutenir fermement, n'est-ce pas?- G.

Sans aucun doute.

-S.

Ne faut-il pas soutenir également que seule la faculté dialectique le dévoilerait à celui qui a pratiqué les disciplines que nous venons de recenser et que c'est impossible autrement? - G.

Il faut soutenir cela également.- S.

Voici du moins ce que nul ne contestera: aucune autre méthode n'entre­ prend de saisir systématiquement l'essence de chaque chose.

Tandis que toutes les autres techniques ou bien ont rapport aux opinions et aux désirs des hommes, ou bien se sont toutes constituées soit pour produire et fabriquer, soit pour entretenir les produits naturels et artificiels, il reste celles dont nous avons dit qu'elles saisissent quelque chose de l'être, la géométrie et les techniques qui s'y rattachent : il est visible qu'elles rêvent de l'être et sont incapables de le voir éveillées,. »

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