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Commentaire : Victor Hugo, Notre Dame de Paris, livre VIII, chapitre IV, (1831), « Ecoute. Un jour…Je le crus »

Publié le 12/09/2006

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hugo

La beauté du diable 1. Une beauté lumineuse • Adjectifs : « resplendissante «, « belle «, « splendide «, • lumineuse : « « soleil «, « or «, « métal «, « pétillaient «, « étoiles «, « paillettes «, « scintillaient «, mille étincelles «, « resplendissante figure «, le prénom « Esméralda « signifie émeraude en espagnol, pierre précieuse • Insistance sur le noir : « « ses yeux étaient noirs, « au milieu de sa chevelure noire «, « dans ses nattes noires «, « ses bras souples et bruns « : symbolique trouble et menaçant du noir, contraste avec lumière • Sensualité exprimée par « les pieds « et « la chevelure «, érotisme/sensualité suggérés par les bras : «  ses bras souples et bruns se nouaient et se dénouaient autour de sa taille comme deux écharpes « • Hyperboles : « ce n’était pas un spectacle fait pour des yeux humains «, « une créature si belle que Dieu l’eût préféré à la vierge «, « la forme de son corps était surprenante de beauté « « beauté surhumaine «, Esméralda semble trop « belle « pour exister, « si elle eût existé «, elle est « surhumaine «, intouchable, on ne peut que la regarder, d’où l’importance du regard (C.L), c’est un « spectacle «, un tableau, le cadre étant représenté par la fenêtre par laquelle Frollo voit la scène. 2.Une sorcière Dans le folklore européen, on dénomme sabbat les assemblées nocturnes de sorcières, lesquelles donneraient lieu à des banquets, des cérémonies païennes, voire des orgies. A l’intérieur d’un cercle de pierres, on exécutait une danse rituelle, un flambeau à la main, (représentatif de la naissance de cultes liés à l’observation des astres et leur adoration en tant que divinités). Cette danse, devait sans doute conduire les participants à un état proche de la transe. Un des aspects du sabbat souvent évoqué, tant par la culture populaire que par l’Inquisition, est son caractère sexuel, explosion des sens. D’où le « spectacle « emprunt de sensualité, que nous décrit Frollo, de sa fenêtre il assiste à une danse d’une sorcière lors du sabbat. On y retrouve : • La danse : « une créature dansait « (2x), « au milieu du pavé «, « ses pieds disparaissaient comme les rayons d’une roue qui tournait rapidement «, ( allitération en [r] qui donne un caractère lancinant et aux sons une couleur gutturale) + cercle de danse des sorcières lors du sabbat) • Les sens exacerbés : « entendit «, « j’entends un bruit de tambour et de musique «, « soupirs qui faisaient un bruit de râle et d’arrachement «, « la forme de son corps «, • La nuit et la lumière : « il était midi, un grand soleil « « à son front une couronne d’étoiles «, « comme une nuit d’été «, « quelque chose de lumineux dans la lumière même du soleil «, « le soleil de midi lui faisait des cornes de feu «, on retrouve ici les flammes de l’enfer, c’est la nuit avec des étoiles en plein jour : caractère fantastique de la danse. • La sorcière sa magie et ses attributs : c’est « une créature «, « ce n’était pas une simple fille «, « ce n’était pas un spectacle fait pour les yeux humains «, certaines parties du corps sont personnifiées, voire animalisées «  ses bras souples et bruns se nouaient et se dénouaient autour de sa taille comme deux écharpes « (serpent ?), « la resplendissante figure qui se détachait «, « une chèvre, une bête de sabbat qui me regardait en riant « (Cf. rire du diable) près d’elle et qui « a des cornes de feu «, « piège du démon «, elle viendrait de « l’enfer «. « je sentis que le sort me saisissait « (sortilège dans ce sens là) + nombreuses comparaisons et des métaphores qui font d’elle un être surnaturel : « comme des fils d’or «, « comme les rayons d’une roue «, « comme une nuit d’été «, « comme deux écharpes «, « sa robe semée de paillettes «, 3.Une femme fatale Une femme fatale est une femme désignée par le destin pour entraîner les hommes à leur perte, ici c’est un prêtre la victime du « sort « et en tant qu’homme d’église, il est tenté par le diable, lui qui consacre sa vie à Dieu. Sous la figure d’un ange, se cache la figure du démon qui est là pour le tenter, le déstabiliser et l’entraîner vers la « chute «. • Une danse envoûtante : Elle séduit Frollo en « dans[ant] et lui jette un « sort «. Ses « bras souples se nouaient et dénouaient autour de sa taille comme deux écharpes «, et « ses mouvements [sont] comme des rayons d’une roue qui tournent rapidement « : cette danse est implicitement perçue comme une torture avec l’image de l’étranglement et de la roue, (la torture de la roue est un instrument de supplice au Moyen Age. On attachait par exemple le condamné à une roue chargée de pics acérés et on installait une autre rangée de pics par terre. Ensuite on faisait tourner la roue, et le ventre ou le dos de la personne étaient écorchés) Ange et démon : une femme double ▪ « ange « : « un spectacle pas fait pour des yeux humains «, « Dieu l’eût préférée à la vierge, et l’eût choisi pour sa mère «, « beauté surhumaine « + Caractère lumineux du portrait : « à son front une couronne d’étoiles «, « comme une nuit d’été «, « quelque chose de lumineux dans la lumière même du soleil « : (Cf. tableau religieux avec auréole représentée autour de la tête des saintes, imagerie traditionnelle dans l’iconographie au Moyen Age) ▪ Démon : référence à « l’enfer «, à « Satan «, « C’était un ange ! mais des ténèbres, mais de flammes et non de lumière « ( Cf. figures d’opposition) Un discours troublant 1. Le discours du prêtre • 2 temps : première partie, c’est le spectacle de la danse, il est « surpris, enivré, charmé « puis à partir de l’interjection « hélas « : prise de conscience du prêtre, il est amoureux d’Esméralda, il a peur ; « tant que tout à coup je frissonnai d’épouvante « ( violence renforcée par l’allitération en [t] + passé simple) et se rend compte que le diable est en lui, il est possédé, le regrette, en souffre • Narration qui alterne passé et présent de narration, soulignant la vivacité de l’émotion du spectacle qui s’offre à lui • Narration à la première personne, quelques intrusions du narrateur avec verbes déclaratifs au passé simple : « Ici le prêtre s’arrêta…Il reprit. «, « Le prêtre oppressé… Puis il continua «, + des tirets marques du dialogue, mais c’est en fait un monologue, et il ne s’adresse que de très rares fois à Esméralda qui est « prisonnière « de lui , elle d’ailleurs ne répond pas, la focalisation interne « la prisonnière entendit sortir des soupirs qui faisaient un bruit de râle et d’arrachement « témoigne également de la présence passive de la jeune bohémienne, • l’injonctif : « écoute «, la présence de l’apostrophe « Hélas ! jeune fille c’était toi «, et les pronoms personnels dans les phrases : « je me laissais aller à te regarder «, « je vis près de toi «, « que tu ne vinsses… que tu n’en vinsses « montrent qu’il a sans doute peur d’elle, tout son récit est à la troisième personne, comme si la fille qu’il avait près de lui, n’était pas la sorcière qu’il avait vu « à la fenêtre «. Là aussi , elle est double et troublante pour lui. Elle est inaccessible, et il est seul avec son amour dévorant, aucune communication ne semble possible, deux mondes s’opposent. 2. Le coup de foudre • Coup de foudre, éblouissement : Cf la lumière, et omniprésence du thème du regard et de la soudaineté et de la surprise : Surprise,« surprenante beauté «, « un jour « (2x), « je regarde «, « je vis «, « le voyaient «, « je te regardai «, « sous mes yeux «, « je vis «, il insiste également sur les yeux de la jeune bohémienne (il est bien loin !, « à la fenêtre de sa cellule «, ce n’est donc pas très réaliste, mais c’est une sorcière selon lui !).+ utilisation du passé simple + présent de narration. • Notons qu’Esméralda ne regarde pas Frollo, en revanche Satan par représentation en « chèvre « le « regardait en riant «. Véritable éblouissement, il est aveuglé par ce « spectacle «, d’où l’hyperbole : « quelque chose de lumineux dans la lumière même « et la fin où la lumière devient « feu « et « flamme «, • Violence et soudaineté du coup de foudre : le temps ne semble pas s’écouler, et s’arrête à « midi «, (2X), le connecteur temporel « déjà « montre que la scène est courte et intense. Midi étant l’heure frontière, l’heure où le temps s’arrête, l’heure de la conversion, et de la contemplation, l’heure où il faudra choisir. Notons également le verbe « saisissait «, « fasciné «, il est l’objet de sa vision, et ne peut réagir, il se présente comme une victime passive : « je me laissai aller «, « je sentais que le sort me saisissait « , allitération en [s] imitant le sifflement du serpent, tentateur lors de la chute biblique. 3. Le trouble du prêtre • il y a donc une évolution dans son discours et se rend compte qu’il est pris au piège. Et qu’il est donc tenté par le diable. « je me rappelai les embûches que Satan m’avaient déjà tendues «, ce n’est donc pas la première fois, et à chaque fois il se présente comme une victime et à nouveau il connaît ce trouble. Il essaye de [se] retenir dans  [s]a chute « Dans la tradition chrétienne, la chute désignant, dans la Bible, l'expulsion d'Adam et Ève hors du jardin d'Éden, après qu'ils eurent désobéi à Dieu. Cette faute morale et cette punition ont selon la Bible entraîné tous les malheurs de l'humanité souffrante. Au-delà de la référence biblique, la Chute est, dans le langage moral occidental, une souillure, une déchéance, et désigne une défaillance morale d'une particulière gravité. On assiste vraiment ici à un combat métaphysique, comment ne pas tomber dans le péché. Les propositions « je ne doutais pas «« je le crus «, le montrent (croyance+ doute : motifs religieux) • Exclamations, points de suspension, figures d’opposition de ses réactions: « épouvanté « frissonné «, « oppressé « /  « charmé, surpris, enivré « • Phrases inachevées, avec les points de suspensions : (lignes 1, 5, 26) • Trouble : « quel livre lisais-je donc ? «, « tourbillon dans ma tête « • Oppositions : « qui ne peut venir que du ciel et de l’enfer «, « mais de flammes et non de lumière « « c’était un ange mais des ténèbres «, « que tu vinsses de l’enfer et que tu n’en vinsses «, alternance de négation et d’affirmation, il refuse la réalité et combat contre ses démons. • Le narrateur interrompt deux fois le discours : « ici le prêtre s’arrêta « « le prêtre , oppressé s’arrêta encore un moment «, « soupirs qui faisaient un bruit de râle et d’arrachement «, • « Troublé dans ma rêverie «, « surpris, enivré, charmé «, « demi-fasciné «, « j’essayais de me cramponner à quelques chose et de me retenir dans ma chute «, « je sentis que le sort me saisissais « (fatalité ici, il ne peut rien contre cette « sorcière «), il est sous le charme de cette femme fatale qui l’entraîne dans le pêché, « Alors j’entrevis le piège du démon, et je ne doutais plus que tu vinsses de l’enfer et que tu n’en vinsses pour ma perdition «. Son discours ressemble à une scène d’exorcisme : L'exorcisme étant un rituel religieux destiné à expulser une entité spirituelle maléfique qui se serait emparée d'un être animé (humain ou animal). Ici Frollo fait « sortir de sa poitrine des soupirs qui faisaient un bruit de râle et d’arrachement «. ( allitération en [S], le démon sifflant veut sortir de son corps) • Personnage romantique : rêverie à travers un fenêtre, solitude, amour impossible, victime de la beauté du diable du sort (sortilège/ destin), femme qui ne l’aime pas, dilemme, trouble, souffrance, Moyen Age, intervention du merveilleux, aspect gothique avec l’enfermement d’une jeune fille par un prêtre, aspect ténébreux, terrifiant, héros maudit en marge de la société.

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« ▪ « ange » : « un spectacle pas fait pour des yeux humains », « Dieu l'eût préférée à la vierge, et l'eût choisi pour sa mère »,« beauté surhumaine » + Caractère lumineux du portrait : « à son front une couronne d'étoiles », « comme une nuit d'été »,« quelque chose de lumineux dans la lumière même du soleil » : (Cf.

tableau religieux avec auréole représentée autour de la têtedes saintes, imagerie traditionnelle dans l'iconographie au Moyen Age)▪ Démon : référence à « l'enfer », à « Satan », « C'était un ange ! mais des ténèbres, mais de flammes et non de lumière » ( Cf.figures d'opposition) Un discours troublant 1.

Le discours du prêtre • 2 temps : première partie, c'est le spectacle de la danse, il est « surpris, enivré, charmé » puis à partir de l'interjection « hélas » :prise de conscience du prêtre, il est amoureux d'Esméralda, il a peur ; « tant que tout à coup je frissonnai d'épouvante » (violence renforcée par l'allitération en [t] + passé simple) et se rend compte que le diable est en lui, il est possédé, le regrette, ensouffre• Narration qui alterne passé et présent de narration, soulignant la vivacité de l'émotion du spectacle qui s'offre à lui• Narration à la première personne, quelques intrusions du narrateur avec verbes déclaratifs au passé simple : « Ici le prêtres'arrêta…Il reprit.

», « Le prêtre oppressé… Puis il continua », + des tirets marques du dialogue, mais c'est en fait un monologue,et il ne s'adresse que de très rares fois à Esméralda qui est « prisonnière » de lui , elle d'ailleurs ne répond pas, la focalisationinterne « la prisonnière entendit sortir des soupirs qui faisaient un bruit de râle et d'arrachement » témoigne également de laprésence passive de la jeune bohémienne,• l'injonctif : « écoute », la présence de l'apostrophe « Hélas ! jeune fille c'était toi », et les pronoms personnels dans les phrases :« je me laissais aller à te regarder », « je vis près de toi », « que tu ne vinsses… que tu n'en vinsses » montrent qu'il a sans doutepeur d'elle, tout son récit est à la troisième personne, comme si la fille qu'il avait près de lui, n'était pas la sorcière qu'il avait vu « àla fenêtre ».

Là aussi , elle est double et troublante pour lui.

Elle est inaccessible, et il est seul avec son amour dévorant, aucunecommunication ne semble possible, deux mondes s'opposent. 2.

Le coup de foudre • Coup de foudre, éblouissement : Cf la lumière, et omniprésence du thème du regard et de la soudaineté et de la surprise :Surprise,« surprenante beauté », « un jour » (2x), « je regarde », « je vis », « le voyaient », « je te regardai », « sous mes yeux »,« je vis », il insiste également sur les yeux de la jeune bohémienne (il est bien loin !, « à la fenêtre de sa cellule », ce n'est donc pastrès réaliste, mais c'est une sorcière selon lui !).+ utilisation du passé simple + présent de narration.• Notons qu'Esméralda ne regarde pas Frollo, en revanche Satan par représentation en « chèvre » le « regardait en riant ».Véritable éblouissement, il est aveuglé par ce « spectacle », d'où l'hyperbole : « quelque chose de lumineux dans la lumièremême » et la fin où la lumière devient « feu » et « flamme »,• Violence et soudaineté du coup de foudre : le temps ne semble pas s'écouler, et s'arrête à « midi », (2X), le connecteurtemporel « déjà » montre que la scène est courte et intense.

Midi étant l'heure frontière, l'heure où le temps s'arrête, l'heure de laconversion, et de la contemplation, l'heure où il faudra choisir.

Notons également le verbe « saisissait », « fasciné », il est l'objetde sa vision, et ne peut réagir, il se présente comme une victime passive : « je me laissai aller », « je sentais que le sort mesaisissait » , allitération en [s] imitant le sifflement du serpent, tentateur lors de la chute biblique. 3.

Le trouble du prêtre • il y a donc une évolution dans son discours et se rend compte qu'il est pris au piège.

Et qu'il est donc tenté par le diable.

« je merappelai les embûches que Satan m'avaient déjà tendues », ce n'est donc pas la première fois, et à chaque fois il se présentecomme une victime et à nouveau il connaît ce trouble.

Il essaye de [se] retenir dans [s]a chute » Dans la tradition chrétienne, lachute désignant, dans la Bible, l'expulsion d'Adam et Ève hors du jardin d'Éden, après qu'ils eurent désobéi à Dieu.

Cette fautemorale et cette punition ont selon la Bible entraîné tous les malheurs de l'humanité souffrante.

Au-delà de la référence biblique, laChute est, dans le langage moral occidental, une souillure, une déchéance, et désigne une défaillance morale d'une particulièregravité.

On assiste vraiment ici à un combat métaphysique, comment ne pas tomber dans le péché.

Les propositions « je nedoutais pas »« je le crus », le montrent (croyance+ doute : motifs religieux)• Exclamations, points de suspension, figures d'opposition de ses réactions: « épouvanté » frissonné », « oppressé » / « charmé,surpris, enivré »• Phrases inachevées, avec les points de suspensions : (lignes 1, 5, 26). »

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