“Conscience ! Conscience ! Instinct divin, immortelle et céleste voix ; guide assuré d’un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; juge infaillible du bien et du mal”. Rousseau souligne que la spécificité de l’être humain réside en sa conscience, sans laquelle il est limité à sa nature ignorante et bornée. C’est cette conscience qui proviendrait de Dieu, qui éclaire l’homme sur le bien, le mal. La conscience est donc présentée comme indispensable pour faire des choix conscients et responsables. En effet, la conscience de soi peut être définie comme le savoir immédiat : elle permet à l’homme de posséder et de connaître ses pensées, ses sentiments et ses actes. Alain (1868-1951), dans les Vigiles de l’Esprit, cherche à démontrer qu’une prise de conscience exige un recueillement en soi même. La conscience de soi nécessite donc une séparation de soi d’avec soi. D’après lui, l’homme perd son “Moi”, partie consciente pour Freud, face à ses actions intuitives et immédiates, actions régies par l’impulsion. Ainsi, seul l’homme qui s’interroge sur “ce qu’il fait” ou “ce qu’il a fait” est un sujet conscient. Nous analyserons dans un premier temps comment le refus du doute empêche la conscience de soi. C’est ensuite à travers l’exemple des passionnés qu’Alain introduit la notion d’être-pour-soi. Nous verrons donc comment l’absence de réflexion sur soi-même empêche l’être-pour-soi et en quoi la réflexion est propre au conscient. Si la conscience nécessite un effort qui consiste à faire un retour sur soi-même, l’homme est-il toujours responsable de ses actes? Nous aborderons alors l’hypothèse cartésienne qui annonce que la conscience agirait en continu ainsi que l’inconscient freudien et la conception de la conscience selon Kant. Dans une première partie, nous verrons comment l’absence de questionnement fait d’un homme un inconscient. En effet, de la première phrase aux propositions affirmatives entre guillemets, “je sais ce que je sais ; je sais ce que je désire ; ce sait ce que je veux”, Alain définit ce qu’est un inconscient. Cette définition est introduite d’emblée à l’aide d’une interrogation dont déroule l’explication. Pour ce dernier, le rejet du doute est caractéristique de l’inconscient : celui-ci “ne se pose pas de question”. A contrario un homme conscient est déterminé par sa volonté à s’interroger. C’est l’idée qu’avance Descartes à travers le doute cartésien. C’est par le biais de l’acte par lequel on remet en question la valeur de vérité de ses opinions que l’homme est capable de reconstruire un savoir qu’il est certain d’être véridique. Et cela passe par la mise à l’épreuve de ses connaissances, c’est-à-dire la remise en question. Il est donc nécessaire de douter pour être en connaissance de cause. Selon Alain, il est indispensable de s’interroger pour être conscient et c’est cela qui échappe à l’inconscient. Cette idée est appuyée à l’aide de la répétition de la proposition négative. On observe en effet une forte présence de la négation dans cette première partie qui souligne l’absence de réflexion de l’inconscient. Par ailleurs, l’auteur insiste sur le fait que l’absence de questionnement d’un inconscient est liée à une contrainte de temps. Un inconscient “n’en a pas le temps” et “n’a pas non plus occasion” d’appliquer sa conscience réflexive. Un inconscient est montré comme celui qui ne réfléchit pas, qui refuse toute forme de doute, qui “agit avec sûreté”. Cette certitude acquise de l’inconscient le met au même niveau qu’un ignorant : il prend cette certitude comme une dispense de tout effort de réflexion. C’est de plus, un être qui agit avec précipitation : il ne prend le temps d’examiner ses actions, il agit alors “avec vitesse”. Homme d’action, l’inconscient semble agir de manière instinctive : celle-ci s’oppose à la manière réfléchie et donc consciente d’agir. L’homme inconscient serait alors rabaissé au statut d’animal qui agit sans moindre réflexion et se limite à la temporalité du présent. D’après Antonio Damasio, neurologue américain, l’inconscient ne bénéficierait que d’une conscience noyau, c’est-à-dire, une conscience immédiate. Celui qui ne possède qu’une conscience noyau est présent au monde à cet instant à cet endroit uniquement ; il ne vit qu’au présent, ni avant, ni après. C’est ce qui posé par Alain. En addition, dans une seconde phrase, Alain affirme que l’inconscient est mené par le Ça. D’après Kant, le Ça serait une instance inconsciente, réservoir de pulsions animales et désirs intrinsèques qui pousserait l’être humain à combler ses désirs. L’homme qui suit son impulsion sans s’interroger sur soi-même perd alors son “Moi”. En effet, un être qui ne consacre de temps à la réflexion, ne prend donc aucun recul par rapport à ses actions. Il s’agit alors d’un être vivant dans l’instant présent. Les moteurs de ses actions sont “son désir” et “son impulsion”, mais sans examens moral et contemplatif, ce dernier se méconnait. L’emploi du terme ‘désir’ laisse entendre un manque dont souffre l’être en question. Celui-ci serait amené à tenter de combler ce manque. Or, il est connu qu’agir sous l’effet de ses pulsions empêche toute réflexion lucide : ce sont les désirs primitifs qui régissent l’être. L’homme inconscient peut, en conséquences, devenir sujet de ses pulsions, incapable de les comprendre et donc de les contrôler. Il semble donc contrôlé par une force qui le dépasse. C’est à partir de l’exemple du personnage mythique Ulysse, qu’Alain affirme que la conscience de soi requiert la capacité “de parler à son propre coeur”. En effet, les péripéties d’Homères décrivent Ulysse dans une longue quête dont Ithaque est la destination finale. Après la guerre de Troie, Ulysse essaye désespérément de rentrer chez soi. Ses périples peuvent être une métaphore pour la quête de soi-même. Ainsi, à travers l’emprisonnement par la nymphe Calypso, il est fortement encouragé à remettre en question l’amour pour sa femme. Vaut-il plus que l’immortalité ? C’est ce questionnement qui lui permet de réaliser l’amour profond et incessant qu’il éprouve pour sa femme. C’est à l’aide de cette introspection qu’il est capable de refuser les avances de la nymphe Calypso et la possibilité d’immortalité, ce dont tout homme désir. Selon cette interprétation, l’arrivée d’Ulysse sur l'île d’Ithaque serait la prise de conscience globale de soi-même. Ulysse a été capable de prendre conscience car il a su parler à son coeur ; l’inconscient en est incapable. Par la suite, un inconscient est défini comme celui qui se dispense d’examen “moral” et “contemplatif”. Or, si un homme agit sans examen moral, il agit sans s’interroger sur la nature de ses actes, sur le bien ou mal fondé de ses actions. En outre, sans examen contemplatif, sans méditation sur soi-même l’homme ne se connait pas. En effet, seule cette réflexion sur soi permet à un individu de dire : “je sais ce que je sais ; je sais ce que je désire ; je sais ce que je veux”. Par conséquent, l’homme inconscient ne sait ce qu’il sait, désire ou veut. Sans réflexion, celui-ci est incapable de savoir ce qui le pousse à agir et ce qu’il aime donc il se méconnait car il ne sait pas et se comprend pas. En conséquence, l’être qui ne s’interroge pas, par définition l’être inconscient, “n’a point non plus occasion [...] ni de dire Moi, ni de penser Moi”. Il ne s’agit donc plus d’un sujet, mais d’un objet. Il est incapable de se comprendre. L’inconscient ne semble pas maître de lui-même, il “ne sait plus ce qu’il fait”. C’est ce que nous aborderons dans la troisième partie. Dans une seconde partie, nous analyserons pourquoi l’être-pour-soi échappe aux passionnés et pourquoi être-en-soi est “rare” pour l’homme. Cette partie s’étend de la thèse de l’auteur qui lit : “pour prendre conscience, il faut se diviser soi-même”, jusqu’à la dernière phrase de l’extrait. Suite à la définition de l’être inconscient, Alain laisse entendre l’effort que requiert une prise de conscience : un questionnement et des examens de soi, mais dans cette partie, il cite explicitement ce qui est indispensable à une prise de conscience : “il faut de se diviser soi-même”. Le verbe falloir indique qu’un recueillement sur soi est une nécessité à une prise de conscience. Un sujet est conscient s’il est en capacité de se prendre comme sujet et objet. En s’observant comme objet, l’individu peut réellement apporter un jugement sur soi-même. L’être humain conscient pense et est pensé par soi-même. Il se distingue ainsi des animaux qui sont inaptes à se distancier d’eux et de leurs actions, leur intelligence étant irrémédiablement lié à une perception directe. Les animaux sont donc en eux. Seule la division de soi-même permet l’être-pour-soi. Néanmoins, pour Alain, ceci s’avère impossible pour les passionnés dans le paroxysme : “ils sont tout entiers à ce qu’ils font ou à ce qu’ils disent”. L’utilisation de l’adverbe appuie l’opposition entre les êtres conscients et les passionnés car ces derniers ne se divisent pas eux-même, ils sont “tout entiers”. Au point où ils ne peuvent être-pour-eux. L’être-pour-soi est une façon d’exister des êtres conscients car ils sont capables de s’analyser grâce à la réflexion. La passion est donc considérée immorale: elle nuit à la conscience de soi de l’individu et empêche par conséquent tout examen moral. De cette sorte, Alain oppose la conscience, qui est ici synonyme de raison, à la passion: cette dernière tend à rendre aveugle les êtres. De manière similaire, Kant écrit, “L’émotion est comme une eau qui rompt la digue, la passion comme un torrent qui se creuse un lit de plus en plus profond”. La passion est donc un état qui est suffisamment puissant pour dominer la raison momentanément. C’est cette puissance qui explique l’existence de crimes passionnels, par exemple, leur capacité de réflexion ; ils sont consumés par leur passion. Prenons l’exemple de Maxime. Maxime adore dessiner. Lorsqu’il en a l’occasion, il est capable de se livrer entièrement à sa passion, mais pendant ce temps, il est incapable d’expliquer les raisons qui le poussent à dessiner, autre que son envie. Il ne sait même pas pourquoi il aime dessiner, et lorsqu’il est en activité, il oublie le contrôle de philosophie et néglige les conséquences de son activité, qui entre autre, inclut une perte de temps qui aurait pu être consacré aux révisions. La passion, à son apogée, empêche la conscience du passionné. Néanmoins, d’après Alain, un individu qui se livre ’tout entier’ à sa passion et qui cela étant n’est pas point pour lui-même est “rare”. En effet, les passionnés sont en eux “dans le paroxysme” de leur passion. L’individu est qu'occasionnellement esclave de ses pulsions. En effet, “il reste des éclairs de penser à ce [que l’homme] dit ou ce qu’il a fait”, celui-ci est donc apte de réflexion que ce soit volontaire ou non, bien que la locution impersonnelle pousse à penser qu’il s’agit d’une action involontaire. Mais cette réflexion existe à condition qu’un homme fasse preuve de “bon sens”. Or, comme le bon sens est considéré comme une caractéristique de l’homme, ce dernier est donc par nature capable de penser. La conscience de soi est de ce fait à la portée de tout homme. Cependant, l’emploi du terme “éclairs” apporte une nuance à ce propos : cette capacité primitive ne semble être que momentanée. Ensuite, la notion ‘penser’ est approfondie. Penser à ses actions et paroles est rapporté à la méfiance de soi et l’acte de “guetter de soi l’erreur ou la faute”. Seule cette vigilance par rapport à soi-même protège l’individu de lui-même, s’il est sur ses gardes par rapport à ses actions ou paroles futures, il sera moins susceptible de commettre une “erreur” qui relève d’un mauvais jugement et de ce fait d’un acte involontaire ou une “faute” qui elle peut relever d’une intention. Si l’homme se méfie de soi comme il se méfie d’un ennemi, il sera moins susceptible de commettre une erreur ou une faute. Ces deux faux pas peuvent donc être évités, selon l’auteur, par la simple attitude de l’individu d’être sur ses gardes, d’être conscient. La conscience est anticipation, elle permet à un individu de se représenter son futur afin de faire des choix réfléchis. De plus, Alain met les termes “penser” et “peser” sur un même niveau à l’aide de leur étymologie. Méditer attentivement, peser le pour et le contre, juger actes et paroles sont alors liés à une conscience réflexive. Enfin, l’auteur conclut par annoncer qu’une décision prise “sans scrupule” et “sans hésitation” est une action menée par notre impulsion et non par la raison. Être conscient dépend donc d’une prise de conscience des contraintes du monde extérieur, des attendus, de nos désirs… En conséquences, celui qui se laisse simplement porter “ne sait plus ce qu’il a fait, et ne saura jamais ce qu’il a fait”. La compréhension de ses actions et paroles nécessite un effort. Or, cette compréhension est nécessaire pour la conscience de soi. Pour Bergson, la conscience suppose la présence d’une mémoire car sans souvenirs il n’existe de conscience. D’après Damasio, la mémoire est fondamentale pour la conscience étendue. Cette dernière permet de se souvenir et d’avoir une identité qui s’inscrit dans le présent avec une connaissance de son vécu qui lui permet d’anticiper son futur. Alain aborde cette idée dans l’autre sens : d’après lui, l’inconscient ne peut avoir de mémoire car seule une prise de conscience permet cette dernière. Le souvenir n’existe pas chez l’individu inconscient car celui-ci n’effectue aucun examen. C’est la conscience qui unit les souvenirs ce que l’auteur qualifient de “points clairs” d’un individu jusqu’à dans le présent. Tout compte fait, bien que la prise de conscience exige une division de soi, la nature humaine permet en toute circonstance un conscience réflexive sous forme “d’éclairs”. Ergo, l’homme est toujours en capacité d’analyser n’est-ce que brièvement, ses actions et paroles au moment même. Nous nous interrogeons maintenant à la mesure jusqu’à laquelle l’homme peut être tenu responsable de ses actes. Précisément dans le cas où la conscience nécessite un effort qui consiste à faire un retour sur soi-même comme le présente l’auteur. Dans l’étude de la conscience, trois grands philosophes s’opposent : Descartes, Freud, Kant. C’est à partir de ces points de vues que nous remettrons en question celui de l’auteur. Si seule la conscience rend l’homme présent à lui-même et de ce fait ce qui vise à le rendre pleinement responsable de ses actions, qu’en est-il pour l’inconscient ? La conscience n’est pas pure transparence à soi : les motifs qui poussent un individu à agir lui échappe généralement. C’est ce qui ouvre l’hypothèse de l’inconscient freudien selon laquelle il existe une partie de l’être caché à celui-ci qui le déterminerait à son issu. De là, le sujet se trouve dépossédé de sa souveraineté. Or, celui qui n’est pas maitre de lui-même peut-il est tenu responsable de ses actes? Dans le texte, l’être inconscient est défini comme l’être régi par l’impulsivité de ses désirs sans prendre le temps d’examiner les causes qui le poussent à agir. Ici, l’inconscient est présenté comme simple absence de conscience d’un être. L’inconscient est celui qui agit inconsciemment, celui qui agit sans savoir ou comprendre pourquoi. Pour Alain, l’inconscient est un être excluant toute étude sur lui-même qui ne s’interroge pas sur les causes ou les conséquences de ses actions, il vit dans le moment présent. Inconscient, un homme ne saura jamais prendre conscience de son rapport au monde extérieur et son rapport à lui-même. L’inconscient comme l’entend Alain est donc, tout d’abord, à distinguer de la théorie freudienne de l’inconscient qui pose celui-ci comme une partie cachée du sujet pour le sujet-même. En effet, l’inconscient freudien a longtemps et est toujours fortement contesté pour des raisons morales. La critique majeure porte sur la dangerosité de l’hypothèse qui déresponsabilise, entièrement ou en partie, l’individu. Alain souligne les dangers éthiques de cette théorie qui présente l’inconscient comme “une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller”. Cet autre Moi agirait en effet en moi malgré moi, qui commanderait passions, peurs, etc qui échappent à ma conscience. Celle-ci remettrait en cause la présence d’un libre arbitre. Similairement, Sartre rejette l’idée que l’inconscient régisse l’individu et qu’il soit le maître de nos actes et paroles. Il va jusqu’à qualifier la fuite de responsabilité de nos actions en nous cachant derrière notre inconscient, de la mauvaise foi. Pour lui, l’inconscient freudien permet à un individu de nier sa liberté qui peut ainsi échapper à la responsabilité de ses actes. C’est pourquoi, l’inconscient freudien est fortement critiqué : il ôte la responsabilité à un individu sous le prétexte qu’il n’est pas maître de lui-même. Ensuite, nous nous attarderons sur la conscience selon Kant car celle-ci semble se rapprocher le plus du point de vue de l’auteur. Pour Kant, être conscient exige un effort qui consisterait à faire un retour sur soi-même. Cette théorie soulève un problème similaire à celui de l’hypothèse freudienne. En effet, le problème que pose le texte est qu’un homme semble pouvoir se passer de conscience. D’après Alain, l’inconscient ne sait pas ce qu’il fait. L’inconscient n’est capable ni de mémoire ni d’anticipation. Il ne peut, en conséquence, pas revenir sur ses actions et paroles passées pour les analyser. Par conséquent, il ne peut se projeter dans un futur. Il ne peut pas faire des choix ‘conscients’ en fonction des différentes issues et conséquences de ceux-ci. L’homme n’est pas pour lui et par conséquent ce n’est plus un sujet mais un objet comme s’il ce n’était pas lui qui agissait. Sans conscience, l’individu peut prétendre à l’innocence d’un animal ou d’un enfant. Auquel cas, il est exempté de toute responsabilité. Néanmoins Alain veille à nuancer son propos en exposant que la pensée repose dans la nature humaine si bien qu’il tient l’homme comme responsable de ses actes. Pour l’auteur, c’est notre nature humaine qui permet de nous affirmer responsables. Enfin, il est important de faire la différence entre la conscience d’après Alain et celle comme entendue selon Descartes. En effet, Descartes envisage la conscience comme une substance pensante qui agirait en continu. Pour Descartes, la pensée, toujours consciente d’elle-même, permet à un individu d’être conscient de ses actes, c’est-à-dire connaître leur origine comme les éventuelles conséquences. Selon lui, il est impensable de pouvoir penser ou faire quelque chose sans le savoir. Ainsi, si l’homme est toujours en capacité de réfléchir, de penser, de peser, il ne peut prétendre fuire la responsabilité de ses actions. Seul l’homme est responsable pour ses choix. En conclusion, l’inconscient est-il exempté de toute responsabilité de ses choix? Cela dépend de la conception de l’inconscient. Kant, Alain et Descartes veillent à prendre en compte la responsabilité de l’individu lorsqu’ils définissent la conscience et a contrario, l’inconscient. C’est ce qui explique que leurs points de vue sont moins critiqués que celui de Freud. En somme, l’homme est caractérisé par sa conscience, c’est ce qui fait sa supériorité par rapport à tous les autres êtres. Alain définit dans les Vigiles de l’Esprit un être inconscient. C’est à travers la définition qu’il propose qu’il détermine a contrario ce qu’est l’homme conscient. Il lie conscience réflexive à la conscience de soi. Il fait ensuite un pas en avant en affirmant l’effort que nécessite une prise de conscience : se diviser soi-même. Grâce à l’exemple des passionnés, Alain avance un propos : l’être-en-soi pour un homme est “rare”. Notre nature humaine nous tient à l’obligation de penser. Seule une action consciente est une action qui m’appartient vraiment. Ce point de vue peut être critiqué car il exempterait un inconscient, c’est-à-dire un homme qui ne fournit pas d’effort de réflexion sur lui-même, de toute responsabilité. C’est le cas de l’inconscient freudien. Néanmoins, Alain s’en distingue. Pour lui, que ce soit volontaire ou non, l’homme est capable de réflexion. Ainsi, l’homme peut être tenu responsable de ses actes, contrairement à l’inconscient selon l’hypothèse freudienne.