Commentaire - Méditation Grisâtre - Jules Laforgue
Publié le 12/09/2006
Extrait du document
Laforgue a tout d’un poète maudit dont sa vie courte et intense commence à Montevideo en 1860 et finit à 27 ans à cause d’une phtisie. Il aura par contre le temps de publier plusieurs travaux, et notamment des recueils de poésie dont le plus célèbre reste Complaintes, publié à l’âge de 25 ans en 1885. Il fréquenta d’abord le poète Charles Cros et les milieux « décadentistes «, avant de partir en Allemagne.
Le poème intitulé « Méditation grisâtre «, écrit en 1880, est un sonnet avec rime ABBA qui décrit un Océan déchaîné à travers les yeux d’un poète isolé et perdu sur un îlot face (ou au milieu) de l’Océan. Nous allons nous demander, alors, comment la description que le poète fait de la Mer reflète sa « méditation «.
Nous verrons ainsi dans une première partie la description du paysage marins ; puis, dans une seconde partie, dans quelle mesure la description de l’Océan pourrais être une mise en abyme des sentiments du poète ; enfin, dans une dernière partie, l’héritage romantique qui apparaît clairement dans ce sonnet...
Nous allons donc analyser dans un premier lieu l’évocation du paysage marin et sa description.
Dès la première strophe, dans le deuxième vers, l’océan est évoqué et personnifié : « Devant l’Océan blême « (vers 2) Il faut aussi remarquer que le mot « océan « commence par une majuscule ce qui nous renvoi à l’écriture des noms propres ; on peut donc supposer que l’écrivain veut lui donner une importance majeur a cet élément primordial du poème.
Dans la deuxième strophe, l’océan est évoqué implicitement à travers les vagues qui sont elles mêmes personnifiés : «Crinière échevelée ainsi que des cavales, / Les vagues se tordant arrivent au galop « (vers 5 et 6). A travers ces métaphores et « ces animalisations « l’auteur évoque l’agitation de l’océan et du paysage ; il présente une nature sauvage, et « brutale «, voir violente.
De plus le ciel est aussi évoqué, les expressions « partout «, « grand ciel gris « (vers 9), « Sans borne, sans borne « (vers 13) nous rendent à l’idée d’immensité et d’infinie.
Aussi le réseaux lexical du gris, déjà présent dans le titre (« grisâtre «,) s’établit au long du poème : « l’Océan blême « (vers 2), « ciel pluvieux «, « noyé de brumes sales « (vers 1), « ciel gris «, « le brouillard « (vers 9), et aide de même à recréer une atmosphère pesante.
En plus, le poème est construit qu’avec quatre phrases, composées de plusieurs enchambements : « …arrivent au galop Et croulent à mes pieds… «(vers 6 et 7), « …avec de long sanglots Qu’emporte la tourmente… « (Vers 7 et 8), et « et solitaire, morne, Je reste là,… « (Vers 11 et 12).
Cette continuité est au service de la lourdeur, la fatigue et l’accablement du poème.
L’adynamie et l’agitation qui sont présent dans le paysage vont plonger le poète dans une profonde « méditation «.
Dès le titre cette idée de « méditation « est évoquée. Le poète se présente au long du poème comme un être pensant. Qui se trouve « noyé « (vers 1) dans ces pensées, dans ces « brumes sales «.
Le poète pour atteindre sa méditation doit s’éloigner des hommes. Son isolement se présente à travers les expressions : « seul «, « loin de tout « (vers 3), « solitaire « (vers 11), « plus d’humains « (vers 11).
Et c’est comme ça qu’il pourra être en contact avec cette nature sauvage, cette mer agité qui le noie, qui résulte un parallélisme avec lui-même, avec son être intérieur, avec son « ciel pluvieux «, avec ses sentiment les plus profonds, qui se manifestent analogiquement à travers la mer. Dès le titre cette dualité est présenté : le mot « méditation «, désignant les pensées du poète, est associé au mot « grisâtre « qui fait référence à la marine que l´écrivain fait.
La description du paysage marin est donc le reflet de son paysage intérieur, paysage qui résulte très tourmenté, et agité. En outre, le réseaux lexical de la douleur et la destruction est présent dans le poème: « noyé « (vers 1), « hurlant « et « mourantes rafales « (vers 4), « Et croulent à mes pieds avec de long sanglots « (vers 7), « haleines brutales « (vers 8), « morne «(vers 11).
Cette souffrance exprimé par le poète est associés aux expressions « Sous le ciel pluvieux «, « noyé « (vers 1), « partout « (vers 9), « Rien que… « (vers 10), qui évoquent l’idée d’oppression et d’accablement. C'est-à-dire que cette douleur, cette mer de souffrances poursuit et opprime le poète.
Mais le poème constitue une réflexion qui va au delà de son être, de sa propre tristesse. En revanche, le poète propose une réflexion métaphysique sur le monde.
Le poème présente l´homme comme un être « noyé « par une nature qui le dépasse. Les expressions désignant la nature : « Sous le ciel « (v.1), « Les vagues (…) arrivent au galop « (v. 6) « Partout le grand ciel «(v. 9), « l´affolement des vents « (vers 10) nous montrent une force puissante qui s´oppose à l´image de l´homme qui est présenté : « perdu «(v. 12), « morne «(v.11), « plus d´humain «(v. 11).
Le vers deux est très clair dans ce sens : l´homme se trouve « assis sur un îlot «, ce qui suppose qu´il est entouré, piégé par « l´Océan «.
De plus, le sonnet contient une vision pessimiste.
En premier lieu le manque de couleurs et la présence du gris du poème nous transmet ce malaise. Un malaise qui est accompagné par un désespoir de la par des hommes qui restent « noyé(s) « (vers 1), « perdu(s) « (v.12), loin de ses « horizon(s) «, loin de connaître son but dans la vie.
En outre, les hommes semblent être encrés dans l’éternité et dans l’infini : « plus d’heures « (v.11), « partout « (v. 9), cette idée est présente dans les deux derniers vers surtout : « Et songe que l’espace est sans borne, sans borne « l’anaphore de l’expression « sans borne « renforce l’idée du manque de frontières, de limites, qui est accompagné du dernier vers, à travers un parallélisme : « Et que le temps n’aura jamais … jamais de fin. «.
L’utilisation des anaphores dans les derniers vers renvoie à l’idée d’infini dans le temps et dans l’espace, semblable à la spatialité de l’océan.
On voit aussi la répétition du verbe « songe «, qui aide de même à recréer une sensation de rêve, et ainsi une atmosphère irréelle, onirique.
Ceci révèle un autre sens du poème : Les frontières du temps et de l’espace, les limites de la réalité et du fantastique, du réel et du rêve restent flou ; le temps, l’existence ne sont qu’une illusion…
En guise de conclusion, on peut remarquer que le poème évoque un paysage marin obscure et brutal, qui, à travers des personnifications et des analogies, nous montre l’animalité de l’océan.
Par contre, cette description du paysage qui semble s’opposé complètement à l’état d’âme du poète, est en réalité le reflet de sa « méditation grisâtre «. Une méditation solitaire, qui dépasse sa propre personne, mais qui en revanche établit une réflexion profonde sur l’existence, le temps et les frontières du rêve et du réel. Ceci nous permet de remarquer un parallélisme évident avec le romantisme, et on peut en déduire que ce courant artistique a exercé une influence majeure sur Laforgue.
Pour finir ce poème peut être comparé à Sinfonia en gris mayor, de l’écrivain uruguayen, Ruben Dario, qui évoque de même un paysage marins flou, avec une présence importante du gris.
Aussi, on peut faire une analogie avec le tableau romantique : Le voyageur au-dessus de la mer de nuages, de Caspar David Friedrich, qui nous présente aussi, une atmosphère onirique : un homme debout sur une sorte de îlot, entouré d’une mer de nuages.
«
De plus, le sonnet contient une vision pessimiste.En premier lieu le manque de couleurs et la présence du gris du poème nous transmet ce malaise.
Un malaise qui est accompagnépar un désespoir de la par des hommes qui restent « noyé(s) » (vers 1), « perdu(s) » (v.12), loin de ses « horizon(s) », loin deconnaître son but dans la vie.En outre, les hommes semblent être encrés dans l'éternité et dans l'infini : « plus d'heures » (v.11), « partout » (v.
9), cette idée estprésente dans les deux derniers vers surtout : « Et songe que l'espace est sans borne, sans borne » l'anaphore de l'expression« sans borne » renforce l'idée du manque de frontières, de limites, qui est accompagné du dernier vers, à travers un parallélisme :« Et que le temps n'aura jamais … jamais de fin.
».L'utilisation des anaphores dans les derniers vers renvoie à l'idée d'infini dans le temps et dans l'espace, semblable à la spatialitéde l'océan.On voit aussi la répétition du verbe « songe », qui aide de même à recréer une sensation de rêve, et ainsi une atmosphère irréelle,onirique.Ceci révèle un autre sens du poème : Les frontières du temps et de l'espace, les limites de la réalité et du fantastique, du réel et durêve restent flou ; le temps, l'existence ne sont qu'une illusion…
En guise de conclusion, on peut remarquer que le poème évoque un paysage marin obscure et brutal, qui, à travers despersonnifications et des analogies, nous montre l'animalité de l'océan.Par contre, cette description du paysage qui semble s'opposé complètement à l'état d'âme du poète, est en réalité le reflet de sa« méditation grisâtre ».
Une méditation solitaire, qui dépasse sa propre personne, mais qui en revanche établit une réflexionprofonde sur l'existence, le temps et les frontières du rêve et du réel.
Ceci nous permet de remarquer un parallélisme évident avecle romantisme, et on peut en déduire que ce courant artistique a exercé une influence majeure sur Laforgue.Pour finir ce poème peut être comparé à Sinfonia en gris mayor, de l'écrivain uruguayen, Ruben Dario, qui évoque de même unpaysage marins flou, avec une présence importante du gris.Aussi, on peut faire une analogie avec le tableau romantique : Le voyageur au-dessus de la mer de nuages, de Caspar DavidFriedrich, qui nous présente aussi, une atmosphère onirique : un homme debout sur une sorte de îlot, entouré d'une mer denuages..
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