commentaire Marivaux L’île des esclaves: Dans quelle mesure cette œuvre vous semble représentative des Lumières ?
Publié le 27/02/2008
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Sujet : Dans quelle mesure cette œuvre vous semble représentative des Lumières ?
L’oeuvre que nous allons étudier est une pièce de Marivaux. En effet, c’est une comédie philosophique créée en mars 1725. Elle est constituée de onze scènes, écrites en un acte et en prose.
Cette pièce met en scène deux nobles grecs, Iphicrate et Euphrosine, qui échouent sur une île appelée « L’île des esclaves ». Chacun de ces nobles est accompagné de son valet mais les lois de l’île obligent les maîtres à échanger noms et rang social avec leur valet. C’est alors que les ex-exclaves profitent de la situation pour dénoncer les crimes et ridiculiser leurs maîtres. Finalement, tous se réconcillient, chacun récupère son rang social et les quatres personnages assagis rentrent à Athènes.
A travers cette pièce de Marivaux, on peut étudier l’argumentation, la délibération mais ce qui nous interesse le plus ici c’est l’atmosphère moraliste,propre aux Lumières naissantes.
Tout d’abord, on peut commencer par dire que « Liberté, Egalité, Fraternité » sont des principes fondamentales des Lumières. En effet, Marivaux met en scène des maîtres qui traîtent leurs valets comme des esclaves et cela horripile les philosophes notamment Voltaire qui le fait savoir, par exemple, dans sa pièce Candide. « L’île des esclaves » est aussi une façon, pour Marivaux,de dire qu’il faut ouvrir notre cœur et notre raison et rétablir l’harmonie entre les êtres. La quête de « L’île des esclaves » est une quête de fraternité. Il s’y greffe une réflexion morale et sociale sur un trait des mœurs contemporaines : l’autorité absolue des maîtres sur leurs domestiques est-elle légitime ? A quelles conditions l’état de valet est-il supportable ? Que peut-il se passer si, autrement que par jeu et par artifice, maître et valet troquent leurs conditions ? Il s’agit d’une idéologie des Lumières : avec Marivaux on comprend notre individualité sans oublier que nous sommes qu’un être parmi les humains.
Pour nous mettre dans le contexte historique de la pièce, il faut souligner le fait que à cette époque le pouvoir est entre les mains de Philippe d’Orléans. Et, aux yeux du peuple et surtout des Lumières le Régent n’est ni plus ni moins qu’un fétard qui mène petit à petit à la faillite du royaume ; c’est à ce moment là que les disparitées sociales sont plus évidentes que jamais, les auteurs comme Mariaux dans sa pièce « L’île des esclaves » fait allusion à ce que nous appelons aujourd’hui « l’ascenseur social » et aux évènements politiques du jour. Les sujets cessent peu à peu d’être tirés de l’Antiquité et de la Bible pour faire place au monde contemporain. On peut ajouter que ce théâtre est maintenant apte à représenter des idées et non plus que de la pure poésie : ce principe est très utilisé par les Lumières notamment à travers L’Encyclopédie.
De plus, si on se remémore le cadre de la pièce on peut préciser que la situation est localisée dans une Grèce ancienne, sans autre précision, et fantaisiste, sans autre coloration historique que la mention d’Athènes et surtout la pratique de l’esclavage. Mais cet élément est capital, puisqu’il suggère aux lecteurs l’équivalence entre la condition des domestiques au XVIII ème siècle et celle des esclaves dans l’Athènes antique. C’est sur un île qu’échouent Iphicrate et ses compagnons et qu’ils découvrent une forme de société où les rapports maîtres-valets sont dénoncés pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils paraissent être.
Effectivement, l’issue heureuse n’empêche pas d’apercevoir la dure réalité de la condition domestique. Réduits aux coups, aux injures, à l’obéissance docile et au silence ; les valets qui n’ont même pas le droit à un nom, n’ont que le droit de servir le maître à sa fantaisie. La rééducation des maîtres- ce « cours d’humanité »- est conduite selon la règle humiliante de « la carotte et du bâton » ; on ne leur fera grâce qu’après avoir entendu l’aveu de leur ridicule.
Par ailleurs, Marivaux laisse de côté ses talents d’auteur de pièce d’amour pour faire place à une figure digne des Lumières c'est-à-dire sérieuse, humaniste, philosophique. Il choisit de présenter sur une scène un débat d’idées et son personnage Trivelin lui permet d’illustrer ses principes. De plus, la connaissance est un droit auquel les philosophes des Lumières voudraient que le peuple y accède et c’est toujours par les discours de Trivelin que Marivaux facilite l’explication pédagogique.
De plus,les Lumières souhaitent le bonheur de l’homme ; ils l’abordent comme une revendication naturelle : l’homme a le droit a son autonomie en tant que personne.
Par contre, ce qui ne correspond pas à l’image des philososphes et surtout Voltaire est « l’optimisme marivaudien ». En effet, Voltaire critique l’Optimisme dans son livre Candide mais Marivaux croit en la bonté de la nature humaine et dans les « effets de la sympathie ». Maltraités autrefois, mais réfugiés dans leur île, les Esclaves ont renoncé à la vengeance : « nous ne nous vengeons pas de vous nous vous corigeons » dit Trivelin. Si durs qu’ils aient été, les maîtres ne sont pas incorigibles. Au reste, ce n’est pas leur nature, mais leur condition de maîtres, qui les rend mauvais. Autre signe de bonté naturelle, la générosité appelle la générosité, le repentir appelle le pardon, et chacun peut reprendre son rôle initial. On entrevoit dans l’île des esclaves le paradis artificiel d’hommes fraterenels et égaux.
A consiédérer le dénouement, on voit en revanche que si les cœurs se sont épurés, tout rentre dans « l’ordre accoutumé » : les maîtres rénovés ont de beaux jours devant eux. En tout cas, cette comédie témoigne d’un aspect particulier et sympathique de la personnalité de Marivaux et d’un « engagement » littéraire qui la rattache au siècle des Lumières.
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