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Commentaire littéraire : Le poète maudit

Publié le 17/01/2011

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Le poème La nuit de Mai, d’Alfred de Musset, datant de 1835 et donc faisant partie du mouvement littéraire du Romantisme, est assez particulier et pour le moins original, car il s’agit d’un dialogue entre deux personnage, le Poète et la Muse. Cette dernière tente de réconforter le Poète qui sort d’un passage difficile de sa vie et qui veut se taire. Ce Poète représente en fait Musset, qui vient d’essuyer de lourds échecs au théâtre ; mais c’est à travers la Muse qu’il parle. En effet, c’est un petit peu comme si le lecteur assistait à une réflexion dans la tête de cet auteur. Nous nous intéresserons particulièrement à un passage, qui comme de ‘’S’il ne te faut, ma sœur chérie’’ jusqu’à ‘’Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang’’. Dans ce passage, c’est essentiellement la Muse qui parle, dans le but de motiver le Poète à réécrire. Nous nous demanderons ……………………………………………………………………………………………………………. Pour cela, nous verrons dans un premier temps quel est le rôle du Poète à l’égard des lecteurs. Puis dans un second temps, nous verrons la fonction de la poésie, ce qu’elle apporte au poète.

 

   Comme dit précédemment, nous allons donc voir  quel est le rôle du poète à l’égard des lecteurs en nous penchant premièrement sur le vœux de silence du Poète, qui est un élément extrêmement présent dans ce poème, et enfin deuxièmement sur le sacrifice de la douleur du poète à la foule, les lecteurs.

 

   Cette volonté de se taire, c’est parce que Musset se sent humilié et incompris par la société bourgeoise, qui n’a pas apprécié ses pièces de théâtre. On remarque cela grâce aux vers dits par le Poète, car ils sont composés en octosyllabes, alors que ceux de la Muse sont des alexandrins ; il y a dons bien là un souhait de parler le moins possible. De plus, ‘’espérance’’ ‘’gloire’’ ‘’bonheur’’ et ‘’souffrance’’ sont des émotions qu’il refuse de donner ; il accepte de livrer seulement des émotions légères, sans grande importance, et qui ne le touchent pas réellement. Aux vers 130 et 134 à 136, il y a respectivement une formulation restrictive ‘’ne…que’’, une répétition de ‘’ni’’ et les thermes ‘’pas même’’ ; cela met en valeur tout ce que le Poète refuse de faire. Dans les vers 137 et 138, on remarque une personnification de la bouche avec ‘’garde le silence’’ et aussi du cœur avec ‘’parler’’, mais également une métonymie avec ‘’la bouche’’ qui désigne en fait le Poète ; cela signifie bien qu’il veut rester avec lui-même, et qu’il refuse radicalement de s’épancher. Vient ensuite l’antithèse entre ‘’garder le silence’’ et ‘’parler’’, qui créé un contraste et donc souligne bien son vœux de silence.

   Maintenant, pour ce qui est du rôle du poète et du sacrifice de sa douleur aux lecteurs, nous pouvons apercevoir l’existence de plusieurs expressions de contact comme ‘’abritant’’, vers 161, ou encore vers 157 ‘’croyant saisir’’ mais également ‘’lassé d’un long voyage’’, où ici le pélican a fait un voyage en solitaire et revient vers ses petits ; tout cela pour que les lecteurs comprennent quel sentiment de contact a l’auteur avec la foule. Il y a, par ailleurs, un lien avec Dieu qui transparaît dans ce texte, notamment avec ‘’roche élevée’’ au vers 160, ou encore vers 163 ‘’regarde les cieux’’ ; ce sont des images religieuses, qui nous font comprendre que l’auteur a un lien avec la foule, certes, mais il n’en oubli pas moins sa religion. Le champs lexical du manque est présent dans les vers 163 à 166 avec ‘’en vain’’ ‘’vide’’ ‘’déserte’’ et ‘’pour toute’’, qui représente l’impression de vide de l’auteur. La métaphore ‘’se frappant le cœur’’ pour désigner le vent traduit l’épanchement lyrique, en accord avec le courant littéraire du Romantisme. Au vers 164, le son ‘’l’’ revient fréquemment ; il y a ici une correspondance entre l’image et le son, car ce dernier fait penser à un écoulement, ici l’écoulement du sang. Ensuite, les thermes ‘’profondeurs’’ ‘’mélancolique’’ ‘’la poitrine ouverte’’ ‘’il apporte son cœur’’ et ‘’ses entrailles’’ mettent en avant la profondeurs des sentiments que l’auteur souhaite faire partager au lecteur, mais cela à travers la Muse. Vient maintenant le champs lexical de la tristesse avec ‘’sombre et silencieux’’ ‘’funèbre’’ ‘’berce sa douleur’’ ‘’purs sanglots’’ ‘’supplice’’ et ‘’désespéré’’, qui plonge le lecteur dans un monde malheureux, et il perçoit donc bien que l’auteur fait don de sa douleur. De plus, il n’y a aucun sentiment positif. La dernière phrase que prononce la Muse ‘’Mais il y pend toujours quelques gouttes de sang’’ signifie que c’est la souffrance qui est à l’origine du poème, que c’est un don de soi et même un oubli de soi de la part de l’auteur envers les lecteurs. Ces derniers étant représentés par les bébés pélican, qui se fichent que leur père meurt, nous dévoile que le point de vue de Musset, selon lequel la foule ne perçoit pas le sacrifice de l’auteur. Pour appuyer cela, il y a également un contraste entre la nonchalance de père, qui représente le poète, avec ‘’à pas lents’’ et la vivacité des petits ‘’se précipitent’’. Le modalisateur ‘’hideux’’ donne également une idée péjorative du lecteur. Quant aux sons, du vers 156 à 158, les ‘’r’’ nous font ressentir la véracité, la dureté des petits, et les ‘’oi’’ leur envie de manger.

 

   Bref, l’auteur souhaite donc garder le silence à travers le Poète afin de se protéger, d’éviter une nouvelle humiliation, mais grâce à la Muse, il fait bien comprendre aux lecteurs la grandeur du sacrifice qu’un auteur fait à la foule lorsqu’il écrit. Tout cela nous révèle que Musset en veut à la société bourgeoise de l’avoir blesser et humilier au théâtre, et qu’ils ne se rendent pas compte de ce qu’il a donner pour faire ces pièces. Nous allons donc nous pencher maintenant sur ce qu’apporte  la poésie au poète. En premier lieu, nous analyseront le rôle de la muse. Puis ensuite nous réfléchirons sur le fait que le poème est un lieu d’un épanchement lyrique, puis enfin nous chercherons à comprendre quel a été l’apport de ce poème pour Alfred de Musset.

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