Commentaire Littéraire : Le livre de ma mère Albert Cohen
Publié le 27/02/2008
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Plan de ce commentaire I] L'humour et l'émotion 1 la rappel du passé : entre objectivité et déformation humoristique 2 l'émotion sincère devant l'aour et la simplicité de cette mère et de son fils 3 des étrangetés de style trahissent l'émotion II] Un hommage rendu par Cohen à sa mère 1 Sa place centrale dans l'oeuvre et dans le texte 2 La valorisation de son apparence physique 3 Un beauté intérieure
Presque tous les autobiographiste reconnaissent l'influence fondatrice des parents sur une vie : règlement de compte avec des adultes jugés trop durs, comme chez Vallès, ou souvenir émerveillé et reconnaissant comme chez Rousseau... l'autobiographiste reviens sur les pas de son enfance. Dans Le Livre de ma mère Cohen, déjà âgé, fait revivre avec émotion le souvenir de sa mère disparue. Il se retourne vers ses souvenirs d'enfance, vers leurs loisirs tout simples du dimanche à Marseille qui leur paraissaient pourtant merveilleux parce qu'il étaient ensemble. Sa mère n'est plus, et pour ne pa laisser sa peine prendre le dessus, il rapporte ces moments avec une certaine distance ironique. Dans une tonalité en demi-teinte, entre humour et émotion, il rend un hommage vibrant à cette mère si aimante et tant aimée. * Pour évoquer ces moments de bonheur simple partagé, le narrateur semble vouloir prendre un certain recul en les évoquant avec humour : Mais ce détachement, on le verra, n'est qu'une façon de contenir, tant bien que mal, l'émotion qu'entrainent à leur suite les souvenirs. Le texte s'ouvre par quelques notations objectives sur les circonstances de ces \"promenades du dimanche\" \" en été\", le seul loisir que leur permettent des moyens modestes (\"on n'était pas riches\"). Puis Cohen abandonne ce ton neutre pour faire un portrait presque caricatural de sa mère de de lui-même. Par quelques comparaisons drôles parce qu' innatendues, il nous rend sensible le décalage qu'il semble trouver maintenant comique (\"ridiculement\" \"inpportun\") entre leur excessive élégance vestimentaire et la modestie de leur promenade et des lieux qu' ils fréquentent. Ce n'est plus le petit Albert et sa mère mais une famille royale qui s'embarque dans le \"tramway\", \"un petit prince\" et la reine mère, avec ce qu' implique ironiquement de légendaires origines orientales le titre \"reine de Saba\" pour cette épouse d'un petit commerçant juif ! On a l'impression que le narrateur est complètement détaché de \"ces\" personnages - il s'agit pourtant de sa mère et lui-même ! - dont il parle à la troisième personne, comme s'il ne pouvait plus se reconnaître en eux : \"Il s'habillaient très bien [...] \". C'est que leur tenue endimanchée les métamorphose totalement : ils sont en représentation comme des acteurs - \"des chanteurs d'après-midi mondaine\" précise malicieusement Cohen - soucieux de tenir leur rôle - ici celui d'une respectable famille en promenade - , et, dans leur naïveté, ils en font un peu trop. Cohen poursuit dans l'autodérision en se décrivant, enfant, comme un espèce d'androgyne \"avec un visage de fille, angélique\", éperdu d'admiration au point d'en avoir \"la chair de poule\" de vant le président de la République. Le narrateur adulte dégonfle par une formule assassine le prestige su'il trouvait, quand il était enfant, à ce personnage officiel, \"gros rouge ordinaire\" : cette épithète caricature ce notable IVe République, avec son embonpoint et son teint couperosé dus à des banquets bien arrosés, ce qui justifie d'autant plus son assimilation à du \"gros rouge ordinaire\", un vin médiocre, à l'image de ce personnage médiocre ! Mais cet humour n'empèche pas l'émotion d'affleurer. Chen sourit mais il s'attendrit aussi et prend \"pitié\" de ces \"deux faibles\". C'est d'abord leur amour mutuel qu'il souligne par une hyperbole (\"aimant à en remonter à Dieu\") presuqe blasphématoire si elle n'était justement la preuve de la pronfondeur de cet amour. On le sent ému par la fragilité, la maladresse de ce couple insolite, isolé dans son univers d'amour, décalé par rapport au reste du monde ; il multiplie les expressions qui traduisent cette inadaptation ; ils sont \"empotés\", \"peu dégourdis\" \"égarés\", ressentent de la \"gène\", se comportent \"timidement\". Pourtant, dans leur simplicité, ils font preuve d'une vraie sagesse et, paradoxalement, le rpix qu'ils accordent à leur simple \"tour de la Corniche\" dévalorise et montre la vanité de ces loisirs luxueux, \"villégiatures\", \"mondalités\", \"chasse à courre\" tels que peuvent décrire les magazines consacrés aux célébrités. Bienheureux ces pauvres en argent mais riches en amour qui transfigurent un casino hideux et un bar minable en un palais des mille et une nuits par les \"splendeurs orientales\" et \"les merveilles\" des spécialités méditéranéennes préparées par la mère. L'étrangeté de certaines tournures syntaxiques, de quelques usages lexicaux contribue aussi à rendre cette émotion, tels que le tour \"aimant à en remonter à Dieu\" qui paraît un peu vieilli, ou \"luxueuse\", que l'on n'emploie guère pour une persone. Dans l'avant dernière phrase : \"Elle me tendait [...] \", on aurait attendu \" une serviette qu'elle avait amoureusement repassée\" et non \"repassée par ma mère\", qui introduit, dans un morceau musical, une athmosphère particulière, triste ou nostalgique. La dernière phrase : \"Elle est morte\", dans sa sécheresse, avec le retour brutal du présent, libère toute l'émotion jusqu' alors retenue. c'est un constat terrible, par tout l'implicite que la phase contient, la certitude qu'il ne reste qu'un malheur irréversible et quelques souvenirs. * Mais le titre même de l'oeuvre indique que Cohen, dans son livre a l'intention non seulement d'exhaler son chagrin mais aussi de rendre à sa mère un hommage plein de respect et d'admiration. Personnage central du livre qui lui est dédié (Le Livre de ma mère), la mère est la figure autour de laquelle est construit ce passage. la plupart des phrases commencent par le pronom \"elle\", comme si le narrateur voulait, par une espèce d'incantation, faire revenir cette présence. La mère est d'abord valorisée par l'élégance de son apparence digne de la \"reine de saba\". La précision de la description de sa tenue du dimanche, avec \"ses longs gans de dentelle noire, son corsage à ruches avec des plissés, des bouillons et des fronces\", la fait voir avec une netteté quasi photographique, bien qu'elle ne soit ici qu'une silhouette gracieuse, car les traits de son visage e sont pas décrits. Mais Cohen insiste surtout sur la douceur de ses sentiments et son total dévouement à son fils : cette mère est tout entière dans l'expression \"elle me servait\", qui montre comment elle s'est véritablement consacrée au service de son fils, dans es actions les plus concrètes, les plus modestes comme les repassage d'une versiette ou la confection des plats qu'il préfère. Elle ne vit pas cela comme une tâche domestique ingrate mais plutôt comme les gestes d'un culte qu'elle accomplit avec bonheur et gaieté, \"en fredonnat\" un air d'opéra. A cette époque, sa mère est encore tout pour Albert ; ils vivent en complète harmonie : \"elle et moi\", et plus loin \"Moi [...]\",\"Elle [...]\", mais le plus souvent ils sont tous deux réunis par un \"nous\" ou un \"on\" plus familier. * Marcel Pagnol, qui a lui-même si bien parlé de sa mère, notamment dans Le Château de ma mère de sa trilogie provençale, admirait Le livre de ma mère : \"un livre unique et qui durera. La plus belle histoire d'amour\". C'est le livre d'un fils, mais aussi de tous les fils, de tous ceux qui un jour regretteront de s'être montrés ingrats, indifférents ou imcompréhensifs, comme en avertit Cohen : \"Aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous se fâchent, s'impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis.\"
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