Commentaire: Les Obsèques De La Lionne de La Fontaine
Publié le 25/07/2010
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C'est sous le règne de Louis XIX que La Fontaine écrivit Les Obsèques de La Lionne . Une rivalité oppose alors le monarque à Fouquet , intendant des finances et ami de La Fontaine . En effet ce dernier aurait organisé une fête grandiose , ce qui blessa Louis XIV dans son orgueil et fit naître de la jalousie à son égard . Le roi fit arrêter Fouquet. La fable , genre littéraire datant de l'Antiquité ,qui revêt une fonction satirique est alors utilisée par La Fontaine pour exprimer son opinion sur la condamnation de Fouquet . Quelle est la visée argumentative de La Fontaine et par quels procédés la soutient-il ? Nous commencerons donc par étudier la visée argumentative que comporte Les Obsèques de La Lionne puis nous verrons ensuite comment l'apologue et les registres sont mobilisés au service de celle-ci. La Fontaine dresse une satyre de la cour et du roi . Les courtisans sont décrits comme n'ayant pas d'individualité ( « on dirait qu'un esprit anime mille corps «l.22).Ils sont une masse anonyme et servile (« les gens […]sont ce qu'il plaît au Prince «17 et 19). Le vocabulaire de l'apparence montre leur hypocrisie (« s'ils ne peuvent l'être, tâchent au moins de le paraître «l.20).De plus « peuple singe du maître «l.21 nous amène à remarquer le réel sens du terme de hypocrisie . En effet , hypocrisie vient du grec hupokrinestai qui signifie porter un masque et par extension mimer . Les courtisans miment donc des sentiments en fonction de ceux du roi ( « peuple caméléon «l.21 ) comme nous le font constater les antithèses « tristes , gais , prêts à tout , à tout indifférents «l.18. En plus d'être hypocrites , ils sont opportunistes. En effet une péripétie nouvelle apparaît avec la dénonciation du cerf par un courtisan à la ligne 29 : « Un flatteur l'alla dire , et soutint qu'il l'avait vu rire «. La Fontaine qui soutient le cerf (« le Cerf ne pleura point ; comment eût-il pu faire ?«l.25) s'oppose donc aux courtisans mais surtout au roi . Le lion qui est le roi des animaux est l'illustration de Louis XIV , roi d'une monarchie absolue et surnommé Roi Soleil ( on peut ainsi comparer Versailles à « toute son antre en résonna «l.13 ). C'est cette monarchie que La Fontaine remet en cause . Le lion est décrit comme injuste : « Chétif hôte des bois , tu ris ! tu ne suis pas ces gémissantes voix ! « alors que la lionne décédée a tué sa femme , et cruel « vengez la Reine , Immolez tous ce traître «l.37-38. De plus il est condescendant (« nous n'appliquerons pas sur tes membres profanes nos sacrés ongles ! «). Mais c'est la vanité du roi et sa crédulité qui sont ses principaux vices puisqu'ils constituent la morale ( « flattez les , payez les d'agréables mensonges : quelque indignation dont leur cœur soit rempli , ils goberont l'appât ; vous serez leur ami «). De plus Louis XIV est roi de droit divin . C'est donc la preuve la plus probante que le lion est comparé à Louis XIV puisque nous observons la présence du champs lexical de la religion ( « profanes «l.35 , « sacrés «l.36 , « mânes «l.38 , « temple «l.14 ? « Dieux «l.45 , « saints «l.47 , « apothéose «l.50). Pour dresser cette satyre , La Fontaine utilise plusieurs registres , nous allons étudier ceux-ci dans un deuxième axe . Le registre satyriques et l'apologue sont mobilisés au service de l'argumentation. On distingue la présence importante du registre satyrique. En effet , La Fontaine utilise le registre satyrique pour défendre son opinion. Il utilise ainsi un procédé de personnification appelé anthropomorphisme . Il prête aux animaux des caractères et des sentiments humains(« affliction «l.5 , « cris « au lieu de rugir qui apparait l.16 pour les courtisans qui imitent le roi , « ongles « au lieu de griffes , « femme « au lieu de femelle .) Les défauts du lion et des courtisans sont tournés au ridicule puisque le lion préfère le mensonge à la franchise ( « le cerf eut un présent «). De plus on remarque une présence importante d'antiphrases qui caractérisent le registre satyrique ( « consolation « en rime avec « affliction « , « tristes , gais , prêts à tout , à tout indifférent « , « être « en rime avec « paraître « , « rire « et « pleurer « , « membres profanes « , « sacrés ongles « , « larmes « en rime avec « charme «). Cependant , même si le registre satyrique est important , le registre didactique qu'implique un apologue l'est aussi . Nous allons traiter cet apologue dans une deuxième partie . L'apologue est un récit allégorique dont le lecteur peut tirer un enseignement. La fable est un apologue . On remarque que les Obsèques de La Lionne est divisée en plusieurs parties . En effet on distingue quatre schémas au niveau de l'énonciation qui sont repérables grâce aux paragraphes . Dans le premier paragraphe on prend connaissance de l'histoire et d'un des deux personnages principaux : le lion qui doit faire le deuil de sa femme (« la femme du lion mourut «dès la l.1). La deuxième situation d'énonciation voit naître l'opinion du narrateur ( « je définis « ) et amène le coup de théâtre au troisième paragraphe avec l'apparition du cerf , héros de l'histoire (« pour revenir à notre affaire , le Cerf ne pleura point «) . Cette situation d'énonciation continue jusqu'à la ligne 39 où les paroles du cerf sont rapportées ( « le Cerf reprit alors … «) ce qui conduit au renversement de situation l.50 ( « miracle[…]le cerf eut un présent , bien loin d'être puni «). Enfin la dernière situation d'énonciation redonne la parole au narrateur qui conclue le récit avec une morale. Le narrateur nous inclue dans l'histoire avec des impératifs lorsqu'il intervient : « jugez «l.11 , «flattez les « , « payez les « l.53 , ce qui accroit l'attention du lecteur . De plus nous constatons un apologue dans la fable : le récit du cerf . En effet , pour flatter le roi , celui-ci invente une histoire qui a un but argumentatif puisque le cerf doit convaincre le roi de lui laisser la vie sauve . Ils essaye donc de le persuader ( ils utilisent les sentiments du lion) avec le récit de son rêve dans lequel il aperçoit la reine . Il perçoit la vanité du lion et l'utilise donc pour arriver à ses fins en le flattant ( « conversant avec ceux qui sont saints comme moi «..). Il y a alors un renversement de situation puisque le cerf « chétif « réussit à duper le lion «terrible « Le procédé de l'apologue facilite donc l'implication et l'attention du lecteur à propos de la thèse. En conclusions nous retenons que l'apologue , déjà connu sous l'Antiquité , prend toutes ses dimensions argumentatives chez La Fontaine qui utilise parallèlement d'autres registres que le didactique en rajoutant des éléments du classicisme comme la satyre des mœurs. L'apologue sera utilisé durant les siècles suivants toujours à but argumentatif. Nous pouvons ainsi citer Candide de Voltaire.
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IntroductionLa Fontaine a commencé à écrire sous le règne de Louis XIV.
Cette fable est tirée du second recueil, publié en1694.
L'une de ses protectrices était la marginale Mme de la Sablière.
C'est par les contes, puis par les fables, sur letard, que La Fontaine a connu la gloire.
Le second recueil est dédicacé a Mme de Montespan.
Les fables de cerecueil sont plus philosophiques, plus longues que celles du premier.
Les fables sont liées les unes aux autres defaçon fantaisiste:livre 7 => politiquelivre 8 => philosophiqueLa Fontaine est quelqu'un de poétique qui aime beaucoup la solitude; il n'invente pas le sujet de ses fables (saufpour une vingtaine), il les adapte
Lecture méthodique linéaireLes axes étudiés ici sont la satire et l'art du fabulisteIci la fable est divisée en 5 parties:vers 1 à 16 : premier acte de la comédievers 17 à 23 : parenthèse et intervention du narrateurvers 24 à 38 : coup de théâtre, deuxième actevers 39 à 51 : deuxième coup de théâtre, troisième actevers 52 à la fin : moralité
L'art du fabuliste: il a construit sa fable comme une pièce de théâtre.
La moralité est tout au long de la fable, lerécit est riche en pensées.I) Le premier acte1) Scène d'exposition: "la femme du lion mourut"( v.1)> économie des mots: art du fabuliste> ambiguïté entre les animaux et les humains: satire
2) 2ème scène (v.2 à 5): les condoléancesPlus longue que la scène 1 > excès des courtisans serviles"s'acquitter" (v.3) > le verbe montre le devoir > aspect hypocrite des courtisans"De certains compliments de consolation" (v.4) > périphrase, c'est plus majestueux, solennel"Qui sont surcroît d'affliction" (v.
5 ) > passage au présent de vérité générale > vérité satirique (le roi est victime desa propre étiquette)
3) 3ème scène (v.6 à 10): préparation de la cérémonieTout au long de cette scène, on est dans le monde des humains."prévôts" (v.8) > contrôlent si tout le monde est là"régler" (v.9) > cérémonie pleine de fasteAu cours de cette cérémonie, le roi va vérifier sa puissance et les courtisans vont se faire valoir, c'est un test deleur influence auprès du roi."Un tel jour, en tel lieu; ses prévôts y seraient" (v.8) > alexandrin > par ce rythme solennel, on a l'impressiond'entendre le roi parler.
Pour laisser l'ambiguïté, le rendez vous n'est pas précisé.
4) 4ème scène (v.11 à 16): la cérémonie"Jugez si chacun s'y trouva" (v.11) > nouvelle intervention du narrateur, complicité avec le lecteur.
Il souligne enmême temps la toute puissance du roi."Le prince aux cris s'abandona" (v.12) > Le lion s'abandonne aux cris de la douleur devant tout le monde: c'est unacteur > satire"Et tout son antre en résonna" (v.13) > retour au monde animalier car la satire allait trop loin"Rugir en leur patois messieurs les courtisans" (v.16) > vers très ironique le "patois" montre le manque d'éducation etfait référence aux hommes alors que "rugir" est le propre des animaux.
III) Intervention du narrateur7 vers qui coupent complètement le récit.
La Fontaine a besoin de s'expliquer tout de suite et de crier sonindignation.
Il utilise un alexandrin, mais qui n'est pas ironique du tout.
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