Commentaire Les effarés d'Arthur Rimbaud
Publié le 15/04/2012
Extrait du document
Le poème « Les effarés », écrit par Arthur Rimbaud lorsqu'il avait seize ans, est tiré du recueil Poésies écrit en 1870. Alors que Victor Hugo décrivait le Paris misérable dans son œuvre Les Misérables, Rimbaud, lui, décrivait une scène dont il fut témoin, une scène de la misère des rues de Paris. Dans ce texte, on retrouve une situation ou cinq enfant miséreux, affamés, pauvres, observant, par une lucarne, un boulanger en train de faire du pain. Dans ces lignes, comment le poète par certains procédé d'écriture et d'argumentation défend sa thèse? Pour pourvoir répondre à cette problématique nous allons tout d'abord, dans une première partie montrer l'alliance qu'il y a entre le réalisme et la poésie et dans une seconde partie montrer la dimension argumentative du texte.
Dans ce poème, on retrouve une certaine alliance entre le réalisme et la poésie. Cette alliance va amener un certains déséquilibre au sein du texte, mais aussi prouver l'expérience en tant que poète de son auteur.
Dans ce poème, le réalisme de la scène décrite, est très poignant. En effet, les nombreux détails tels que la pauvreté des enfants et leur apparence (« Noirs dans la neige », vers 1) sont très réalistes, on pourrait très bien même, de nos jours, voir cette scène dans n'importe quelle ville de n'importe quel pays. A travers ce texte, nous pouvons, en tant que lecteur; voir au fur et à mesure de la lecture, le tableau de la scène se dessiner dans notre tête car le décor (« dans la neige »,v1, « soupirail rouge », v14) donné nous est connu et familier, la profession (« la boulanger »,v11) exercée par l'homme observé est réelle et les sens appelés dans ce texte nous servent tous les jours. En effet, l'auteur, dans ce texte, a exploité les cinq sens comme la vue avec « regardent » au vers 5, l'ouïe avec « écoutent » au vers 10, l'odorat avec « parfumées » au vers 19 et ainsi de suite. Cette réalité et ces détails énoncés tout au long de ce poème vont faire que l'anagnoste va ressentir de la pitié, de la compassion, ainsi que de la tristesse pour ces cinq miséreux. Mais, malgré ce ressenti, le lecteur va aussi en approfondissant dans la lecture et en étudiant la technique de l'écrivain prendre conscience que malgré le fait qu'on y retrouve du réalisme ce poème est bien un genre poétique.
Tout d'abord, en observant le texte, dans sa forme nous pouvons comprendre que ce texte est un poème, mais plus particulièrement un poème formé de douze tercets. Ensuite, en étudiant ce poème de plus près, on remarque que celui-ci est formé de douze tercets hétérométriques puisque les deux premier vers de chacun des tercets sont des octosyllabes (« Noirs/ dans/ la /nei/ge et/ dans/ la /brume », v1) et le troisième est un tétrasyllabe (« On/ sort/ le/ pain », v18). On peut aussi remarquer que les deux vers longs riment ensemble (« collant leurs petits museaux roses Au grillage, chantant des choses »,v8-9) et que le vers court rime avec le vert court du tercet qui vient après(« Du ciel couvert[...]Au vent d'hiver »,v 33-36) . On peut donc affirmer que ce poème est formé de sizains qui sont coupés en deux tercets séparés puisque l'on retrouve une formation de rimes qui est la suivant: aac/bbc. Les octosyllabes ont des rimes féminines (« vivre » et « givre », v25-26) tandis que les tétrasyllabes ont des rimes masculines (« rond » et « blond », v3-6). Tout ceci nous montre que malgré un certain réalisme qui est retrouvé dans le texte, on retrouve la forme du poème, donc une poésie qui est plus souvent reliée à un certaine rêverie voir même à l'imaginaire pur. Le poète en mélangeant réalisme et poésie va donc créer des effets.
Tout d'abord, comme nous avons pu le constater, dans ce poème, on retrouve une alliance entre le réalisme et la poésie, ce qui va avoir un certain effet sur le lecteur et sur le texte. Par exemple, en créant un texte constitué de vers longs et de vers moins longs, le lecteur va donc pouvoir s'imaginer que cela à pour but d'établir un certain déséquilibre dans le texte et celui-ci peu même aller jusqu'à la conclusion que ce déséquilibre, façonné par l'auteur lui-même, puisse avoir un vrai sens comme l'inégalité retrouvée entre les gens aisés et ceux qui ne le sont pas. Le rythme, marqué par les strophes ayant des alternances de rimes et de types de vers ,comme nous l'avons dit précédemment, que l'on peut remarqué dans ce poème peut nous faire penser à la chanson.
Dans ce poème, qui est aussi bien réaliste que poétique, nous pouvons discerner qu'il y a un dimension argumentative très forte au sein de ce texte.
Tout d'abord,pour défendre sa thèse, qui semble être l'inégalité des hommes, Rimbaud va chercher à persuader le lecteur en lui faisant ressentir de la compassion et de la pitié envers les cinq enfants. En effet, on retrouve le champs lexical de la misère (« misère! », v4) et de la pauvreté (« pauvres », v26) pour ce qui est des enfants, se qui va créer de l'apitoiement chez le lecteur. Afin de renforcer encore plus cette idée de persuasion, l'auteur va créer du suspens En effet, le fait qu'il ai choisi une situation dans laquelle cinq jeunes chétifs regardent un boulanger faire du pain, l'envie de l'anagnoste de savoir le dénouement de cette histoire sera plus que fort, puisque tout au long du poème une question subsiste au lecteur c'est-à-dire « Que va-t-il se passer? ». Mais l'auteur n'utilise pas que la persuasion pour son argumentation. En effet, de nombreux procédés argumentatifs sont utilisés dans ce texte.
Quelques uns des procédés argumentatifs peuvent être retrouvés dans le texte. En effet, on peut y retrouver de nombreuses figures de styles tes que des oxymores comme au premier vers avec « Noirs dans la neige et dans la brume » et des comparaisons comme au vers 15 lorsqu'on a: « Chaud comme un sein ». Les figures de style ne sont pas les seules méthodes argumentatives à être employée dans cet écrit puisque comme nous l'avons démontré précédemment on peut retrouver énormément de détails (« blond »,v6, « rouvert »,v33). Malgré le fait que ces techniques soient importantes, le jeu d'oppositions que l'on y retrouve sont on ne peut plus importantes. En effet, celles-ci peuvent être retrouvées entre l'intérieur de la boulangerie (« regardent le boulanger faire »,v11) et l'extérieur (« dans la neige et dans la brume », v1) ou se trouvent les enfants, la chaleur du fournil (« chaud »,v15) et la froideur du temps qu'il y a dehors(« vent d'hiver »,v36), le clair (« trou clair »,v9) et le sombre (« minuit sonne », v16) entre la lumière de l'endroit ou le boulanger est et l'endroit ou sont les enfants. Cette méthode d'opposition représentée dans un tableau pourrait représenter un tableau en clair-obscur. Ces différentes oppositions peuvent être interprétées et dans les détails nous pouvons aussi retrouver des symboles.
En examinant les quelques lignes de ces tercets, nous pouvons remarquer qu'au sein même du texte il y a de forts symboles tels que le symbole de Dieu à travers le « four » qui permet de chauffer le pain. Ce symbole peut être interprété comme un signe de vie mais le symbole de Dieu peut être aussi retrouvé dans la façon qu'ont les enfants de regarder (« Regardent le boulanger »,v5) le boulanger comme s'il s'agissait d'un homme d'église priant ou devant son tabernacle. Le fait que Dieu soit ainsi symbolisé par le pain peut vouloir aussi dire que le poète accuse critique la religion en lui reprochant son manque d'égalité. La position des petits hommes, c'est-à-dire à genoux (« A genoux »,v4) peut faire penser à une position de prière, or le fait qu'à la fin ils n'aient pas se qu'ils aimeraient peu être interprété comme ci la religion était en quelque sorte sourde à l'appel de gens en détresse. Donc en faisant ce travail d'approfondissement, on peut voir que ce texte ne défend pas seulement la thèse de l'inégalité des hommes mais que celui-ci à aussi comme thèse que la religion finalement ne fait aucune équité.
Ainsi, en étudiant de plus près ce poème, nous avons pu constater qu'à travers l'alliance entre le réalisme et la poésie certains effets sont créés, mais on a aussi pu constater que le poète malgré son jeune âge avait une certaine expérience au niveau de sa technique et des symboles qu'il place dans ses textes. La thèse de l'inégalité des hommes y est très bien défendue, notamment grâce une argumentation poussée, mais une autre thèse y est aussi subtilement prouvée. Le savoir-faire de l'auteur est très poussé dans ce texte malgré que ce soit un poème, puisqu'il arrive à introduire du réalisme dans un poème, alors sachant que celui-ci est tiré d'un recueil nommé Poésié, il faudrait afin de confirmer le talent d'Arthur Rimbaud travailler les textes s'y trouvant.
Liens utiles
- Commentaire d'une Saison en Enfer d'Arthur Rimbaud
- Arthur Rimbaud: "Les effarés"
- Commentaire: Le Dormeur du Val, Arthur Rimbaud
- Commentaire composé Voyelles d'Arthur Rimbaud
- COMMENTAIRE A LA MUSIQUE ARTHUR RIMBAUD