Commentaire: "le Serpent Qui Danse" de Baudelaire dans Les Fleurs Du Mal
Publié le 05/12/2010
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Baudelaire, poète et critique d'art du XIX° siècle a fait basculer la poésie dans la modernité de par ses thèmes et ses images.Le poème « Le serpent qui danse «appartient à la section intitulée « Spleen et Idéal « des Fleurs du mal.Il évoque en neuf quatrains l 'ambivalence de la femme à la fois séductrice et dangereuse.Comment cette ambivalence est- elle suggérée?Le poème fait l'éloge d' une femme aimée qui invite à la rêverie mais il s' agit aussi d'une évocation teintée d 'érotisme qui montre son pouvoir .
Le poème est un éloge de la femme aimée qui invite à la rêverie ; nous pouvons voir qu'il s'agit tout d'abord d'une déclaration d'amour par l'étude de l'énonciation :en effet le « je « s'adresse à un « tu «, le « je « étant le poète et le « tu « probablement Jeanne Duval.Baudelaire s'adresse directement à elle et le tutoiement indique une intimité.Ilya donc une promiscuité dans le vécu mais aussi une promiscuité spatiale.D'autre part ,le registre de ce poème est lyrique comme le souligne le lexique affectif important tel que « Chère indolente «suggérant une intensité amoureuse L'émerveillement du poète est souligné par des intensifs: « si beau «, les sentiments sont aussi exprimés à travers une ponctuation expressive ,les strophes 1 et 9 se terminent par des points d'exclamation.L'énonciation et le registre nous ont permis de montrer qu'il s'agit d 'une déclaration d'amour mais qui se marque à travers un véritable éloge du corps aimé.
On peut percevoir ,en effet ,un important champ lexical du corps tout au long du poème:La strophe 1 présente une vision globale du corps: « Que j'aime voir (...) /De ton corps si beau /(...)Miroiter la peau! « Pius vient l ' évocation de la « chevelure « ,symbole de la féminité alors que la strophe 3 fait un retour sur le poète.La stophe 4 décrit les « yeux « quant à la suivante, c'est la strophe centrale qui fait écho au titre ,démarche et gestuelle sont suggérées ,la stophe 6 est consacrée à la tête, la 7 de nouveau à la vision globale ,la 8 à la « bouche «.La dernière retourne sur le poète.On remarque donc que le regard du poète se déplace sur le corps de la femme avec un glissement du général au particulier puis de nouveau au général .On peut rapprocher ce poème de la tech ni que du blason ,mais ici Baudelaire fait l'éloge de plusieurs parties du corps ,notamment d'une démarche et de poses qui semblent le fasciner.v1 par ex l'expression « Chère indolente «laisse deviner une pose lascive alors que la strophe 5 « à te voir marcher en cadence «les ondulations de Jeanne.Cette démarche est également renforcée par l 'hétérométrie du poème il y a une alternance d'octosyllabes et de pentasyllabes.Le poème ondule comme Jeanne et l'image du serpent vient renforcer métaphoriquement l' image de l'ondulation.
Par ailleurs Jeanne invite au rêve parce qu'elle incarne l'ailleurs,pour Baudelaire l'idéal absolu ;elle est métisse et Baudelaire, pour parler d'elle, emploie des références exotiques : « âcres parfums « « le serpent « « l'éléphant «.Tous ces éléments donnent l'impression d'un ailleurs ,elle invite le poète à un voyage des sens:la vue comme le souligne lev1: « Que j'aime voir «,l'olfactif : « âcres parfums , «, « chevelure profonde « ,le gustatif : « un vin de Bohème « ,l'auditif: « glaciers grondants « .Enfin le poème est traversé par la métaphore filée de la mer et des liquides qui connotent l 'évasion ,le voyage .Grâce à elle ,le poète s'évade « comme un navire qui s'éveille au vent du matin « .
Dans ce poème lyrique où le poète fait un hymne à la femme aimée , on peut déceler un érotisme trouble.
Tout d' abord on note une progression érotique entre le début et la fin du poème .Dans la strophe1 , il ya une distance physique.Le premier signe de l'érotisme est dans la nudité de Jeanne ,sous entendu dans la « peau miroité « puis petit à petit Jeanne se déplace vers le poète d'une manière sensuelle comme le souligne le vers : « à te voir marcher en cadence «.Enfin il y a un changement de position ,elle s'allonge,la pose devient lascive,elle semble s'offrir aux désirs du poète (strophe7).Les deux amants se rapprochent à travers un baiser ou plus.On remarque aussi un rapprochement entre le début et la fin du poème.
De même ,on peut faire une autre lecture gràce au décryptage des sous-entendus: l'expression « chevelure profonde peut faire référence à l'intimité féminine,il n'est pas impossible non plus de voir dans la strophe6 des références sexuelles: « tête qui balance « , « vergue «.Quant à la dernière strophe, elle consacre l'union des amants (orgasme marqué par l'exclamation,l'expression « ciel liquide « et lemot « étoiles « qui montre que le poète atteint le 7° ciel.
Par ailleurs,nous pouvons remarquer l'ambivalence de la femme évoquée:c 'est une femme inatteignable. Elle est à la fois passive et active. Passive,lorsqu'elle s' allonge et active lorsqu'elle marche en cadence.Elleest femme et enfant: femme car elle est à l'aise dans sa sensualité, provocante et enfant au vers24 (« tête d'enfant «). C'est ce caractère double qui charme le poète puisqu 'elle est la réunion des contraires. D'autre part ,c'est une femme difficile à comprendre.Elle se donne sans se donner, comme en témoigne le vers 13,elle garde tout son mystère. Dans la strophe 4 les antithèses et les oxymores « doux/ amer «, « or/fer soulignent bien ces ambivalences.L'or pourrait évoquer les yeux du serpent, leur couleur et le terme « fer « la froideur de ce regard.
Qu'en est-il du poète?
Il est enivré ,on peut parler d' ivresse amoureuse. La salive de la femme est assimilée à « un vin de Bohème «. Il y a donc l' idée d' une drogue transmise par le baiser de Jeanne .On peut dire aussi qu'il est hypnotisé ,La femme est assimilée ,par métaphore à un serpent qui danse. Cette animalisation est très symbolique :le serpent est associé dans la religion à l' animal tentateur et maléfique.Il symbolise le mal, ce n'est pas innocent d 'y associer Jeanne, elle incite aux péchés.On retrouve ,ici ,le plaisir associé au danger.
Ce poème montre ainsi l 'ambivalence de la femme et du même coup la fascination de Baudelaire pour le danger et son goùt des contraires :aimer la femme et la craindre tout à la fois.On pourrait rapprocher ce poème de « Acelle qui est trop gaie « bien que ce dernier tienne davantage du blâme que de l'éloge.
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