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Commentaire Le Loup Et L'Agneau

Publié le 15/09/2006

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La Fontaine écrit des fables au XVIIème siècle pour former le jeune Duc de Bourgogne à la vie de la cour qu’il l’attend à la mort de Louis XIV. Le terme latin de fabula a désigné dès l'Antiquité le récit. Le mot français fable en vient à désigner un récit à valeur morale. C'est dans ce sens que l'emploie La Fontaine dans ses recueils. Dans le Loup et l’Agneau qui est un récit très court, il présente la rencontre entre un loup affamé et un Agneau naïf. La suite de cette rencontre ne fait aucun doute puisqu’elle est annoncée dans la morale au début de la Fable, écrite en hétérométriques. La Fontaine comme il le dit lui-même « se sert d’animaux pour instruire les Hommes « et sa fable est un récit très pessimiste sur les rapports de force présents à la Cour. Comment La Fontaine réussit-il à travers sa fable à dénoncer les comportements honteux des êtres forts par rapport au plus faibles ? Il sera tout d’abord préférable de déterminer l’intérêt de l’utilisation de la nature pour instruire les Hommes puis il conviendra de montrer comment se déroule l’affrontement particulièrement injuste entre le Loup et l’Agneau en étudiant d’abord la mauvaise fois révoltante du loup pour développer ensuite la cause perdue d’avance d’une innocente victime. I- L’utilisation des aspects de la nature pour instruire les Hommes. a) Le cadre naturel La Fable s’ouvre sur une scène en train de se dérouler comme le prouve l’imparfait à valeur durative « se désaltérait «. Dans cette même optique on relève les assonances en « e « de « le courant d’une onde pure « v.4 qui rallongent le vers et imitent le son de l’eau qui coule Ces deux premiers vers présentent donc un décor plein de fraîcheur et de tranquillité. Durant toute la durée du dialogue, nous n’avons pas d’autre indication en ce qui concerne le lieu où se déroule la scène. Cependant à la fin de la fable, le loup entraîne l’agneau « au fond des forêts « v 27, qui semblent être des coulisses, où loin du regard des spectateurs, se déroule la scène sanglante, selon les règles de bienséances dans la tragédie classique. b) Le choix des animaux. Les noms des animaux évoluant dans ce cadre naturel portent une majuscule ce qui les caractérise et les distingue, leur donne un statut particulier dans leur espèce. Le choix du Loup et de l’Agneau comme figures dans la fable n’est pas irréfléchi. Ses deux animaux ont des valeurs symboliques. Le loup est souvent représenté comme le personnage méchant dans une histoire. En général il est soumis à ses instincts, à sa "faim", à ses pulsions agressives et cruelles et surtout il est impitoyable. L’agneau est quand à lui une figure douce et de bonne foi, considéré même comme naïf. Leur humanisation permet un meilleur rapprochement avec la morale et donc avec les Hommes. II- La mauvaise foi révoltante du Loup a)une stratégie argumentative apparemment inébranlable. L’arrivée du Loup rompt l’imparfait et vient bouleverser l’ambiance sereine avec un emploi du présent de narration « survient « v.5. C’est l’élément perturbateur: le Loup qui est « à jeun « et « que la faim en ces lieux attirait « mais aussi « qui cherchait aventure « v 5-6. Sa présence est donc explicitement justifiée: il a faim. Il veut manger l’Agneau. Pour ce faire il s’appuie sur différents procédés:  tels que les questions rhétoriques : « qui te rend si hardi de troubler mon breuvage? «(v.7). Le loup rend ici l’agneau coupable de complot à son égard ce qui n’est pas sans rappeler l’obsession des complots qui sévissaient sous les régimes totalitaires.  La Symétrie dans l’opposition: « je ne puis troubler sa boisson -tu la troubles «  Le recours aux connecteurs logiques, par exemple la double occurrence de « car « et celle de « donc « donnant une impression de justification et de logique dans ses propos.  L’emploi de « il faut que « v.26 pour marquer le caractère obligatoire et inévitable. b) Des accusations de plus en plus ridicules… C‘est d‘abord un fait matériel que le Loup reproche à l‘Agneau à savoir, il trouble SON breuvage. Il s‘approprie en quelque sorte la rivière. Évidemment ce premier chef d’accusation est extrêmement abusif: l’eau est à tout le monde et l’agneau est pleinement dans son droit. L’agneau y répond tout de même avec des arguments matériels irréfutables. Le Loup les balaye et nie l’évidence comme s’il n’avait rien entendu et ceci d’une façon hargneuse: « tu la troubles « v.18. Le « Et « qui suit, permet au loup d’ajouter une nouvelle accusation : une calomnie soit disant prononcée par l’agneau dans le passé : « tu médis « v.19. Cet argument est formulé de manière catégorique avec le terme: « je sais «. Les contestations de l’Agneau ne décontenançant pas le Loup, il n’abandonne pas et modifie les circonstances en évoquant d’abord -un élargissement à la famille « c’est donc ton frère« v.22 puis à son espèce avec « c’est donc l’un des tiens « v.23… Il utilise mal le connecteur logique « donc « est seulement utilisé littéralement ; il ne s’applique à aucun enchaînement logique véritable. c)- …jusqu'à la mise en place d’un monde à l’envers où les loups seraient les victimes. De plus l’emploi du possessif « VOS « v.25 laisse entendre que les moutons règneraient sur les chiens et les bergers. Et tout ce monde causerait du mal au Loup.  Absurde. Puis pour justifier son acte, le loup se fonde sur des paroles de source inconnue avec la formule indéfinie « on me l’a dit «. v. 26 Le loup fait preuve revendique ensuite des valeurs aristocratiques: « il faut que je me venge « v.26. Il a le devoir de venger son honneur et sa réputation attaqués.  Il y a donc une gradation dans l’absurde et l’on remarque que c’est lorsque ses accusations sont le plus dénuées de fondement que le loup est le plus catégorique. Nous avons à faire ici à une parodie de procès. III- Cause perdue d’avance d’une innocente victime La position du narrateur omniscient dans le cours du récit est inscrite dans l'unique commentaire descriptif de l'attitude du loup : " plein de rage " (v.8) et dans le jugement qui le qualifie de " bête cruelle ". Le narrateur est clairement du côté de l’agneau, qui se montre très convainquant pour le lecteur mais pas assez pour le Loup. a) une plaidoirie pleine de bon sens L’argumentation de l’Agneau est à l’opposé de celle du Loup même si en termes de vers elle équivaut à celle du Loup. - premièrement il construit une vraie plaidoirie. Contrairement au loup qui le tutoie avec mépris, l’Agneau s’adresse au Loup à la 3e personne de politesse et le vouvoie « VOTRE majesté « v.10. Il se place également en situation d’infériorité et assimile le Loup à un roi « SIRE «, « MAJESTE «. Il essaie de calmer le jeu sans aborder immédiatement la question « ne se mette pas en colère « v.11. Avec l’adverbe concessif « plutôt « v. 12, l’Agneau adopte un ton indulgent et invite le Loup à voir par lui-même son erreur. Il construit par ailleurs la phrase la plus longue de tout le texte ce qui montre qu’il développe habilement son argument en sa faveur. Il en appelle ensuite à une logique irréfutable:  Il boit au dessous du lieu où se trouve le loup et ne souille donc pas son eau s’appuyant ainsi sur les lois de la nature  Il n’a pas pu médire le Loup avant sa naissance, ce qui est évident.  Il ne peut subir les conséquences de la médisance d’un frère inexistant, argument logique  Il en tire enfin fermement les conclusions, en redoublant le lien de conséquence « et que par conséquent, en aucune façon «. Ses dernières paroles « troubler sa boisson « font écho à l’accusation du Loup « troubler mon breuvage «. Ainsi au début, il essaie de persuader le Loup de manière paisible et indéniable. -sa deuxième réplique est beaucoup plus courte: 2 vers seulement. Peu à peu l’Agneau se résigne. Pour ne pas braquer davantage le Loup contre lui, il proteste implicitement sous forme d’une question rhétorique « comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né? «. Il rappelle également au Loup son extrême jeunesse « je tette encor ma mère « v.21 ce qui accentue son côté inoffensif. -sa dernière réplique est sous la forme de 4 monosyllabes « je n’en ai point « v.23. Il sent bien qu’il n’y a plus d’espoir et que quoiqu’il dise le Loup saura toujours répliquer. b) (Mais tous les efforts de l’Agneau pour calmer le jeu font partie d’) Un procès perdu d’avance. En plaçant la morale de la fable en tête de son récit, La Fontaine supprime tout suspense quant à l'issue fatale de l'affrontement entre le Loup et l'Agneau. Tout est joué d'avance dans ce "procès" (v.29) truqué qui rappelle ceux menés par la police politique des régimes totalitaires. Le Loup confisque la parole à l’Agneau et l’emploi du futur « tu seras châtié « v.9 met en évidence la certitude de l’issue. Chaque étape semble aboutir à une victoire de l’agneau (rebondissements), mais la dernière et longue réplique prononcée par le Loup amène le dénouement en sa faveur. Le texte est constitué de phrases courtes appelées asyndètes qui donnent du rythme à la fable et un effet dramatique. c) La morale Enfin la fable est un récit à valeur morale. Le récit possède une portée universelle (on le voit grâce à l’emploi du présent de vérité générale puis brusque changement de temps avec le passé simple « reprit « v.11 et 8 : au-delà de la violence des rapports de force existants dans le monde (la loi naturelle selon laquelle les plus forts dévorent les plus faibles), La Fontaine décrit le comportement odieux de celui qui, non content d’exercer sa violence sur plus faible que lui, prétend la justifier par des arguments hypocrites, inverse les rôles et se prétend victime pour justifier ses crimes. La Fontaine dénonce donc l’hypocrisie des comportements de l’homme envers son semblable, notamment fortement présente chez les gens de la Cour au XVIIème siècle. En conclusion, La Fontaine ne nous donne ni leçon de vie, ni conseil pratique : c’est un simple constat, qu’il démontre de manière structurée à travers un dialogue argumentatif mettant en relief la violence des rapports humains. En comparant la loi humaine à la loi animale, la Fontaine nous permet de comprendre la portée sa morale.


« d'abord-un élargissement à la famille « c'est donc ton frère» v.22 puis à son espèce avec « c'est donc l'un des tiens » v.23… Il utilise malle connecteur logique « donc » est seulement utilisé littéralement ; il ne s'applique à aucun enchaînement logique véritable. c)- …jusqu'à la mise en place d'un monde à l'envers où les loups seraient les victimes.

De plus l'emploi du possessif « VOS »v.25 laisse entendre que les moutons règneraient sur les chiens et les bergers.

Et tout ce monde causerait du mal au Loup.

Absurde.Puis pour justifier son acte, le loup se fonde sur des paroles de source inconnue avec la formule indéfinie « on me l'a dit ».

v.

26Le loup fait preuve revendique ensuite des valeurs aristocratiques: « il faut que je me venge » v.26.

Il a le devoir de venger sonhonneur et sa réputation attaqués. Il y a donc une gradation dans l'absurde et l'on remarque que c'est lorsque ses accusations sont le plus dénuées de fondementque le loup est le plus catégorique.

Nous avons à faire ici à une parodie de procès. III- Cause perdue d'avance d'une innocente victimeLa position du narrateur omniscient dans le cours du récit est inscrite dans l'unique commentaire descriptif de l'attitude du loup : "plein de rage " (v.8) et dans le jugement qui le qualifie de " bête cruelle ".

Le narrateur est clairement du côté de l'agneau, qui semontre très convainquant pour le lecteur mais pas assez pour le Loup.a) une plaidoirie pleine de bon sensL'argumentation de l'Agneau est à l'opposé de celle du Loup même si en termes de vers elle équivaut à celle du Loup.- premièrement il construit une vraie plaidoirie.

Contrairement au loup qui le tutoie avec mépris, l'Agneau s'adresse au Loup à la3e personne de politesse et le vouvoie « VOTRE majesté » v.10.

Il se place également en situation d'infériorité et assimile leLoup à un roi « SIRE », « MAJESTE ».

Il essaie de calmer le jeu sans aborder immédiatement la question « ne se mette pas encolère » v.11.

Avec l'adverbe concessif « plutôt » v.

12, l'Agneau adopte un ton indulgent et invite le Loup à voir par lui-mêmeson erreur.

Il construit par ailleurs la phrase la plus longue de tout le texte ce qui montre qu'il développe habilement son argumenten sa faveur. Il en appelle ensuite à une logique irréfutable: Il boit au dessous du lieu où se trouve le loup et ne souille donc pas son eau s'appuyant ainsi sur les lois de la nature Il n'a pas pu médire le Loup avant sa naissance, ce qui est évident.

Il ne peut subir les conséquences de la médisance d'un frère inexistant, argument logique Il en tire enfin fermement les conclusions, en redoublant le lien de conséquence « et que par conséquent, en aucune façon ».Ses dernières paroles « troubler sa boisson » font écho à l'accusation du Loup « troubler mon breuvage ».

Ainsi au début, il essaie de persuader le Loup de manière paisible et indéniable. -sa deuxième réplique est beaucoup plus courte: 2 vers seulement.

Peu à peu l'Agneau se résigne.

Pour ne pas braquer davantagele Loup contre lui, il proteste implicitement sous forme d'une question rhétorique « comment l'aurais-je fait si je n'étais pas né? ».Il rappelle également au Loup son extrême jeunesse « je tette encor ma mère » v.21 ce qui accentue son côté inoffensif.-sa dernière réplique est sous la forme de 4 monosyllabes « je n'en ai point » v.23.

Il sent bien qu'il n'y a plus d'espoir et quequoiqu'il dise le Loup saura toujours répliquer. b) (Mais tous les efforts de l'Agneau pour calmer le jeu font partie d') Un procès perdu d'avance.En plaçant la morale de la fable en tête de son récit, La Fontaine supprime tout suspense quant à l'issue fatale de l'affrontemententre le Loup et l'Agneau.

Tout est joué d'avance dans ce "procès" (v.29) truqué qui rappelle ceux menés par la police politiquedes régimes totalitaires.

Le Loup confisque la parole à l'Agneau et l'emploi du futur « tu seras châtié » v.9 met en évidence lacertitude de l'issue.Chaque étape semble aboutir à une victoire de l'agneau (rebondissements), mais la dernière et longue réplique prononcée par leLoup amène le dénouement en sa faveur.

Le texte est constitué de phrases courtes appelées asyndètes qui donnent du rythme àla fable et un effet dramatique. c) La moraleEnfin la fable est un récit à valeur morale.

Le récit possède une portée universelle (on le voit grâce à l'emploi du présent de véritégénérale puis brusque changement de temps avec le passé simple « reprit » v.11 et 8 : au-delà de la violence des rapports deforce existants dans le monde (la loi naturelle selon laquelle les plus forts dévorent les plus faibles), La Fontaine décrit lecomportement odieux de celui qui, non content d'exercer sa violence sur plus faible que lui, prétend la justifier par des arguments. »

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