Commentaire "Jour De Colère" de Pierre Emmanuel
Publié le 15/09/2006
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Introduction
Dans Jour de colère, paru en 1942, Pierre Emmanuel exprime ses sentiments et ses opinions à l'égard des oppresseurs nazis. Ce texte montre que les prisonniers sont, en fait, libres, que leur souffrance est une force. Leurs bourreaux ne pourront qu'être vaincus puisque tout – notamment les valeurs fondamentales, comme celles liées à Dieu – les condamne. Nous montrerons d'abord que ce poème est lyrique et pathétique pour embellir l'image des victimes. Puis, nous verrons que, devenues des martyrs, ces victimes révèlent l'existence d'un ordre supérieur. I. Un poème lyrique et pathétique… Le texte implique directement le poète, avec "mes frères", qui rapproche les victimes de celui qui parle : ils proches par leurs idées. Les vers 7 avec « vrais « qui suit le mot « hommes «, ainsi que le vers 8 montrent que ces « frères « sont au-dessus des tyrans et suggère que ces derniers ne sont pas humains. L'emploi de « dérisoire « (v. 11) indique que les ambitions des oppresseurs sont sans valeur et que ceux-ci seront, finalement, condamnés. L'univers évoqué au début est marqué par des notations pathétiques : les « frères « sont ceux qui souffrent. Les termes utilisés insistent sur la violence des tortures et l'intensité de la douleur. Ces « frères « sont des victimes sans défense : « yeux brûlés « (v. 2), « membres enchaînés « (v. 2), « visage troué lèvres mutilées « (v. 3). L'univers dépeint est donc symbole de souffrance. Les noms évoquent le corps : les yeux et les lèvres, moyens d'expression de la réprobation ; les membres, instruments de la lutte. La métaphore « Vous êtes ces arbres violents et torturés « transforme ces hommes en végétaux, cloués au sol : après avoir lutté et été « violents «, ils sont réduits à l'état d'êtres immobiles, soumis à ceux qui les « émondent «. Malgré la marque inportante du mal dans ce poème, les victimes et la souffrance sont, idéalisées. II. …qui idéalise des victimes et les sanctifie… L'idéalisation des victimes est présente dès l'ouverture du poème : ces dernières sont désignées par le mot « frères « (v. 1) et précédé par « ô «. Celle-ci est habituellement utilisée pour invoquer les êtres supérieurs. Par ailleurs, le mot « frères « met ici l'accent sur la valeur de ces hommes emprisonnés : ils sont proches du poète, de ses opinions, et ne peuvent donc être coupables. Leur valorisation provient d'ailleurs de leur position même de victimes : on ne peut qu'éprouver de la compassion pour ceux qui subissent de tels traitements. Le superlatif « plus « et le sens du verbe croître (v. 5) montrent que ces victimes ne sont pas abattues ; elles sont enfermées mais ne se soumettent pas pour autant : leur regard est « sans limites « (v. 7), leurs « yeux brûlés « ne les empêchent pas de voir les « libres lointains « (v. 14). Ils deviennent alors des martyrs. Un depassement d'eux meme leur permet d'échapper à la domination de leurs oppresseurs. Le verbe croître vers 5, bien que torturés, ces hommes « croissent plus puissants «. La conjonction de cause « parce que « révèle la force des victimes : c'est à cause de leur torture qu'elles acquièrent une dimension supérieure, à l'image des martyrs, et qu'elles deviendront des modèles. Les « frères « embrassent du regard « tout le pays d'humaine destinée « ; ici, l'association d'un espace géographique et du dessein de l'homme marque nettement leur supériorité ce que la préposition « sur « confirme. On retrouve ainsi la vision traditionnelle du martyr : sa souffrance est dépassée par la cause qu'il défend. Leur passage à la dimension de saints est ainsi justifié par le poète : s'ils sont des « hommes vrais « c'est parce qu'ils évoquent les prophètes et les martyrs. Les images confirment cette interprétation. En effet, leur « silence « est « la paix « des cieux ; leur corps, bien que mutilé, devient le réceptacle de la divinité et des idéaux religieux. Puis il y a toute une serie de mots pour justifier cela : « cieux «, « monts «, « prière «, « essence «, « devenir «, « Dieu «. Transition Ainsi le poète montre que les résistants, même emprisonnés et torturés, servent leur cause et l'humanité puisqu'ils opposent un ordre supérieur à celui des tyrans. III. …pour mieux révéler l'existence d'un ordre divin Dans le texte, les tyrans sont présentés comme passifs,« Il y a dans les tyrans une angoisse fatale «, qui les désignent comme le lieu où se développe une angoisse. Eux aussi subissent, mais leur souffrance n'est pas infligée par d'autres hommes. Ils sont désignés comme inférieurs, sous les cieux, « éther « ou jugés par Dieu. Le long enjambement des deux derniers vers montre qu'ils seront fatalement vaincus ; « Il y a dans les tyrans une angoisse fatale / Qui est la liberté effroyable «. Le champ lexical de la terreur est présent avec des termes forts : « angoisse « et « effroyable « qui désigne la peur paralysante, cause de l'effroi au sens propre, caractéristique habituel des divinités. Le tyran est alors celui qui règne par la force mais vit dans la peur. La condamnation des tyrans passe d'abord par l'univers tout entier. L'ordre humain est « dérisoire « (v. 11) lorsqu'on le compare à la nature. Les éléments naturels font d'ailleurs l'objet d'une énumération au pluriel « monts «, « cieux «, « astres « .L a hauteur « par-dessus «, v. 11, montre que les tyrans sont au sol. Ces éléments sont personnifiés ; ils vivent, respirent (v. 13), prient (v. 14), sont libres ; ils présentent des caractéristiques positives : les monts sont « très bleus «, les fronts sont « larges «, les « astres « sont « dans la liberté de leur essence «. « il y a « introduit ces hommes dans un univers de permanence, les liant au cosmos. Ainsi, la personnification associée à l'anaphore "il y a" souligne le contraste entre une nature supérieure et des tyrans renvoyés au rang d'objets. Si ces hommes sont libres alors qu'ils sont « dans les prisons «, c'est parce qu'ils s'intègrent dans l'ordre divin. Hommes « vrais «, ils voient au-dessus : grâce à leur « regard […] sans limites « ils peuvent distinguer les « libres lointains de la prière « (v. 14). L'alexandrin apporte à l'ensemble du poème une régularité engendrant un rythme permettant une meilleure progression vers la révélation finale : l'ordre des hommes ne prend son sens que dans la comparaison avec celui de Dieu. L'ordre divin crée une autre échelle, un autre point de vue. La notion de liberté est présente à la fin du premier vers à travers l'adjectif « libres «, mis en valeur par la construction même de la phrase, et réapparaît au milieu du dernier vers, associée à Dieu. Conclusion En 1942, l'humanité vit dans la lutte, la douleur et dans l'attente d'horizons plus clairs. Le poème Hymne de la liberté met en valeur la force de la souffrance. Les victimes, bien que présentées de manière pathétique, sont des martyrs, des modèles. Emmanuel évoque la puissance de ses « frères «, c'est-à-dire des résistants : bien qu'emprisonnés, ils sont les « hommes vrais « qui finiront par remporter la victoire puisqu'ils sont proches de Dieu, sanctifiés par Lui. En effet, c'est la divinité qui indique les véritables valeurs. Ce poème n'est pas un hymne offert à la Liberté, il est l'hymne « de « la Liberté. C'est elle qui guide les résistants, qui justifie leurs actes et leur douleur. D'autres poètes de la Résistance – Aragon, Desnos, Éluard, entre autres – feront de la Liberté le premier principe de l'humanité.
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propre, caractéristique habituel des divinités.
Le tyran est alors celui qui règne par la force mais vit dans la peur.
La condamnation des tyrans passe d'abord par l'univers tout entier.
L'ordre humain est « dérisoire » (v.
11) lorsqu'on le compareà la nature.
Les éléments naturels font d'ailleurs l'objet d'une énumération au pluriel « monts », « cieux », « astres » .L a hauteur «par-dessus », v.
11, montre que les tyrans sont au sol.
Ces éléments sont personnifiés ; ils vivent, respirent (v.
13), prient (v.
14),sont libres ; ils présentent des caractéristiques positives : les monts sont « très bleus », les fronts sont « larges », les « astres » sont« dans la liberté de leur essence ».« il y a » introduit ces hommes dans un univers de permanence, les liant au cosmos.Ainsi, la personnification associée à l'anaphore "il y a" souligne le contraste entre une nature supérieure et des tyrans renvoyés aurang d'objets.
Si ces hommes sont libres alors qu'ils sont « dans les prisons », c'est parce qu'ils s'intègrent dans l'ordre divin.
Hommes « vrais »,ils voient au-dessus : grâce à leur « regard […] sans limites » ils peuvent distinguer les « libres lointains de la prière » (v.
14).L'alexandrin apporte à l'ensemble du poème une régularité engendrant un rythme permettant une meilleure progression vers larévélation finale : l'ordre des hommes ne prend son sens que dans la comparaison avec celui de Dieu.
L'ordre divin crée une autreéchelle, un autre point de vue.
La notion de liberté est présente à la fin du premier vers à travers l'adjectif « libres », mis en valeurpar la construction même de la phrase, et réapparaît au milieu du dernier vers, associée à Dieu.
ConclusionEn 1942, l'humanité vit dans la lutte, la douleur et dans l'attente d'horizons plus clairs.Le poème Hymne de la liberté met en valeur la force de la souffrance.
Les victimes, bien que présentées de manière pathétique,sont des martyrs, des modèles.Emmanuel évoque la puissance de ses « frères », c'est-à-dire des résistants : bien qu'emprisonnés, ils sont les « hommes vrais »qui finiront par remporter la victoire puisqu'ils sont proches de Dieu, sanctifiés par Lui.
En effet, c'est la divinité qui indique lesvéritables valeurs.Ce poème n'est pas un hymne offert à la Liberté, il est l'hymne « de » la Liberté.
C'est elle qui guide les résistants, qui justifie leursactes et leur douleur.
D'autres poètes de la Résistance – Aragon, Desnos, Éluard, entre autres – feront de la Liberté le premierprincipe de l'humanité..
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