MOURIER Vincent TSM Commentaire de texte "Enquête sur l'entendement humain", Hume Personne ne peut savoir que le soleil se lèvera demain. Nous ne faisons qu'en pressentir très fortement la probabilité. Nous trouverions étrange d'émettre la proposition suivante : « le soleil ne se lèvera pas demain ». Or cette affirmation est parfaitement possible, elle a un sens. Elle n'est pas incompréhensible. Elle est donc digne d'être envisagée à titre de possibilité peu probable mais possible quand même. David Hume né le 7 mai 1711 à Édimbourg, mort le 25 août 1776, est un philosophe britannique, penseurs des Lumières écossaises et est considéré comme l'un des plus grands philosophes et écrivains de langue anglaise. Fondateur de l'empirisme moderne, radicaux par son scepticisme, il s'opposa tout particulièrement à Descartes : il ouvrit la voie à l'application de la méthode expérimentale, aux phénomènes mentaux. Son importance dans le développement de la pensée contemporaine est considérable. Nous allons étudier un extrait de "Enquête sur l'entendement humain" Cet ouvrage est la simplification d'une oeuvre précédente, le Traité de la nature humaine publié sans nom à Londres en 1739-1740. Dans cet extrait, Hume veut montrer la différence entre une fiction et une croyance. En premier lieu, il s'intéresse aux notions de fiction et de croyance pour tenter d'en faire la différence : « la différence entre la fiction et la croyance se trouve dans quelques sentiments ou manière de sentir, annexé à la dernière et non à la première, ne dépendent pas de la volonté et ne peut se commander à plaisir » Il affirme que c'est la manière de sentir qui permet de faire la différence entre ces deux notions. En effet, selon l'auteur, la croyance n'est pas quelque chose qu'on veut, ou qu'on choisit, mais bien quelque chose de naturel. Il affirme que la croyance est un sentiment naturel qui est en nous. Il faut que ce sentiment naisse d'une situation généralement attribué au hasard. Ensuite l'auteur monte en généralité. Il affirme qu'à chaque fois que l'on voit un objet, immédiatement, l'homme conçoit l'objet qui lui est généralement associé. Comme lorsque nous voyons une clé, nous nous imaginons tout de suite quelle sert à ouvrir une porte. C'est en cela que Hume définit la nature de la croyance. Il en déduit que la conception de l'objet est dut à une manière de sentir, et à la certitude de nos sentiments. C'est-à-dire de l'assurance pleine et entière de l'exactitude de quelque chose. C'est pourquoi, on pense que ce que l'on croit est exact.Hume approfondit sa distinction entre fiction et croyance. Il affirme qu'il n'y a rien que nous puissions croire assez fortement pour imaginer que son contraire soit possible, la croyance est la faculté de penser qu'un fait est vrai et d'être « incapable de concevoir le contraire ». Ainsi pour la fiction il n'y a rien d'inimaginable, alors que pour la croyance, certaines choses sont impossibles. Nous considérons que nous connaissons un phénomène quand nous pouvons en déterminer la cause. Nous formulons des enchaînements de faits qui nous livrent les lois auxquelles se soumettent les faits observables. En distinguant ici la fiction de la croyance, Hume tente de révéler une toute autre approche de cette certitude. Ce que nous appelons certitude n'est que le produit d'un travail d'imagination, d'anticipation née de l'observation répétée d'une expérience. C'est donc dans l'expérience et l'habitude de la répétition de rapports entre des faits que le sentiment que tel ou tel événement se produise après tel autre se créé. La croyance est une anticipation doublée d'un sentiment par quoi elle se distingue de la fiction qui elle ne consiste que une anticipation « tout court ». La démonstration de Hume tend à nous faire comprendre que nous vivons d'abord et nous en tirons des conclusions ensuite. Nous ne savons rien, nous ne faisons que croire pour ensuite prévoir ce qui va se passer. Le passage se termine par la référence à l'exemple qui éclaire l'ensemble du texte. L'auteur optimise l'effet de compréhension de l'exemple en le mettant en perspective par rapport aux termes précédemment utilisés (« conception, contradiction sentiment »). Tout ce qu'un esprit peut concevoir de situations représentables, « pensables », énonçables mais extrêmement peu probables nous fait expérimenter les limites mêmes du réel. Mais la profondeur de sa conception va plus loin encore dans la mesure où ce qui différencie la certitude de la croyance est un certain rapport au réel (quand je sais une chose, je pense que cette chose « est » ou « sera »vraie .Le champ de notre rapport au réel se situe entre deux extrêmes inexistants : la certitude et l'impossible. C'est donc en distinguant la croyance de la fiction que nous comprendrons vraiment en quoi elle consiste. Si nous croyons que le stylo va tomber quand il roule vers le bord de la table, c'est parce que le sentiment de probabilité qui accompagne cette représentation du futur proche est plus fort que celui qui accompagne la représentation d'un stylo montant au plafond. Ce n'est pas que je veuille qu'il tombe ou que j'en ai davantage envie, c'est plutôt que je ne peux pas réprimer la force de l'habitude. Ce n'est pas l'entendement qui prévoit, c'est l'imagination qui se souvient d'une expérience passée un rapport entre deux objets ou situations. Il est nécessaire ici de distinguer très clairement la causalité de l'habitude : ce n'est pas parce qu'il quitte le support de la table qu'il va tomber, mais j'ai l'habitude de le voir quitter la table et tomber. Qu'est-ce qui différencie ma croyance dans le fait qu'une boule choquée par une autre va se mouvoir sous l'impulsion du contact, et cette autre selon laquelle cette même boule dans la même situation va rester immobile ? le bon sens , l'évidence, ou la connaissance de la loi des corps en mouvement? Hume expose ici un sentiment qui fait de la première possibilité une croyance et de la seconde une fiction. Le sentiment ne naît pas d'une sensibilité particulière, la notre, mais d'une « situation ». La boule lancée vers la seconde et la seconde boule animée par le mouvement de la première sont des conjectures faites par l'esprit depuis l'habitude. Mais il n'y a pas de chose de fait à quoi nous croyions si fermement que nous ne puissions concevoir le contraire. L'imagination n'a aucun pouvoir de se représenter de la non-existence. Le simple fait que nous puissions nous représenter des choses normalement impossibles prouvent qu'elles ne le sont pas. Il n'y a dans la réalité que des mises en situation reliées les unes aux autres. Le fait que je dise que x est en relation avec y et que x n'est pas en relation avec y implique contradiction. Imaginer une licorne fait exister l'image d'une licorne, poser un raisonnement comme rapport d'un x avec un autre élément y ne fait exister aucune image de x parce qu'il n'y en a pas. Concernant ce que l'on appelle les vérités de fait : le fait que le soleil se lèvera demain, par exemple. Il n'est rien de cet acte qui m'empêche d'envisager la possibilité qu'il ne se lève pas. Une idée, simple ou complexe, existe dans l'esprit avec un certain degré de force. Une idée qui n'a aucune force n'existe pas pour l'esprit, elle ne suscite aucune impression. En ce qui concerne la croyance, la thèse de Hume est la suivante : la croyance n'ajoute rien à l'idée, elle correspond seulement à un certain degré de force de l'idée dans l'esprit, et ce degré de force est plus élevé lorsque nous croyons en quelque chose que lorsque nous n'y croyons pas. Se faire l'image de quelque chose que nous avons déjà vu, que nous connaissons est plus facile et plus "réel" que l'image de quelque chose inventer de toute pièce, sans utiliser de souvenirs. L'enjeu de cette définition de la croyance réside dans l'exclusion de toute référence à la certitude. On perçoit ainsi jusqu'où le scepticisme de Hume peut aller dans la tentative de transformation du " je sais" de la science en "je crois". « Ces principes de la nature humaine, direz-vous, sont contradictoires : mais l'homme est-il autre chose qu'un noeud de contradictions ? » G. Robel