Commentaire du chapitre 27 : « Comment un moine de Seuillé sauva l'enclos de l'Abbaye du saccage des ennemis » Gargantua de François Rabelais
Publié le 15/09/2006
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Nous allons étudier dans ce commentaire, le chapitre 27 de Gargantua écrit par l’humaniste François Rabelais en 1534. Gargantua est la suite de Pantagruel écrit en 1532, les deux livres racontent l’histoire de deux géants, père (Gargantua) et fils (Pantagruel). Ce chapitre relate le combat d’un moine de l’abbaye de Seuillé contre l’armée de Picrochole, roi de Lerné, qui suite à une altercation entre des Bergers de Grandgousier et des fouaciers de Lerné, envoie une armée décimer et piller le pays de son ancien ami Grandgousier. Dans ce commentaire on cherche à montrer en quoi ce chapitre se construit comme un satire de la guerre et de la religion. Dans un premier temps nous analyserons la satire de la guerre en dressant le portrait du héros qu’est frère Jean des Entommeures et en étudiant son combat qui est digne d’une chanson de geste. Puis nous observerons le mécanisme de la satire religieuse en remarquant la dénonciation des superstitions religieuses et en soulignant le comportement inapproprié des moines de l’abbaye. Dans ce chapitre Rabelais dresse une satire de la guerre en se moquant de l’intérêt porté aux exploits chevaleresques souvent exagérés et de la non objectivité des chansons à gestes et autres récits épiques de son époque. Le registre épique n’existerait pas sans la présence d’un héros. C’est ce qu’est ici le frère Jean des Entommeures, il possède toute les qualités digne d’un chevalier, « jeune, vigoureux, gaillard, joyeux, bien adroit, hardi, entreprenant, décidé, grand, maigre, fort en gueule, le nez avantageux « (l 28-30), fort « de ses muscles « (l 113) il serait le stéréotype même du héros chevaleresque si seulement il n’était pas moine. C’est là-dessus que Rabelais joue pour faire rire son lecteur, imaginant un moine, vêtu d’une « casaque, le froc accroché à sa ceinture « (l 79) terrassant tout seul et à tours de bras «treize mille six cent vingt-deux « (Ligne 165) soldats avec pour seule arme, « un bâton de la croix « (l 76) lui servant de « lance « (l 77). Comme tout héros, Jean des entommeures à une quête à suivre mais celle-ci n’est pas des plus glorieuse car il s’agit de sauver du pillage le vignoble de l’abbaye. Le nom de ce moine à la force extraordinaire n’est pas anodin car Jean des entommeures signifie Jean des entameures soit du hachis ou de la chair à pâté. Un héros stéréotypé n’en serait pas un si celui-ci ne faisait pas preuve d’un narcissisme important et d’une confiance en lui à toute épreuve comme le prouve le passage : « Saint Thomas d’Angleterre accepta de mourir pour eux : si je mourais ne serais-je pas saint moi aussi ? Mais je n’y mourrai pas, car c’est moi qui vais tuer les autres « (l 71-74). De plus la référence finale à la chanson des quatre fils Aymon « Jamais l’ermite Maugis, avec son bourdon, ne se porta si vaillamment contre les Sarrasins, dont on raconte l’histoire dans la chanson des quatre fils Aymon, que le moine face aux ennemis avec le bâton de la croix « insiste sur l’analogie entre la description de Jean des entommeures et d’autres héros de chanson à geste L’auteur se moque donc ici du héros, dont on fait l’éloge dans les récits épiques afin de faire oublier l’horreur de la guerre et de susciter des vocations de soldat, en exagérant les caractéristiques du chevalier afin de le tourner en ridicule. Notre héros se lance donc dans un fabuleux combat digne des plus grandes chansons à gestes. Là encore on rentre dans la satire de la guerre, tout d’abord car il y a deux clans bien distincts que sont les gentils et les méchants. Les méchants sont déshumanisés ce qui permet au gentil héros de les massacrer sans scrupule comme le prouve la comparaison : « comme des porcs « (l 89). Ils sont du coté du diable ce qui explique le fait qu’ils ne soient pas touchés par la peste, chose que Rabelais tient à souligner par son intervention et sa question rhétorique visant à faire réfléchir le lecteur « d’où vient cela, messieurs ? Pensez –y je vous prie « (l 12-13). Les ennemis sont qualifiés de « diables pillards et meurtriers « (l 11) responsables « d’un épouvantable désordre « (l 15). Le gentil lui a toutes les qualités comme on l’a vu précédemment et est toujours en infériorité numérique par rapport aux méchants (1 pour 13622) ce qui ne l’empêche pas de triompher sans aucune difficulté de ses ennemis. Ainsi notre héros « chargeait si rudement , sans crier gare qu’il renversait comme des porcs, frappant à tort et à travers selon l’ancienne escrime « (l 87-90) faisant subir à ses ennemis maintes méthodes de combats décrite avec une grande précision insistant sur le registre anatomique : « Vertèbres, cervelle, reins, mâchoires omoplates etc.. « (l 91-119) l’auteur insiste encore plus sur l’horreur de la scène par son intervention : « Croyez bien que c’était le plus horrible spectacle qu’on ait jamais vu « (l 119-120). L’efficacité meurtrière et l’impitoyabilité du héros est soulignée par l’anaphore des « Si « (lignes 98-112) qui insiste sur le fait que quoique l’ennemi fasse il sera abattu et que rien ne peut le sauver de la toute puissance du héros. En effet aucun n’en réchappe car tout les blessés sont égorgés par « de beaux canifs, c'est-à-dire des petits couteaux dont les petits enfants de notre pays décortiquent les noix « (l 151-153) on remarque l’anaphore des petits qui insiste sur le ridicule de mourir de cette manière chose que, Rabelais, encore une fois souligne avec sa question « Savez vous comment ? «. L’auteur exagère chaque détail du combat pour le rendre invraisemblable. En parodiant les chansons de gestes, Rabelais satirise le culte guerrier et la guerre en général. Dans ce chapitre également, Rabelais satirise la religion en dénonçant les incohérences de l’église et de la religion catholique. Tout au long de ce chapitre, Rabelais dénonce les superstitions et l’hypocrisie de ceux qui se disent de confession catholique. Tout d’abord chez les moines, qui ne savent que faire en voyant les soldats dévaster leur chères vignes, source du vin sacré : « Les pauvres diables de moines ne savaient à quel saint se vouer. A tout hasard, ils firent sonner le rappel des moines au chapitre. Là on décréta de faire une belle procession, renforcée de beaux sermons et litanies contre les assauts des ennemis, et de beaux répons pour la paix « (l 21-26), l’anaphore des adjectifs beaux/belle montre que ces actions n’ont aucune utilité et ne servent qu’à faire joli et le mot « hasard « décrédibilise encore plus leur action. On remarque aussi que les moines se perdent dans leur dulie car il n’y a pas de saint protégeant les vignes des assaillants. Il s’agit belle et bien d’une satire de la religion ici car l’auteur tourne en dérision le comportement monacale en les qualifiant même de « pauvres diables « (ligne 21) et dénonce la superstition dont font preuve même les hommes d’église qui est de croire qu’une simple prière peut faire des miracles. On remarque aussi une certaine superstition de la part des assaillants écrasés par frère Jean. Ainsi dans les lignes 122 à 140 les vaincus font appel à différents saints pour sauver leurs âmes, croyant que cela pardonnera tout les péchés commis. Encore une fois ici la dulie est dénoncée et même tournée en dérision, dans cette énumération, parmi les saints courants comme « saint Georges « ou « sainte Barbe « se retrouve la « sainte Nitouche « (l 124) qui signifie hypocrite dans le langage courrant, il y a dénonciation de l’hypocrisie de ceux qui ayant péché toute leur vie, demande rédemption et accession au paradis quand leur heure est arrivée. Il y a aussi une dénonciation de l’hyperdulie avec une duplicité de « Notre-Dame « (l 125 - 126) alors qu’il n’y a qu’une seule Vierge Marie. Par l’évocation de deux saints suaires (Cadouin et Chambéry, lequel a étrangement été brûlé trois mois après sa découverte.) Rabelais met en cause la foi de ceux qui ont besoin de preuves pour croire en Jésus. Puis après l’évocation de nombreux saints locaux, l’énumération se conclut par l’hyperbole « et mille autres bons petits saints « (135-136) qui laisse entendre que tout ça n’est aucunement sérieux. D’ailleurs frère Jean est conscient de l’absurdité du pardon des soldats en prononçant la phrase contenant une antithèse « Ceux-ci sont confessés et repentants, ils ont gagné leur pardon : ils s’en vont au Paradis, aussi droit qu’une faucille et que le chemin de Foix « (l 160-162). On peut voir dans ce chapitre que les faux croyants sont présents à tout niveaux autant parmi la population que parmi les moines eux-mêmes ! Rabelais veut dénoncer le comportement des moines qu’il juge inutiles socialement, ridicules et malhonnêtes en exagérant les défauts qui leurs sont reprochés. Il choisit ainsi comme héros un moine possédant tout les défauts usuellement reprochés aux moines : l’amour de la bouteille comme le prouvent de nombreux passages : «Que boirons nous autres pauvres diables ? « (l 48-49), « jamais honnête homme ne déteste bon vin « (l 56-57) , « Seigneur Dieu, donne moi à boire ! « (l 49), le langage cru « c’est dit il bien chié chanté « (l 41) , le blasphème « Je me donne au diable « (l 45) et les jurons « par dieu ! « (l 48) « ventredieu « (l 70). Frère Jean ne respecte même pas les principes fondamentaux car il tue sans pitié, ne faisant pas attention au désir de repentance, ni à son devoir de pardon. Les moinillons sont méprisables car au lieu de délivrer l’extrême onction aux mourants repentants, ils préfèrent aller voir frère Jean afin de pouvoir si possible combattre avec lui chose qui n’est pas digne d’un moine. Frère Jean « répondit d’égorger ceux qui étaient restés à terre « (l 148), alors ils enfreignent un des 10 commandements en devenant des moinillons tueurs, dépouilleurs de morts « quelques moinillons emportèrent les enseignes et drapeaux dans leur chambre pour en faire des jarretières « (l 155 157). Bien que Rabelais dénonce les pratiques de la religion catholique, il n’est malgré tout pas protestant. Ce chapitre est une synthèse d’un registre phare au XVI eme siècle, le registre épique, tourné en dérision afin d’en dénoncer les lacunes. Bien que le but de ce chapitre soit d’être une satire de la religion et de la guerre, c’est aussi un conte dont la morale est que parfois la violence est légitime et qu’il faut parfois sortir de son statut afin d’améliorer les choses. Ce chapitre se rapproche par son thème de l’éloge de la folie d’Erasme par sa dénonciation des pratiques religieuses à son époque.
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chapitre.
Là on décréta de faire une belle procession, renforcée de beaux sermons et litanies contre les assauts des ennemis, et debeaux répons pour la paix » (l 21-26), l'anaphore des adjectifs beaux/belle montre que ces actions n'ont aucune utilité et neservent qu'à faire joli et le mot « hasard » décrédibilise encore plus leur action.
On remarque aussi que les moines se perdent dansleur dulie car il n'y a pas de saint protégeant les vignes des assaillants.
Il s'agit belle et bien d'une satire de la religion ici car l'auteurtourne en dérision le comportement monacale en les qualifiant même de « pauvres diables » (ligne 21) et dénonce la superstitiondont font preuve même les hommes d'église qui est de croire qu'une simple prière peut faire des miracles.
On remarque aussi unecertaine superstition de la part des assaillants écrasés par frère Jean.
Ainsi dans les lignes 122 à 140 les vaincus font appel àdifférents saints pour sauver leurs âmes, croyant que cela pardonnera tout les péchés commis.
Encore une fois ici la dulie estdénoncée et même tournée en dérision, dans cette énumération, parmi les saints courants comme « saint Georges » ou « sainteBarbe » se retrouve la « sainte Nitouche » (l 124) qui signifie hypocrite dans le langage courrant, il y a dénonciation del'hypocrisie de ceux qui ayant péché toute leur vie, demande rédemption et accession au paradis quand leur heure est arrivée.
Il ya aussi une dénonciation de l'hyperdulie avec une duplicité de « Notre-Dame » (l 125 - 126) alors qu'il n'y a qu'une seule ViergeMarie.Par l'évocation de deux saints suaires (Cadouin et Chambéry, lequel a étrangement été brûlé trois mois après sa découverte.)Rabelais met en cause la foi de ceux qui ont besoin de preuves pour croire en Jésus.
Puis après l'évocation de nombreux saintslocaux, l'énumération se conclut par l'hyperbole « et mille autres bons petits saints » (135-136) qui laisse entendre que tout çan'est aucunement sérieux.
D'ailleurs frère Jean est conscient de l'absurdité du pardon des soldats en prononçant laphrase contenant une antithèse « Ceux-ci sont confessés et repentants, ils ont gagné leur pardon : ils s'en vont au Paradis, aussidroit qu'une faucille et que le chemin de Foix » (l 160-162).
On peut voir dans ce chapitre que les faux croyants sont présents àtout niveaux autant parmi la population que parmi les moines eux-mêmes !Rabelais veut dénoncer le comportement des moines qu'il juge inutiles socialement, ridicules et malhonnêtes en exagérant lesdéfauts qui leurs sont reprochés.
Il choisit ainsi comme héros un moine possédant tout les défauts usuellement reprochés auxmoines : l'amour de la bouteille comme le prouvent de nombreux passages : »Que boirons nous autres pauvres diables ? » (l 48-49), « jamais honnête homme ne déteste bon vin » (l 56-57) , « Seigneur Dieu, donne moi à boire ! » (l 49), le langage cru « c'estdit il bien chié chanté » (l 41) , le blasphème « Je me donne au diable » (l 45) et les jurons « par dieu ! » (l 48) « ventredieu » (l70).
Frère Jean ne respecte même pas les principes fondamentaux car il tue sans pitié, ne faisant pas attention au désir derepentance, ni à son devoir de pardon.
Les moinillons sont méprisables car au lieu de délivrer l'extrême onction aux mourantsrepentants, ils préfèrent aller voir frère Jean afin de pouvoir si possible combattre avec lui chose qui n'est pas digne d'un moine.Frère Jean « répondit d'égorger ceux qui étaient restés à terre » (l 148), alors ils enfreignent un des 10 commandements endevenant des moinillons tueurs, dépouilleurs de morts « quelques moinillons emportèrent les enseignes et drapeaux dans leurchambre pour en faire des jarretières » (l 155 157).Bien que Rabelais dénonce les pratiques de la religion catholique, il n'est malgré tout pas protestant.
Ce chapitre est une synthèse d'un registre phare au XVI eme siècle, le registre épique, tourné en dérision afin d'en dénoncer leslacunes.
Bien que le but de ce chapitre soit d'être une satire de la religion et de la guerre, c'est aussi un conte dont la morale estque parfois la violence est légitime et qu'il faut parfois sortir de son statut afin d'améliorer les choses.Ce chapitre se rapproche par son thème de l'éloge de la folie d'Erasme par sa dénonciation des pratiques religieuses à sonépoque..
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