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Commentaire de texte, Victor Hugo, Fable ou histoire, livre III

Publié le 15/05/2011

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Commentaire de texte

Fable ou histoire, Livre III, Victor Hugo

 

Victor Hugo, à la fois écrivain, poète, homme politique, intellectuel, est un célèbre personnage français qui a marqué le XIXème siècle. Il est considéré comme l'un des plus grands écrivains du romantisme français. Dans Les Châtiments, il utilise la poésie pour établir une dénonciation du régime politique et plus particulièrement pour montrer sa \"haine\" face à Napoléon III. Fable ou Histoire, Livre III, issu donc des Châtiments est le texte que nous étudierons. Il a été écrit en 1853, alors que Victor Hugo est exilé, suite à son opposition au coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte. Cette fable  nous conte l'histoire d'un singe se déguisant en tigre pour semer la terreur autour de lui. Comment Victor Hugo associe-t-il alors une fable et ses caractères plaisants, à une dimension purement dénonciatrice ? Nous le verrons en deux parties. En effet, ce texte est une fable et a alors des fonctions divertissantes mais il a cependant un tout autre rôle dénonciateur et moraliste.

 

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Ce texte peut tout de suite être identifié comme une fable grâce à sa structure organisée et caractéristique des fables. On commence par une introduction, pareil à une situation initiale (vers 1 et 2), par la suite on découvre les péripéties du singe revêtit de la peau de tigre (vers 3 à 17), puis un renversement brutal de la situation avec la découverte de la réalité par le belluaire (vers 18 à 20). Ce renversement pourrait être comparé à une \"chute\" dans la fable et amène le lecteur à établir une morale qui n'est pas dite explicitement.

Cette fable est remarquable, le fabuliste expose son talent par l'utilisation d'alexandrins tout au long du texte et par la riche versification. On observe beaucoup de rimes riches (\"émigre\"/\"tigre\", \"carnage\"/\"personnage\", \"épines\"/\"rapines\") qui sont disposées en rimes plates.

Les informations sur le cadre spatio-temporel sont très vagues voir inexistantes. La seule indication donnée est \"Un jour\" au premier vers. Ce genre de formule où l'action est située dans un passé indéterminé, est souvent utilisée dans les contes par exemple, et informe le lecteur qu'il s'agit là de récit fictif. D'où peut être la volonté de Victor Hugo à utiliser le terme \"ou histoire\" dans le titre.

De plus cette fable a une certaine dynamique, la plupart des verbes sont au passé simple ce qui donne au lecteur l'impression que les actions sont brèves et s'enchaînent (\"s'embusqua\", \"entassa\", \"égorgea\") et rend alors le récit plus vivace.

       La présence d'animaux est également particulièrement spécifique à la fable. Ils rendent le récit plaisant et plus accessible. A ces animaux, on leur a attribué des caractères humains spécifiques, ils en font alors la satyre. Ici bien sûr le choix des animaux n'a pas été fait au hasard. Le singe est un animal plutôt considéré comme malfaisant et pas des plus malins. Le tigre, lui, plutôt comme une personne qui domine et s'impose.

 

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 Ainsi, une critique des caractères humains est faite à travers les animaux et ici ces animaux représentent des personnes en particulier (ce qui n'est pas toujours le cas dans les fables). Victor Hugo représente alors Napoléon III sous les traits du singe, il est en soif de pouvoir royal, tel est le double sens de l'expression \"un royal apétit\" (vers 1).

On observe la claire dénonciation des prétentions et du caractère usurpateur de Napoléon III, qu'essaye de nous faire parvenir Victor Hugo : \"Je suis le vainqueur des halliers, le roi sombre des nuits !\" (vers 5 et 6). Il accuse aussi toutes les atrocités commises par celui-ci. En effet, il y a une dominance du champ lexical de la méchanceté : \"atroce\", \"féroce\", \"horreur\", \"meurtre\", \"affreux\". Ces termes peuvent aussi êtres qualifiés d'hyperboliques, ils cherchent à choquer d'avantage le lecteur.

 Napoléon III porte le nom de son oncle, Napoléon I, il tente donc de lui ressembler par l'apparence mais aussi dans ses actes comme cité précédemment, ce pourquoi il utilise une peau de tigre. Celle ci représente Napoléon I. Victor Hugo dénonce alors l'usurpation de Napoléon III, qui se sert de l'image de son oncle et cherche alors l'imiter. Il expose ici sa haine face à ce personnage et sa désapprobation de la politique que mène Napoléon III, même si la présence du poète ne se fait pas beaucoup sentir dans ce texte. Victor Hugo est en fait le belluaire qui découvre à la fin la véritable identité du singe.

On assiste alors à une deuxième dénonciation, cette fois plutôt morale : celle de  l'imposture. Le singe cache son identité derrière un masque, ici derrière la peau de tigre. Il y a donc une opposition entre la méchanceté volontaire du singe à vouloir semer la terreur et entre la méchanceté \"naturelle\" du tigre. Une autre évocation est faite au thème du masque : \"un antre\" (vers 11) qui est un endroit où l'on se cache. Les 3 derniers vers sont saisissants, l'utilisation de la négation restrictive \"Tu n'es qu'un singe\" insiste sur le côté péjoratif. Ces paroles sont prononcées par le belluaire (Victor Hugo), et souligne l'imposture du singe. Victor Hugo critique donc par cela Napoléon III, et son imposture envers le peuple français.

 

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        Ce poème n'a rien d'anodin, il reste plaisant par ses aspects de fable mais amène le lecteur à une profonde réflexion. La morale n'étant pas vraiment explicite, le lecteur est influencé par la critique mise en place par Victor Hugo pour établir, ensuite, lui-même, son propre jugement. Voici tout l'art du fabuliste : plaire et instruire en même temps. Ici, Victor Hugo nous fait donc part de sa critique envers Napoléon III. L'écriture a toujours permis aux auteurs de s'exprimer et d'exposer leurs idées. La fable est un moyen d'y parvenir tout en restant distractive, par la présence d'animaux par exemple. En effet, l'usage de la fiction permet ce travail de réflexion du lecteur. Les personnages (ici les animaux, le singe et le tigre) incarnent des valeurs rejetées par l'auteur et sont associés a des traits caricaturaux qui dévalorisent. Cependant Victor Hugo n'est pas le premier à utiliser ce type de récit, Jean de La Fontaine reste celui qui a diffusé ce genre poétique, dont s'inspire ici Victor Hugo. 

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