Commentaire de l'Albatros
Publié le 06/11/2012
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Questions: "Le Poète est semblable au prince des nuées": Comment comprenez-vous cette analogie? Etudiez la dimension allégorique de ce texte. En quoi ce texte constitue-t-il une allégorie du poète? Etudiez les figures d'opposition dans ce texte. Quel regard sur le monde nous livre ce texte? Montrez que ce texte nous présente le poète comme une figure marginale. Etudiez le motif de la chute dans ce texte. Eléments d'introduction: Eléments d'introduction: - Charles Baudelaire (1821-1867). Deux ouvrages poétiques qui laissent une empreinte durable dans l'histoire de la poésie: Les Fleurs du Mal et le Spleen de Paris (connu aussi sous le titre: Petits poèmes en prose). Il est aussi un critique d'art très inspiré. - La publication des Fleurs du Mal en 1857 fait scandale, et donne lieu à un procès. On reproche à Baudelaire ses images, considérées comme infectes, immorales. En fait, en élevant le mal et "l'ordure" au rang poétique, Baudelaire va encore plus loin dans le geste de libération de la poésie entrepris par les Romantiques. Ses poèmes en proses, écrits 5 ans plus tard, poursuivront dans cette voie d'une plus grande libération. - Baudelaire revendique un goût prononcé pour l'artifice, la beauté illusoire qui procure une ivresse intense (il écrira notamment un ouvrage sur son goût pour ce qu'il nomme les Paradis artificiels" - vin, haschisch, opium). - La "réalité" est pour lui d'un ennui "mortel" apportant la mélancolie, ou ce qu'il appelle le Spleen, état de profond accablement. - Baudelaire cultive les images ambiguës, notamment de la femme, liée à un érotisme teinté de mort. Une scène de cruauté Cruauté morale et physique Tortures physiques (« brûle-gueule «) Sadisme des tortionnaires: « pour s'amuser « dès le premier vers Scène placée sous le signe de l'humiliation: champ lexical de la honte (« maladroit et honteux «;« gauche et veule «) Une scène réaliste Champ sémantique attaché à la scène décrit un univers fruste, grossier: « hommes d'équipage «, « planches «, « avirons «, « brûle-gueule «. Utilisation d'un vocabulaire très concret qui s'oppose à l'univers de « l'albatros « (nuée, azur)? Mise en avant d'une cruauté morale, donne une lecture de la nature humaine particulièrement crue. Aspect « mécanique « de la scène ( adverbes : « Souvent «, « A peine «). Le groupe d'homme n'est pas perçu comme une conscience, la scène est montrée comme répétititive et obéissant à des lois immuables. La chute d'un « roi « Structuration du texte évoquant la chute Quatrain 1. Monde aérien, rythme ample de la phrase; l'albatros décrit comme « vaste oiseau des mers «: ciels et mers s'unifient sous l'adjectif « vaste « comme des lieux de profondeurs (par opposition aux « planches « du navire qui figurent un lieu rétréci Quatrains 2 et 3: Chute brutale de l'albatros au sol. Rupture très marquée à l'hémistiche (moitié du vers) de l'alexandrin: « Que ces rois de l'azur, // maladroits et honteux «. Sorte de « cassure « au milieu du vers qui fait passer violemment de la splendeur au grotesque. On notera en outre dans ces quatrains un rythme de phrases plus saccadé (notamment la strophe 3) évoquant les souffrances de l'animal. Principe de solidification: les ailes qui deviennent « avirons «, qui « empêchent de marcher « ce « prince des nuées « donne le sentiment qu'on est passé brusquement d'un état aérien, « gazeux « pour ainsi dire à un état « solide «, lourd. L'allégorie du poète Le poète exilé Dernière strophe dévoile à travers une comparaison explicite le sens du poème: l'albatros EST le poète. A partir de là, le texte se lit comme une métaphore filée, une allégorie très construite où les marins sont les « braves « gens, le bateau est la société des hommes, et le ciel et la mer sont l'univers intérieur et tourmenté du poète. Le poète est « exilé sur le sol «: Baudelaire pratique une sorte d'inversion des valeurs où il affirme que chez soi, c'est toujours ailleurs. [Plus tard, il écrira un poème en prose intitulé: « Anywhere, out of the world «( N'importe où, hors du monde). Rimbaud quant à lui dira que « Je est un autre «; sans oublier Cendrars: « je suis l'autre, celui qui écrit «]. Noter également que dès le début du texte, l'albatros se tient à l'écart: il « suit « le navire, comme près du monde mais sans y habiter. Le poète incompris Le monde fait référence à une sorte de scène de théâtre: « planches «, « mime «, « huées «. L'humiliation du poète albatros a quelque chose de spectaculaire: à la profondeur vaste du monde du poète s'oppose la vulgarité du spectacle humain (noter l'opposition « nuées «/ « huées «) Ironie tragique: « ses ailes de géants l'empêchent de marcher «; ambivalence du génie poétique qui est perçu comme une tare, comme une malédiction (thème cher à Baudelaire; cf. Bénédiction) Un espoir tout de même? Le poète est celui qui affronte la tourmente, « qui hante la tempête et se rit de l'archer «. Il est celui qui habite les terrains impraticables; le monde au contraire, navire qui, « glisse sur les gouffres amers « est toujours exposé à une menace, à un danger. Poème qui est une sorte de « négatif « de l' « invitation au voyage «, à l'exil volontaire, très présent dans la poésie baudelairienne
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