Commentaire de Français: Les Yeux d'Elsa
Publié le 16/10/2010
Extrait du document
Louis Aragon, né le 3 octobre 1897 à Neuilly-sur-Seine et mort le 24 décembre 1982 à Paris. C’est un poète, romancier, journaliste et essayiste français. Il est connu pour son engagement et son soutien au Parti communiste français de 1930 jusqu'à sa mort. Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux poètes furent mobilisés comme Louis Aragon. Ils devinrent alors des résistants dans les milieux intellectuels, et s'engagèrent par la plume. Les Yeux d’Elsa est un recueil de 21 poèmes qui a été publié en 1942. Il rassemble des poèmes parus en revues entre juin 1941 et février 1942. Par son recueil, Louis Aragon dénonce la guerre et entame un chant de la résistance. Ce recueil de poésie lui était inspiré par Elsa Triolet, sa femme. Le contexte politique de l'époque impose une stratégie et forme des oeuvres littéraires. Aragon doit donc contourner la censure. Il y développe alors la « poésie de contrebande ». Il s'agit d'une poésie codée où l'oeuvre devient une énigme à déchiffrer afin d'éviter la censure. Le premier poème, qui donne le titre au recueil, est une description codée des yeux d’Elsa. Il se compose de 10 quatrains en alexandrins. Cependant, quelles sont les différentes images associées aux yeux d’Elsa et quelle sensation l’auteur veut-il nous faire passer ?
Pour répondre à cela, nous allons étudier quel est le symbolisme des yeux d’Elsa et la souffrance de la guerre décrite par Aragon.
Des le début, nous remarquons que Aragon joue sur les rimes embrassées qui alternent le masculin et le féminin comme si deux êtres se tournaient autour. Cette première strophe est synonyme d’espoir. Dans la deuxième et troisième strophe, les yeux chassent la peine et la tristesse : « Tes yeux rendent jaloux le ciel d’après la pluie ». Les yeux symbolisent également le changement climatique : « Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent ». Aragon décrit les yeux d’Elsa par des métaphores se rapportant à la couleur, et la brillance. Le bleu de ses yeux sont décris comme : « Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire… » (Strophe une) fait référence à un cours d’eau, un lac. Il fait référence par la suite au ciel dans la deuxième strophe : « […] Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés. ». Puis finis par les décrirent comme de la lavande à la huitième strophe : « Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où. ».
Ensuite, l’auteur fait donc référence à la brillance des yeux par des étoiles à la huitième strophe : « Moi je voyais briller au-dessus de la mer. » voire même à des étoiles filantes qui passeraient dans le ciel à la suite, ou à un fusillement du regard lorsque Aragon emploi une répétition : « Les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa les yeux d’Elsa. ».Il y a une dimension cosmique, nous passons de l’infiniment petit (caractérisé par la nature) a l’infiniment grand (caractérisé par les étoiles) du regard qui signifie la colère, les yeux peuvent dégager un reproche. Il caractérise aussi les yeux scintillants par un métal : « […] ce radium… » qui est un métal blanc brillant radioactif et qui a permis aux soldats d’être soigné. Puis la brillance des yeux décrite comme un phare : « Moi je voyais briller au-dessus de la mer. ».
Nous remarquons que les métaphores portant sur la couleur et la brillance des yeux sont séparées en deux parties, nous constatons que les métaphores portant sur le bleu se situent en majorité dans la première partie, tandis que celles portant sur la brillance se trouvent dans la deuxième. Une transition est assurée entre les deux par le vers : « L’iris troué de noir plus bleu d’être endeuillé. » dont le noir évoque le deuil et la souffrance.
L’auteur fait une référence à l’idéal inaccessible en évoquant la couleur azur qui est la couleur de l’eau et du ciel, qui est insaisissable : « Les vents chassent en vain les chagrins de l’azur.».
Derrière ces métaphores qui caractérisent les yeux, il y a dans le texte, le symbolisme des yeux qui caractérisé par une référence biblique a la cinquième strophe : « […] le miracle des Rois ». Il parle ici des Rois Mage qui ont été guidé par l’Étoile jusqu’à la crèche qui symbolise l’espoir pour l’auteur. Les références chrétiennes y sont fortes car c’est grâce a la religion que l’on vient puiser l’espoir. Comme le poème est codé, Aragon fait de multitudes d’allusions pour éviter la censure. Comme par exemple : « Sept glaives ont percé le prisme des couleurs » qui est une allusion a l’arc-en-ciel, qui lui-même signifie le beau temps après la pluie est symbole de réconciliation, c'est-à-dire l’armistice, donc la paix après la guerre. Une allusion au physique d’Elsa par l’image des champs de blés caractérisant la blondeur de ses cheveux et le ciel bleu à ses yeux : « Le ciel n’est jamais bleu comme il l’est sur les blés ».
Des allitérations soulignent que l’auteur est esclave de cet amour piège : « pris au filet des étoiles Filantes », « comme un marin qui meurt en mer en plein mois d’août ». La femme d’Aragon l’a beaucoup aidé dans ce recueil et il fait une allusion à sa muse : « leurs secrets gémeaux ». C’est un jeu de mots qui joue essentiellement sur le son, car en effet, celui-ci s’approche de « leurs secrets j’ai mots » qui peut signifier que le secret d’Elsa et de lui « souffler » les mots.
Cependant, Elsa est très peu présente en tant que femme dans les texte car nous ne connaissons que son prénom, la couleur de ses cheveux et de ses yeux. Mais on l’aperçoit dans le rapport qu’Aragon entretient avec elle : « j’y perds la mémoire ». En voyant les yeux d’Elsa, Aragon oublie, perd l’époque dans laquelle il vit. L’auteur compare également sa femme à Marie, celle qui a mise au monde le sauveur, signifie que Elsa pousse son mari a sauver lui aussi la France, c’est le dépassement de la souffrance.
Nous pouvons ainsi remarquer que ce poème est inspiré par sa femme, que c’est une poésie amoureuse. Cependant nous l’a voyons également comme une poésie engagée.
A travers cette poésie, Aragon nous délivre sa souffrance, tant physique que moral. Il évoque surtout ses problèmes conjugaux car Aragon et Elsa ont connu des périodes difficiles, notamment à propos de la fidélité d’Elsa. Ces vers montrent qu’il est affecté d’être trompé : « je ne sais si tu mens », « cachent-ils des éclairs » et aussi « amours violentes ».
Mis à part sa souffrance personnelle, l’horreur de la guerre, cette souffrance est très présente comme nous pouvons le voir avec le champs lexical très complet : « mourir, désespérés, chagrins, larme, brisure, douleurs, glaives, pleurs, endeuillé, malheur, hélas, accaparé, poignant, meurt, violentes, feu, brûlé, enflammèrent ». Nous avons étudié la souffrance de la guerre, mais Aragon évoque également les souffrances dues à la guerre. Il évoque les bombardements par aviation : « A l’ombre des oiseaux », la lumière et la nourriture : « les naufrageurs », le fait qu’une guerre soit mondiale : « l’univers se brisa » et la capitulation française de mai 1940 : « Mai ».
L’auteur évoque également les causes de la souffrance, c'est-à-dire le désespoir dû à l’occupation. On y retrouve le champs lexical de la rupture, cassure : « taille, brisure, percé, troué, brèche, brisa ». Cette rupture fait peu faire référence a une coupure géographique car à cette époque la France était coupée en deux par une zone libre et une zone occupée. Ou alors d’une manière chronologique en passant de la liberté à l’occupation. Cette poésie est en quelque sorte un témoignage de la défaite française. Il interdit de parler de ce sujet car il le désigne comme : « feu défendu », d’où le feu caractérise ce sujet de « brûlant ».
Ce poème constitue donc une preuve d’amour à Elsa ou il en fait son éloge amoureux mais aussi à la France dans lequel il se bat contre l’occupation. Cependant, étant donné que Aragon ait réussit a publier ce livre pendant la guerre en évitant la censure, il se veut exigeant dans la mesure où il faut ainsi savoir qui et Elsa et ce qu’elle représente. L’auteur renoue alors avec les formes classiques de la poésie française pour affirmer son génie et sa pérennité. Ce poète résistant s’appuie sur la versification, la syntaxe, la sonorité et la ponctuation pour établir un lien avec le lecteur à travers Elsa dont elle représente sa femme, sa muse et la France. Il nous fait partagé ses souffrances personnelles, et en temps de guerre dues au désespoir de l’occupation. Cependant, est-ce que Aragon a-t-il pu, de par la complexité de ses métaphores, faire comprendre aux lecteurs, la facette de sa poésie engagée ?
Liens utiles
- Commentaire de texte : Les yeux d'Elsa, Aragon Les yeux d'Elsa, Aragon
- Commentaire Brise Marine, Mallarmé (français)
- Commentaire de Texte Français Le fils du pauvre
- Français commentaire: Un portrait idéalisé du personnage de Gueule d’or
- Commentaire de français: "Elle était déchaussée, elle