Devoir de Philosophie

Commentaire composé Le plus jeune Paul Eluard

Publié le 17/11/2014

Extrait du document

eluard
Commentaire composé : « Le plus jeune », Paul Eluard. Dans Poésie ininterrompue (1946), Paul Eluard écrit : « Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre. » L'oeuvre d'Eluard combine à maints égards l'amour et le bonheur et une remise en question du monde marqué, notamment, par la guerre. Le poème d'une strophe intitulé « Le plus jeune » est composé de quatorze vers libres qui ne suivent aucune règle d'alternance. Le lyrisme de ce poème réside dans la genèse d'un monde nouveau permise par le regard d'un enfant et bien que les deux premiers vers pourraient infléchir une tonalité tragique, le poème laisse rapidement place à une sorte de quiétude. « Le plus jeune » est le 93ème poème du recueil Capitale de la douleur, paru en 1926, (poème dans lequel est évoqué un enfant). Malgré des sujets qui semblent différents dans le poème précédent du recueil, « Une » (qui évoque des femmes puis une femme en particulier), on peut y trouver une certaine continuité en particulier dans les termes choisis pour décrire le monde. Dans ce poème, Paul Eluard, par le biais d'un enfant, recrée le monde, un monde nouveau que l'amour a engendré. On s'intéressera tout d'abord à l'inversion de l'ordre du monde avant d'observer que l'enfant est le double du poète. Enfin, on s'attachera à montrer que c'est l'amour qui offre une vision nouvelle du monde. Le poème débute par la description d'un enfant dont le corps est renversé, tête en bas, et qui s'amuse, probablement, à un jeu communément appelé « cochon pendu ». C'est tout du moins une référence possible à ce jeu. Cette position qu'adopte l'enfant entraine un renversement de l'ordre du monde. On peut relever le lexique de la nature, du monde : « l'herbe » (vers 3), « brouillard » (vers 5), « monde » (vers 7), « lune » (vers 9), « terre » (vers 9), « verdure » ( vers 10), « ciel » (vers 10), « nuits blanches » (vers 13) et « lumière » (vers 14). Mais le monde est donc inversé, la « verdure » (vers 10) surplombant « le ciel » (vers 10). De même que « la lune » (vers 9) n'est plus dans sa position logique par rapport à « la terre » (vers 9). L'enfant, au lieu de lever les yeux au ciel, lève les yeux vers « l'herbe ». Mais cette inversion s'accompagne d'une forme de stabilité et de tranquillité, ce que révèlent l'adverbe « fixement » (vers 3) : l'enfant n'est pas agité, ne se balance pas, et le participe présent « confiant » (vers 4). Cette inversion est aussi celle de l'ordre des choses, aussi bien inanimées qu'animées, puisque la comparaison, au vers 5, entraine une animalisation du « brouillard léger [qui] se lèche comme un chat ». Un chat lui-même personnifié parce que capable de « rêves » (vers 6). Le « brouillard » perd une partie de ce qui le constitue, ici de « ses rêves ». Il perd son opacité, ce que viendra confirmer le dernier vers du poème dans lequel la lumière apparait. Avant cela vers 8 « Tout est transparent » indique la révélation désormais possible d'une réalité nouvelle. Ainsi l'inversion de l'ordre du monde permet-elle, le brouillard se dissipant, les rêves faisant place au réel, d'accéder à une vérité, celle du poète dont la perception des choses se mêle à celle de l'enfant. C'est par le regard de l'enfant que le monde se révèle. On peut, en effet, remarquer le lexique de la vue : on trouve, au vers 3, le verbe « regarde » et, au vers 4, « lève les yeux ». De plus, les « yeux » se trouvent répétés aux vers 11 et 12 « dans les yeux », « dans ses yeux ». Le « brouillard » (vers 5) est aussi lié à la vue puisqu'il est censé la perturber, il est un voile qui finit par disparaitre car « tout [devient] transparent » (vers 8). Les yeux de l'enfant constituent en quelque sorte un monde à part entière puisqu'à l'intérieur de ceux-là se retrouvent à la fois le jour et la nuit, l'obscurité et la lumière, comme l'indique la comparaison, aux vers 12 et 13, qui par une alliance de mots rapproche les yeux « sombres et profonds » et « les nuits blanches ». Grâce à son regard et à sa vision des choses, l'enfant peut être considéré comme un double du poète car il est doué, comme ce dernier, d'une lucidité et d'une perception aiguisée. La vue, partie de l'expérience sensible, permet l'acquisition d'une connaissance et d'un savoir empiriques dont le poète use pour dévoiler sa vérité. On observe le verbe savoir au vers 7 : « l'enfant sait » et ce verbe conjugué à la troisième personne du singulier est renforcé par les nombreux homophones que l'on trouve dans le poème, comme pour mettre l'accent sur ce savoir : « s'est » (vers 2), « ses » (vers 6), « c'est » (vers 9, 10 et 11), « s'est » (vers 12). Ainsi ce savoir acquis permet-il de dévoiler un monde nouveau, invisible auparavant et de le dévoiler au grand jour. Après avoir suggéré que l'enfant est un double du poète, le titre du poème, « Le plus jeune », qui pouvait sembler renvoyer à l'enfant, à son jeune âge, peut être interprété différemment. Il ne s'agirait plus d' « un enfant fou » (vers 2) mais du poète fou d'amour pour le plus jeune amour, c'est-à-dire de l'amour le plus récent. Le terme de « libellule » (vers 1) vient appuyer cela : la définition de libellule renvoie à l'un des sens de « demoiselle » qui peut désigner un insecte s'apparentant à la libellule. Ainsi le poète pourrait-il s'être « pendu » au cou de son dernier amour. Et c'est cet amour, le rendant « confiant » (vers 4), qui permet au poète d'accéder à une nouvelle vision du monde. « Les rêves » de la personne aimée, n'ayant plus lieu d'être, disparaissent pour laisser place à la réalité. De plus,  l'allitération en -L, pouvant faire songer à « elle », à la femme aimée, s'observe ave les termes « plafond » et « libellule » (vers 1) ainsi qu'avec les termes « la lune » -qui peut symboliser la femme, la terre symbolisant alors l'homme, et la femme est « au centre » de l'intérêt du poète, de l'amour qu'il lui porte, - « le ciel », « les nuits blanches » (vers 13) passées à rêver d'elle, et « la lumière » (vers 14) qui est le résultat de cet amour, qui resplendit grâce à cet amour. On aura donc pu constater que ce poème, par l'évocation d'un enfant se tenant à l'envers et la tête en bas et dont la quiétude, la lucidité et la perception des choses sont semblables à celles du poète, donne à voir une vision nouvelle du monde. Une vision éclairée et sereine qu'un amour récent permet d'enfanter.
eluard

« Après avoir suggéré que l'enfant est un double du poète, le titre du poème, « Le plus jeune », qui pouvait sembler renvoyer à l'enfant,à son jeune âge, peut être interprété différemment.

Il ne s'agirait plus d' « un enfant fou » (vers 2) mais du poète fou d'amour pour leplus jeune amour, c'est -à-dire de l'amour le plus récent.

Le terme de « libellule » (vers 1) vient appuyer cela : la définition de libellulerenvoie à l'un des sens de « demoiselle » qui peut désigner un insecte s'apparentant à la libellule.

Ainsi le poète pourrait-il s'être« pendu » au cou de son dernier amour.

Et c'est cet amour, le rendant « confiant » (vers 4), qui permet au poète d'accéder à une nouvelle vision du monde.

« Les rêves » de lapersonne aimée, n'ayant plus lieu d'être, disparaissent pour laisser place à la réalité.

De plus, l'allitération en -L, pouvant faire songer à« elle », à la femme aimée, s'observe ave les termes « plafond » et « libellule » (vers 1) ainsi qu'avec les termes « la lune » -qui peutsymboliser la femme, la terre symbolisant alors l'homme, et la femme est « au centre » de l'intérêt du poète, de l'amour qu'il lui porte,- « le ciel », « les nuits blanches » (vers 13) passées à rêver d'elle, et « la lumière » (vers 14) qui est le résultat de cet amour, quiresplendit grâce à cet amour. On aura donc pu constater que ce poème, par l'évocation d'un enfant se tenant à l'envers et la tête en bas et dont la quiétude, lalucidité et la perception des choses sont semblables à celles du poète, donne à voir une vision nouvelle du monde.

Une vision éclairée etsereine qu'un amour récent permet d'enfanter.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles