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Commentaire Composé Germinal Zola

Publié le 19/04/2011

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germinal

En 1885, Zola, romancier naturaliste du XIXe siècle, fait paraître Germinal, qui retrace la dure vie des mineurs dans le Nord de la France. Ce titre est en soi un programme, car il rappelle le mois de mars du calendrier révolutionnaire, avec sa promesse d’une renaissance, voire d’une révolution, avec ses hommes prêts à sortir de la terre, de la mine…

Or l’incipit du roman nous plonge dans un milieu hostile : un homme marche dans le froid et la nuit, puis aperçoit les feux rougeoyants d’une fosse. A une description réaliste se substitue alors une vision, une « apparition fantastique » offerte au lecteur par le regard subjectif de cet homme, ouvrier vagabond à la « tête vide ». Le roman Germinal, est le treizième d’une série de vingt ouvrages, dont font partie L’assommoir, la Curée, le ventre de Paris, appelé les Rougon-Macquart ou Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire.

Ce roman raconte l'histoire d'un homme qui va devenir un chef militant conscient , un leader anti-capitaliste.

A l'époque ce soulevement est un sujet d'actualité puisqu'à l'époque , il y a une ville qui s'appelle Montceau les Mines où avait eu lieu des grèves très violentes et des soulèvements anarchistes.

Pour démontrer quelle est la stratégie de Zola pour l'incipit , nous verrons tout d'abord par quels procédés Zola crée un effet de réel et qu'il utilise une description propre au naturalisme , dans un second temps , nous mettrons en avant la caractéristique principale du personnage qui est mystérieux et nous nous concentrerons sur l'effet de suspens que crée le personnage.

 

 

Dans quelles mesures peut-on parler d'ouverture de roman réaliste ?

L'ouverture d'un roman se doit de définir l'espace romanesque. Au sein de cet espace , des personnages évoluent , en l'occurence , ici un seul homme inconnu (Etienne Macquart).

L'incipit lance le récit , nous allons donc voir comment Zola embraye son histoire.

Afin de définir son espace romanesque , Zola utilise un schéma narratif qu'il a l'habitube d'utiliser : un homme inconnu du lecteur arrive dans un espace qu'il découvre , le lecteur le suit ce qui lui permet de découvrir les lieux et les sentiments que le personnage a sur ce lieux en même temps.

 

 

Le romancier en général désire donner la reproduction la plus fidèle possible de la réalité. Ainsi, il s'oppose à la perspective fantastique, mais aussi à la perspective que l'on trouve par exemple dans les romans romantiques, où l'accent sera mis sur les idées et les sentiments des personnages (nourriture, sexualité, maladie, argent). Marchiennes est une ville qui existe (près de Lille), alors que Montsou n'existe pas elle fait partie de l'univers du romancier. Zola s'est inspiré de la vrai ville de Montceau-Les-Mines. En utilisant le nom Montsou , Zola laisse au lecteur libre cours à son imagination : par exemple , le lecteur peut interpreter ce nom par un monde souterrain , Monde – Sous , qui ferait allusion aux mines.

 

Zola utilise une description approfondie qui est propre au naturalisme tout au long de l'incipit

Le début de la description est fait d'un point de vue externe, objectif. Zola décrit le paysage comme étant ingrat en insistant sur l'obscurité ce qui ne donne aucun charme au paysage. Aucun détail n'apparaît valorisant. Dès la 2ème phrase, le paysage est ressenti de manière subjective : la plaine devient réellement hostile, car entrée en scène du vent. Zola assimile le vent à un fouet, ou quelqu'un qui manierait un fouet à la ligne 20 en utilisant «les lanières du vent ». La 1ère phrase donne une vision plate, distante au lecteur ; en revanche , la 2ème phrase donne une vision plus hostile (vent), plus violente (« immense horizon plat », « terres nues ») au lecteur grâce a une comparaison avec la mer. L'analogie plaine / mer se poursuit dans la 3ème phrase et commence à la deuxième (analogie filée, comparaison). Zola utilise la comparaison « comme une mer » ligne 8 , ce qui enclenche une métaphore fillée. La route en pavés fait penser à une jetée, le vent glacé de la plaine est assimilé aux embruns. Le début du paragraphe offre une description distante et réaliste, avec des indications (10 km, champ de betteraves) , alors que dès la 2e phrase le romancier transpose le paysage ; il se décolle de la réalité. Ce mouvement du réalisme apporte une dimension épique, fantastique.

Toute la description de Montsou est menée d'un point de vue interne.

On trouve ce même glissement d'une description plate, peu caractérisée, qui signale la disposition des bâtiments grâces à des comparaisons : « pareils à des lunes fumeuses » ; «silhouette», « profil » sont des mots employés le plus souvent pour des personnes. Le lieu se transforme en la vision d'un monstre , la fosse devient un personnage qu'Etienne va devoir affronter ce qui donne à la description un caractère funèbre.

 

 

Zola crée une atmosphère de suspens en entrainant le lecteur dans la peau du personnage. En utilisant une description à la fois précise et imprécise : on a beaucoup d'informations mais on ne peut pas se faire une image précise du personnage.

 

 

Le premier paragraphe nous met dans l'ambiance avec une description détaillée du paysage. L'homme est dominé par le paysage : derrière lui, une plaine immense, inhospitalière. Devant lui, un paysage industriel confus. Il est comme écrasé entre les deux paysages. Malgré la minceur des indications temporelles, on se rend compte que les lieux ont une importance dominante.

Zola adopte plusieurs point de vue tout au long du texte.

Le point de vue omniscient est utilisé pour les indications spatio-temporelles (indications chiffrées : 10 km, 2h). Ce point de vue apparaît dans une phrase au centre du deuxième paragraphe : « Une seule idée occupait sa tête vide d'ouvrier sans travail et sans gîte » (le narrateur en sait plus que le personnage).

Le point de vue externe est donné par le début de la 1ère phrase (le narrateur en sait moins que le personnage). Dans le 2ème paragraphe , l'homme est décrit comme s'il était vu de très près, mais de l'extérieur. En de décrivant pas le visage du personnnage , Zola permet un glissement plus facile vers un point de vue interne.

Le point de vue interne est utilisé au cours du 1er paragraphe, au cours du 2ème paragraphe et tout au long du 3ème .

Grâce à ce point de vue le lecteur passe d'abord par une appréhension extérieure du personnage, puis il est invité à partager son opinion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans ce roman le personnage est anonyme, on remarque dans le texte l’utilisation du mot «l’homme » quatre fois « un homme suivait seul la grande route » (ligne 3) , «L’homme est parti de Marchiennes vers deux heures » (ligne 13) , « L’homme avait à droite une palissade » (ligne 30) et « L’homme reconnut une fosse » (ligne 50) qui empeche le lecteur de mettre un visage sur le personnage. Il y a aussi l’utilisation dans tout le texte du pronom « il », « il ne voyait même pas le sol » (ligne 6) , « il marchait d’un pas allongé » (ligne 14) ou « il fit environ deux cents pas » (ligne 35). Le personnage est évoqué par des mots ou pronoms qui ne fournissent presque aucune information au lecteur , aucun portrait physique ou psychologique n’est fait, à aucun moment un prénom n’est écrit ce qui laisse le lecteur libre de l’imaginer.

On sait que le personnage est un ouvrier, tout d’abord une attention est portée à ses vêtements, il portait « un petit paquet noué dans un mouchoir à carreaux » (ligne 16) de même que pour ses vêtements , une attention est aussi portée aux tissus « grelottant sous le coton aminci de sa veste et de son pantalon de velours » (ligne 15). L’homme est pauvre il n’a que sur lui « un petit paquet » (ligne 16) il n’a rien d’autre, pas d’argent, de photos de sa famille, rien. L’homme est une victime du froid glacial de ce paysage de plus il est démuni. Le portrait est fait dans une perspective assez sobre.

Tout au long du paragraphe est soulignée l'hostilité du milieu extérieur : « grelottait », « des mains gourdes que… », « besoin douloureux de se chauffer les mains » .L'homme a la « tête vide », son esprit est envahi par l'obsession du froid, et la crainte. Puis il y a la découverte de Montsou qui procure au lecteur l'espoir que le personnage ait moins froid.

Cette description caractérésisée par sa précision donne une impression d’enferment, dans un espace vide, nu, comme le montrent les nombreux privatifs : « nues » « vide » ou encore la double négation à la ligne 22 « sans travail et sans gite ». Le personnage est « sous » et « dans » comme écrasé, sans horizon, sans perspective et donc sans espoir ce qui donne au lecteur une idée de prison avec le mur et le « talus » à droit, renforcée par la description des toits bas et du participe passé « surmonté » qui laiise apparaitre un personnage déshumanisé, un corps souffrant. On le suit et c’est aussi à travers ses yeux que l’on perçoit le paysage et la fosse : sa vision.

Une ouverture romanesque assez classique, mais une présentation du personnage assez moderne (il reste anonyme) ; il est largement vu de l'extérieur. On peut dire qu'il y a deux personnages face à face : l'ouvrier et le paysage (la mine, personnage monstrueux).

 

 

 

Zola met en place une statégie habile qui entraine le lecteur dans la peau du personnage en décrivant tout ce que le personnage peut voir avec une extrême précision propre au naturalisme.

Cet incipit un texte mystérieux par son personnage paradoxal dont la description faite par Zola fourni beaucoup d'informations au lecteur mais pas assez pour qu'il puisse mettre un visage sur celui-ci. Dans ce texte , Zola souligne l’intérêt symbolique de la saison hivernale : le roman

aura lieu l’hiver, la misère devant être plus grande. Zola, en authentique poète qu’il est, réussit, par le rythme des phrases et les images, à suggérer, dans ce texte à la fois narratif et descriptif, le drame humain qu’implique cette relation de l’homme à la nature : le lecteur se demande si le titre plein de promesse de « germination », de printemps et de renouveau va porter ses fruits ou si tout espoir n’est pas déjà à abandonner dans la noirceur de la fosse que l’on devine et découvre ici. La germination printanière, évoquée dans le dernier chapitre de Germinal, fait antithèse avec ce premier chapitre. Cet incipit , réaliste par une description spatiale (noms des villes Marchiennes, Montsou , droite, gauche…) et temporelle (mars, deux heures…) , nous fait compatir avec un héros souffrant.

 

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