Commentaire Composé du texte d'Emile ZOLA Germinal: Le discours d'Etienne LANTIER
Publié le 12/09/2006
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Germinal est un roman d’Émile Zola, publié à Paris en 1885. Il fait partie de la série Rougon-Macquart. Il est la treizième œuvre de cette série de vingt. Consacré mythe fondateur de la mémoire collective par une délégation de mineurs. Il reste à ce jour le roman le plus lu de Zola, jouissant d’un prestige égal à celui des Misérables. Ce roman épique, symbolique, offrant une foisonnante complexité, dont le titre est riche de significations multiples, est aussi un extraordinaire roman-feuilleton et une enquête, où brille l’éclat d’un style. Tout passe par Étienne, substitut du romancier. Le passage que nous traitons est formé d’un discours d’Etienne Lantier aux mineurs concernant la poursuite de la grève. Nous étudierons dans une première partie l’évolution du regard que le narrateur porte sur ses personnages, ensuite, dans une deuxième partie, nous analyserons l’efficacité argumentative du discours d’Etienne.
I- L’évolution du regard que le narrateur porte sur ses personnages Etienne Lantier apparaît d’abord comme un meneur d’hommes. Après l’analyser des expressions de sa voix « changée «, « les heurts continuels « : sa voix se fait de plus en plus dramatique et intense à mesure de l’importance de son discours. L’analyse des réactions de son auditoire montre que Etienne reste « les bras en l’air «, comme saisi dans son discours par une sorte d’apothéose, et les auditeurs connaissent un « frisson de plaisir «, et ensuite « applaudissent «. Si Etienne Lantier est un meneur d’hommes c’est parce qu’ « il n'était pas grand, mais il se faisait écouter «. Il est d’emblée tout désignée pour mener la grève des mineurs. Mais malgré ce caractère charismatique de sa personne, il n’en reste pas moins un piètre orateur. Des remarques données par le romancier montre bien les difficultés que souffre Etienne à prendre la parole en public et l’angoisse qui le saisit dans son discours. Il garde des traits du peuple : il ne possède pas l’éducation des bourgeois, et n’a aucune connaissance en rhétorique : « Il n'avait pas l'abondance facile et coulante de Rasseneur. Les mots lui manquaient souvent, il devait torturer sa phrase, il en sortait par un effort qu'il appuyait d'un coup d'épaule. « On compte de nombreuses références au monde ouvrier dans son discours, et plus particulièrement au monde de la mine « depuis un mois, on aurait souffert inutilement, on retournerait aux fosses, la tête basse, et l'éternelle misère recommencerait ! Ne valait-il pas mieux mourir tout de suite, en essayant de détruire cette tyrannie du capital qui affamait le travailleur ? «. En tant que meneur d’hommes et de conducteur de la grève, il emploie des mots et parle d’un univers que ses auditeurs connaissent très bien, et qu’il connaît très bien lui-même. II- L’efficacité argumentative du discours d’Etienne.
Le discours indirect libre domine. Le discours indirect libre permet une intégration du discours au récit : l’imparfait régit de ce fait le texte, et pourtant on entend derrière le récit les mots et le discours d’Etienne Lantier. Les verbes de paroles permettent une intégration efficace des voix du discours dans le roman. On note également quelques passages au discours direct. On peut également souligner l’efficacité du passage d’un discours à l’autre dans le roman. Dans le texte la forme de développement du discours par questions rhétoriques et l’exclamation permet de délivrer les émotions du locuteur. Ce développement vise une progression dans le pathétique qui vise l’adhésion finale de l’auditoire. On retrouve différente accumulations : « la faim «… L’expression « des images d'une énergie familière, qui empoignaient son auditoire « est une définition même du pathétique. On peut voir la position, les réactions des mineurs devant le discours d’Etienne Lantier : son silence ; son cri de « justice «, et l’adhésion finale sous-entendue. Cela montre qu’ils ne peuvent qu’être séduits petit à petit par le discours d’Etienne Lantier. Parallèlement on peut voir l’enthousiasme du lecteur qui tombe progressivement subjugué sous le charme du discours d’Etienne. C’est la visée de Zola qui est de faire adhérer son lecteur à la misère des mineurs et de lui faire comprendre les conditions déplorables qui sont les leurs. Ce discours d’Etienne Lantier est donc l’occasion pour le romancier de dresser un portrait en action de son personnage. Etienne s’impose comme figure centrale et nécessaire à la révolte des mineurs. Il est également l’occasion pour Zola de délivrer un message sur la société de son temps. Ce discours use donc de différents arguments, et surtout du pathétique, pour convaincre et persuader les mineurs de poursuivre la grève. Ceux-ci, finalement, le suivront d’un même mouvement. Ce discours est également l’occasion pour le romancier d’offrir une nouvelle facette de son personnage principal. Sans prétendre être le premier roman à évoquer le monde ouvrier, Germinal en donne l’une des images les plus puissantes.
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