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commentaire compose de victore hugo melancholia

Publié le 27/03/2011

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hugo

Intro

Victor Hugo s'imposa au XIXème siècle comme le chef des écrivais romantiques. Néanmoins, loin de s’enfoncer dans un cénacle littéraire, il prit une part active à la vie politique de son époque. L’engagement traverse ainsi, toute son œuvre, qu’il dénonce le règne de Napoléon III dans le recueil politique, Les Châtiments, s’oppose à la peine de mort dans l’autobiographie fictive Les derniers jours d’un condamné, ou prenne parti des plus démunis dans son œuvre romanesque de L’homme qui rit aux Misérables. Dans le poème « Mélancholia », tiré du recueil Les Contemplations, paru en 1856, Hugo s’attaque à un phénomène social que la révolution industrielle a mis en place : Le travail des enfants dans les usines, légal à l’époque. Comment l’écrivain dénonce-t-il cette servitude « infâme » ? Nous verrons tout d’abord quelle image le poète nous donne de ce labeur imposé aux plus jeunes, puis nous étudierons de quelle manière il cherche à convaincre et à persuader le lecteur de l’horreur d’une telle situation. Enfin, quelle dimension donner au titre de ce poème : « Mélancholia » ?

Plan détaillé

 

I. L’image des enfants à l’usine

 

1) La description s’appuie sur des éléments réalistes :

-L’âge des enfants (v.3) -La durée journalière du travail (v.4) -La nature du travail : des taches répétitives, dangereuses, épuisantes (v.5,6) Conséquences sur les enfants : -Physiques: « que la fièvre maigrit » « Pâleur » (v.12) métaphore de la cendre et/ou notation réaliste. Fatigue : v.13 Rachitisme : v.18 -Morales : aucune joie, aucun rire (pourtant liés à l’enfance v.1, v.11) Enfants abandonnés à eux mêmes (v.3) Enfants dont on brise l’avenir (v.19, 22, 27)

2) Mais Hugo ne fait pas que nous donner une image réaliste du travail des enfants, il transforme celle-ci en une vision fantastique :

-Registre de l’horreur : « sous des meules » Conte horrifique : Personnification des machines(« dents », « monstre hideux qui mâche » : Vision de l’ogre moderne -Gradation dans la vision de l’usine : « prison », « bagne», « enfer » : Métaphores réalistes, puis, métaphysiques. -progression de l’image des enfants : d’abord réaliste (v.1, 3) puis assimilation à des condamnés (v.9), « innocents » (double sens du mot), puis a des « anges » déchus s’adressant a Dieu (v.15 , 16) : Les hommes deviennes donc les tourmenteurs démoniaques de ces créatures. Conclusion partielle et transition : Métamorphoses de l’image des enfants à l’usine ? Gradation vers le pire. Adultes = Démons : Décrire est déjà une façon de dénoncer.

II. Convaincre et persuader

 

1) Un poème argumentatif

a)La fiction au service de l’argumentation : Les vers 1, 2 et 3 au présent de narration ne sont pas simplement des questions rhétoriques : ils invitent de lecteur à suivre la foule des enfants qui se dirige vers l’usine et à pénétrer avec elle dans cet univers infernal. Le lecteur est donc fictivement spectateur. Il suit les scènes horrifiques que lui montre le poète (qui reste évidemment lui-même en retrait : il n’est là que pour montrer, d écrire (v.12)) b)Un raisonnement inductif : du constat à la dénonciation. Première prise de position explicite : « hélas » (v.14) puis dénonciation virulente : à partir du ver 17 le poète prend le relais de Dieu pour stigmatiser l’infamie. Il exprime sa colère (pas besoin du « je » : colère objective) : points d’exclamation (vers 17, 21, 25, 27, 28, 29, 31, 32, 34) correspondants à l’indignation. Article vocatif « Ô », adjectifs « infâmes », « étouffants », « insensée », « mauvais », et surtout « maudit » : Anaphores (v. 30, 31, 32).

2) Faire appel à l’émotion du lecteur, à ses sentiments : Persuader

-Le tableau des premiers vers cherche à faire naître la pitié du lecteur (registre pathétique) v.1, 2, 3 : « enfants », « doux êtres pensifs », « filles de huit ans », « innocents », « anges »… De même que le discours supposé à Dieu : le lecteur ne peut que se placer du côté des enfants. Hugo prend Dieu à témoin. -A le pitié, succède l’indignation (registre polémique) : le lecteur l’éprouve avec le poète (pas de « je » indignation de tous)

3) Faire appel à la raison du lecteur : Convaincre

-Hugo montre les conséquences désastreuses de ce travail des enfants (v.18 à 22) : il est donc une « œuvre insensée » c’est à dire à la raison qui protège le devenir des enfants, c’est à dire a l’œuvre de Dieu (v.19) et au futur de l’humanité. -Hugo dénonce le profit qui ignore ce désastre (v.24). -Hugo n’accuse pas es « mères » (v.29) . Il sous entend que c’est la misère, donc l’exploitation sociale. Les hommes ne sont pas assez payés, ce qui les poussent à envoyer les enfants à l’usine. -Hugo remet en cause le progrès. (v.26, 28) -Hugo reformule les valeurs morales : travail des enfants = vice , blasphème (v.30, 31). Le moralisateur devient prêcheur : interpellation à Dieu (v.32), au nom de valeurs qu’il veut faire partager à son lecteur . -Et « Mélancholia » ?

III. Pourquoi « Melancholia » ?

 

1) Que signifie ce titre ?

Mot latin tiré du grec, désignant une affection de l’âme, une tristesse maladive, due à l’excès de bile noire (Hippocrate , Veme siècle avant J.C. ) Au Moyen-Age, la mélancolie est associée au démon qui éloigne ainsi les âmes de Dieu, particulièrement celle des moines. (A partir de la fin du XIXeme on a associé ce tourment de l’âme à une maladie psychique, la neurasthénie ou dépression.) Ici, Hugo replace donc un phénomene de son époque dans une pensée beaucoup plus ancienne, proche de celle du mythe.

2) Les enfants condamnés à la mélancolie

L’état mélancolique s’oppose par nature à celui de l’enfance, supposé associé au jeu (v.11) et au rire (v.1). Or, par le travail, l’enfant est rendu mélancolique (état contre-nature donc), il est plongé dans la tristesse, dans un abattement rêveur : « ces doux être pensifs ». Sa tache est absurde et sans fin : aucun sens pour lui ; il est condamné pour un crime qu’il n’a pas commis. Tout ceci renvoie au tourment mélancolique qui ne trouve qu’ennui et absurdité dans l’existence. Ils sont « las » : fatigue physique et morale : vivre a perdu tout intérêt ; ils ne comprennent pas non plus la cause de ce tourment (v.14), de même que le mélancolique ignore pourquoi il est désespéré. Aucun avenir pour lui (v.19, 20). Au Moyen-Age, la mélancolie est l’œuvre du diable : nous retrouvons ici cette image : le Diable est l’homme ! Ici, la mélancolie des enfants a une cause, Les adultes !

3) Une société malade

Les hommes détruisent leurs propres enfants, de même que Chronos ou Saturne, dieu associé à la mélancolie dévorait les siens, on va donc vers le mort de l’humain (v.25). Le profit aveugle entraîne une absurdité destructrice (v. 23 à 28) : L’humanité court à sa perte : physique et morale. Mais si les enfants désignent les « hommes » (v.16) comme leur bourreaux, Hugo maudit ce « travail mauvais » : il ne s’agit pas de vouer l’humanité à l’enfer mais de travailler à l’améliorer :

4) Contre la « mélancolie », l’engagement du poète :

Hugo ne se contente pas de dénoncer, il formule ce qui serait pour lui le vrai travail et donc le vrai progrès : v. 32 à 34. Le travail en soi n’est pas que tourment, il peut être « sain, fécond et généreux » c’est à dire aller vers un vrai profit pour l’humanité (non pas pour quelques patrons seulement) et vers l’épanouissement de l’humanité (v.34). Conclusion : Hugo met sa puissance visionnaire au service de son engagement politique. Dans tous les textes du corpus, les poètes, parallèlement s’engagent au service d’une cause (différent de l’art pour l’art).

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