Devoir de Philosophie

commentaire chapitre 1 candide

Publié le 26/09/2013

Extrait du document

Introduction        Dans ce début de chapitre 1 de Candide, Voltaire donne l'image du meilleur des mondes possibles, avec des préjugés sur l'innocence (cf. Eden), et plein d'illusions sur la réalité. C'est l'incipit du conte, et il a pour fonction de présenter les personnages, le contexte, la situation initiale. Cela se fait par petits paragraphes successifs, correspondant à peu près chacun à un personnage; le chapitre est clôt par le départ de Candide et sa découverte du monde.       Tout semble aller pour le mieux, mais des indices indiquent au lecteur qu'il faut prendre le récit au second degré, et le ton ironique est déjà présent dès le premier chapitre. La description qui ressemble à un conte de fée contribue à dénoncer un univers fondé sur l'illusion. La perspective critique et philosophique est donc déjà présente dès le début de l'oeuvre. Lecture du texte Télécharger cet extrait du chapitre I de Candide - Voltaire en version mp3 (clic droit - "enregistrer sous...") Lu par Laeticia - source : litteratureaudio.com Il y avait en Westphalie, dans le château de M. le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces. Sa physionomie annonçait son âme. Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide. Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu'il était fils de la soeur de monsieur le baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l'injure du temps. Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres. Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie. Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier. Ils l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes. Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par là une très grande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable. Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante. Le fils du baron paraissait en tout digne de son père. Le précepteur Pangloss était l'oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère. Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie. Il prouvait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles. « Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin. Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes. Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des chausses. Les pierres ont été formées pour être taillées, et pour en faire des châteaux, aussi monseigneur a un très beau château ; le plus grand baron de la province doit être le mieux logé ; et, les cochons étant faits pour être mangés, nous mangeons du porc toute l'année : par conséquent, ceux qui ont avancé que tout est bien ont dit une sottise ; il fallait dire que tout est au mieux. « Candide écoutait attentivement, et croyait innocemment ; car il trouvait Mlle Cunégonde extrêmement belle, quoiqu'il ne prît jamais la hardiesse de le lui dire. Il concluait qu'après le bonheur d'être né baron de Thunder-ten-tronckh, le second degré de bonheur était d'être Mlle Cunégonde ; le troisième, de la voir tous les jours ; et le quatrième, d'entendre maître Pangloss, le plus grand philosophe de la province, et par conséquent de toute la terre. Extrait du chapitre 1 de Candide - Voltaire Annonce des axes Etude méthodique I. La présentation des personnages       Les personnages sont présentés successivement selon l'ordre d'entrée en scène.       Tout d'abord, Candide est un élément important du premier paragraphe. Le narrateur établit une relation entre sa physionomie et son caractère: « esprit simple «, « sa physionomie annonçant son caractère «. Il décrit ses origines généalogiques: c'est un enfant naturel. Candide est un personnage naïf, incapable de duplication ni de dissimulation. Toutefois, il est ingénu mais pas sot: « il avait le jugement assez droit «. Cela laisse une perspective d'évolution, et montre qu'il est capable d'éducation et de progrès. Candide est en porte-à-faux au château, car il est discrédité et il n'appartient pas à la caste représentée par le fils du baron. C'est un personnage central plus que principal.       La présentation du baron se fait par petites étapes; des phrases brèves font le tour de tout ses biens. Son pouvoir est mis en relief: « un des plus puissants « avec des signes extérieurs de richesse: « tapisserie «, « grand aumônier « : cette apparence de richesse fait de lui un personnage important.       La baronne est évoquée en premier lieu par sa masse; elle apparaît comme l'image traditionnelle d'une maîtresse de maison et digne de respect dont elle profite.       Puis Cunégonde est décrite par trois adjectifs: « fraîche, grasse, appétissante «: elles représente la sensualité. Le fils du baron est décrit très brièvement: « en tout digne de son père «; il n'a pas de caractère.       Enfin Pangloss est décrit en dernier; le ton est administratif, il est assimilé à un « oracle «; « admirablement « => présentation dans le discours de Pangloss.       L'évocation de ce contexte s'apparente donc beaucoup à celle du conte. II. Les caractéristiques du conte       La description du lieu en fait un microcosme, un endroit merveilleux et coupé du monde et de la réalité. On retrouve la formule traditionnelle: « il y'avait «, les personnages sont mis en scène dans un lieu imprécis: « en Westphalie «, qui est un pays peu connu et qui a la réputation d'être arriéré, le nom de château: « Thunder-ten-tronckh « a des sonorités abruptes relevant de l'imagination; de même, l'époque est intemporelle. On se situe donc dans un monde qui semble lointain, voire imaginaire: le monde d'un conte.        On retrouve également les personnages et le milieu traditionnels: le contexte aristocratique, « le château «, ainsi quelle pouvoir, les richesses, et un monde fixé dans des codifications sociales rigides. Tout est sous le signe de la richesse et de la beauté, les termes employés sont valorisants et élogieux: tout va bien. Ainsi on trouve beaucoup de superlatifs: « le plus beau «.        Le lecteur est donc entraîné dans un univers merveilleux où tout va pour le mieux; mais quelques éléments inattendus le mettent sur la voie d'une distorsion dans l'harmonie générale.  III. Les effets de décalage       Les effets de décalage et de distorsion sont des indices pour le lecteur, montrant qu'il s'agit ici d'une satire. Ainsi, on note de nombreux rapprochements faussement logiques, comme la relation entre la puissance du baron et la présence de « portes « et de « fenêtres « à son château; de même le rapport entre la masse de la Comtesse et le respect dont elle jouit. Le pouvoir et la considération des personnages relèvent donc de l'illusion, et non d'une réalité.        Il y'a une confusion et une distorsion dans la description, et le narrateur souligne implicitement que chez le baron tout est faux; ex: « chiens de basse-cour « complètent « la meute «, « palefreniers « sont ici « piqueurs «, « vicaire du village «   « grand aumônier «. Il y'a donc une confusion entre la réalité et l'apparence; on a dans un premier temps l'impression d'un noble qui mène grand train, alors qu'il ne s'agit que d'un petit seigneur de province.        De même, le raisonnement de Pangloss est totalement décalé (Pangloss=« tout en langue «); pour le montrer, le narrateur lui donne la parole au discours direct. Les exemples qu'il prend reposent sur une démonstration soi-disant logique: « donc «, « par conséquent «; mais en réalité elle ne comporte aucune logique: la conclusion qu'il formule est donc totalement inacceptable. Conclusion       Dès le chapitre 1 de Candide, Voltaire place des indices dans le texte qui attirent l'attention du lecteur, soulignant l'illusion de la richesse et de connaissance dans laquelle vivent les personnages. Il n'y a aucune référence au monde extérieur, et Candide ne connaît que ce qui l'entoure; c'est un monde fermé sur lui-même, basé sur des valeurs fausses. A partir du chapitre suivant, il comparera le monde réel à l'enseignement de Pangloss => double plan du conte et de l'enseignement philosophique. Ce texte est sous la licence de documentation libre GN

« Il y avait en Westphalie, dans le château de M.

le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature avait donné les moeurs les plus douces.

Sa physionomie annonçait son âme.

Il avait le jugement assez droit, avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide.

Les anciens domestiques de la maison soupçonnaient qu'il était fils de la soeur de monsieur le baron et d'un bon et honnête gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu'il n'avait pu prouver que soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l'injure du temps. Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et des fenêtres.

Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie.

Tous les chiens de ses basses-cours composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son grand aumônier.

Ils l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes. Madame la baronne, qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par là une très grande considération, et faisait les honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable.

Sa fille Cunégonde, âgée de dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante.

Le fils du baron paraissait en tout digne de son père.

Le précepteur Pangloss était l'oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute la bonne foi de son âge et de son caractère. Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie.

Il prouvait admirablement qu'il n'y a point d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles. « Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est nécessairement pour la meilleure fin.

Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi avons-nous des lunettes.

Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles