commentaire chapitre 1 candide
Publié le 26/09/2013
Extrait du document
«
Il y avait en Westphalie, dans le château de M.
le baron de Thunder-ten-tronckh, un jeune garçon à qui la nature
avait donné les moeurs les plus douces.
Sa physionomie annonçait son âme.
Il avait le jugement assez droit,
avec l'esprit le plus simple ; c'est, je crois, pour cette raison qu'on le nommait Candide.
Les anciens
domestiques de la maison soupçonnaient qu'il était fils de la soeur de monsieur le baron et d'un bon et honnête
gentilhomme du voisinage, que cette demoiselle ne voulut jamais épouser parce qu'il n'avait pu prouver que
soixante et onze quartiers, et que le reste de son arbre généalogique avait été perdu par l'injure du temps.
Monsieur le baron était un des plus puissants seigneurs de la Westphalie, car son château avait une porte et
des fenêtres.
Sa grande salle même était ornée d'une tapisserie.
Tous les chiens de ses basses-cours
composaient une meute dans le besoin ; ses palefreniers étaient ses piqueurs ; le vicaire du village était son
grand aumônier.
Ils l'appelaient tous monseigneur, et ils riaient quand il faisait des contes.
Madame la baronne,
qui pesait environ trois cent cinquante livres, s'attirait par là une très grande considération, et faisait les
honneurs de la maison avec une dignité qui la rendait encore plus respectable.
Sa fille Cunégonde, âgée de
dix-sept ans, était haute en couleur, fraîche, grasse, appétissante.
Le fils du baron paraissait en tout digne de
son père.
Le précepteur Pangloss était l'oracle de la maison, et le petit Candide écoutait ses leçons avec toute
la bonne foi de son âge et de son caractère.
Pangloss enseignait la métaphysico-théologo-cosmolonigologie.
Il prouvait admirablement qu'il n'y a point
d'effet sans cause, et que, dans ce meilleur des mondes possibles, le château de monseigneur le baron était le
plus beau des châteaux et madame la meilleure des baronnes possibles.
« Il est démontré, disait-il, que les choses ne peuvent être autrement : car, tout étant fait pour une fin, tout est
nécessairement pour la meilleure fin.
Remarquez bien que les nez ont été faits pour porter des lunettes, aussi
avons-nous des lunettes.
Les jambes sont visiblement instituées pour être chaussées, et nous avons des.
»
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