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Commentaire arthur rimbaud ma bohème

Publié le 15/06/2012

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rimbaud

PLAN 1 Un autoportrait de clochard céleste Une révolte d'adolescent Un orphelin cherchant amour et protection auprès de la nature 2 A la recherche d'une muse poétique L'idéal poétique de l'auteur Une fantaisie verbale Une désinvolture de rythmes et rimes Commentaire rédigé Ce poème qui a la forme d'un sonnet, deux quatrains suivis de deux tercets en alexandrins est le dernier poème du Cahier de Douai. Il a été écrit lors de son séjour en septembre à Douai chez les demoiselles Gimbre tantes de son professeur de lettres Izambard puis en octobre pendant sa seconde fugue en Belgique. Forme contraignante, le sonnet oppose généralement les quatrains aux tercets tout simplement une déclaration d'amour dans laquelle le poète dit à la personne qu'il aime toute l'importance qu'elle représente à ses yeux. L'ensemble est à première vue assez conventionnel, mais une lecture attentive montre que ce texte va bien au-delà d'un simple jeu avec les conventions. L'errance d'un poète en révolte Rimbaud qui a quitté le domicile familial pour se réfugier à Douai chez son professeur de Lettres nous fait ici dans les deux premiers quatrains, avec l'emploi du "Je", son autoportrait, celui d'un artiste coureur de chemins à la recherche d'espace et de liberté, une sorte d'orphelin qui cherche une protection auprès de la nature. Sa révolte apparaît dès les premières lignes du poème avec des "poings", mains fermées par la colère dans ses poches. La première strophe est toute en mouvements rapides, il s'en va, il va. Ces deux verbes traduisent la multitude et la longueur de ses déplacements. Dans la seconde strophe "ma course" ajoute à son déplacement l'absence de motivation, de buts apparents. On peut penser qu'il poursuit plusieurs routes ne sachant laquelle est la bonne, il est perdu et s'asseoit souvent au bord des routes pour faire en quelque sorte un cap. Son univers habituel, la campagne monotone est relayé par la présence de l'imparfait temps de la répétition ou de l'habitude "je m'en allais", "j'égrenais", "je les écoutais", "je sentais". Ajouté à son errance, son aspect physique l'apparente également à un vagabond, son pantalon est troué, il dort à la belle étoile en contemplant le ciel, immense horizon qui s'offre à lui et est synonyme de liberté. En s'assimilant à un pauvre orphelin il redevient l'enfant effaré regardant le boulanger par le soupirail. Il reprend l'image du petit Poucet perdu dans la forêt mais ses repères ne sont pas des petits cailloux mais les étoiles dans le ciel. Ce ciel le nourrit, la grande ourse lui rappelle une auberge. Cette marche sans destination précise est probablement le souvenir de sa fugue de 1870 qui l'a conduit de Charleville ou il est né à Bruxelles puis à Douai. Le titre "La Bohème" pourrait faire allusion à la vie insouciante et libre des artistes, il n'en est rien, sa bohème à lui c'est une errance dans la nature, s'opposant ainsi à la sédentarité urbaine des artistes parisiens. Que va donc chercher Rimbaud dans cette communion avec la nature ? Une nourriture spirituelle dans laquelle le narrateur va puiser sa force. Car la nature est bienveillante, elle pourvoit aux nourritures terrestres avec la grande ourse qui ressemble à une auberge, alors pourquoi ne pas y ajouter les nourritures spirituelles. La nature a une autre fonction maternelle, cette fois qui n'est pas sans déplaire à notre petit orphelin. Mais il la veut toute pour lui, pour cela il va multiplier les possessifs et les pronoms personnels. On notera 8 fois "je" et 8 fois l'adjectif possessif mon, ma ou mes. "Mes étoiles", "Mon auberge", "mes souliers" sont comme une accaparation, une filiation avec sa nouvelle mère, la nature . Son rapport avec la nature, est purement . A la recherche d'une muse poétique A la manière des romantiques, Rimbaud cherche son inspiration dans la nature mais pas dans une nature violente de tempêtes ou d'ouragans, non, dans la simple campagne que chacun peut observer. Il s'arrête au bord de la route pour observer et il égrène ainsi les rimes. Il court les chemins dans un état de pauvreté, comme dans une épreuve initiatique. Alors les "lacets" de ses souliers deviennent les cordes de sa lyre, c'est la citrouille des contes de fées qui deviennent des carrosses. Rimbaud s'il choisit les limites étroites du sonnet pour donner forme à ses idées prend quelques libertés dans les rimes des deux quatrains qui ne sont pas identiques et surtout le dernier vers qui généralement constitue le point d'orgue, la morale est ici une phrase qui ne veut absolument rien dire. Si Rimbaud s'affranchit des règles du sonnet, il joue aussi sur les alexandrins, les désarticule, s'ingénieà en briser la régularité, s'amuse à le couper au delà de l'hémistiche. Toutes ces inégalités conviennent à sa fantaisie, image de sa liberté sans but au hasard de ses chemins de campagne. Il tend à rapprocher le débit du poème régulier et bien scandéà celui de la prose plus continue et qu'il annonce ici. Rimbaud donne l'impression de s'amuser avec les mots qu'il mélange habilement dans une sorte de frou-frou, mélangeant le vocabulaire familier "paletot, trou, souliers" à des des termes plus savants "rosée, lyre" qui culmine dans le dernier vers "de mes souliers blessés, un pied contre mon cœur". Conclusion "Ma Bohème" placé en conclusion du cahier de Douai illustre le programme poétique de l'auteur. Il ébauche ici en très peu de mots toute la thématique de l'homme aux semelles de vent, du poète vagabond ou du "clochard céleste", celle du voyage, de la révolte, de la pauvreté, de l'enfance, de la nature. En adolescent rebelle il veut tordre le cou aux vieilles règles de la poésie, briser le rythme de l'alexandrin et pousser la poésie aux limites de la prose. C'est assurément un manifeste pour une poésie nouvelle faite de mélanges d'élans lyriques et d'auto-dérision, de parodie, une poésie iconoclaste.

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