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Comment est né le marché moderne

Publié le 14/05/2013

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Comment est né le Marché Moderne Pierre Nahon Marchands d'art en France, publié à Paris en 1998 Le 19ème est vraiment le siècle des révolutions, la révolution française a entrainé un bouleversement pour les marchés. La RF a stoppé net le marché privé, les collectionneurs sont partis, la plupart des aristocrates sont partis à l'étranger. Jacques Louis David, Le serment du jeu de paume esquisse 1791 Versailles MNC La révolution a aboli les corporations, l'académie royale avait le monopole sur le salon. David, Les licteurs rapportent à Brutus les corps de ses fils, 1789 Louvre David est un des premiers révolutionnaires. Il fait parti de la révolution, mais en tant qu'artiste, c'est aussi un des premiers à refuser la décision du salon et de l'académie de ne pas exposer cette oeuvre. C'est la première fois qu'un artiste s'oppose de façon aussi claire à l'Académie. Il expose son oeuvre dans son atelier à Rome. Par la popularité de son exposition et le fait qu'il ait attiré l'attention par lui-même, il va imposer son oeuvre et parvenir à l'exposer au salon contre la décision de l'Académie. Donc avec la révolution, cela va ouvrir le salon à tous les artistes français. Mais cette ouverture va aussi se faire aux étrangers, cad que le salon français va aussi accueillir des artistes européens. Le salon vient du salon carré du Louvre où c'était exposé. Géricault, Officier de chasseurs à cheval de la garde impérial chargeant, 1812 Louvre La nouvelle génération d'artistes, révolutionnaire par rapport à la tradition, va être reçu et même reçu par le salon français. Notamment Géricault, étudiant de David. Tableau qui ouvre une voie nouvelle. Ce qui est surprenant, c'est que cette nouveauté est bien accueillie, et va recevoir la médaille d'or du salon. On ne peut pas penser que les nouveaux mouvements et tendance ne sont pas repoussés et laissés de côté. Le jury du salon, qui est composé d'artistes, principalement de l'Académie va accepter que ces oeuvres soient présentés. Mais il n'y a pas de marchands et le salon est le seul évènement de l'année. Il devient alors insupportable car il y a de plus en plus de monde à partir des années 30. Première génération, la génération romantique du scandale, en particulier avec cet héritier de Géricault qui est Delacroix, va connaitre la reconnaissance. Me^me s'ils font scandale, le scandale lui-même va attirer sur eux l'attention du public. Hugo « être contesté c'est être constaté «. Delacroix, Sardanapale, 1827 Louvre Théodore Rousseau, Sous les hêtres (le curé), 1842-43 Toledo, Museum of Art, Ohio La génération des peintres réalistes va se voir tout le temps refusée au Salon (Corot, Rousseau, Millet). Ils vont devoir trouver des solutions nouvelles pour exposer. C'est précisément à ce moment là que le marché fr commence à réapparaitre, entre la fin des années 30 et les années 40. En 1838 à Paris, on peut trouver 37 marchands. Mais il va falloir plus de 30 ans pour qu'ils reviennent à Paris. Quelques années plus tard, on en trouve 72. Celui qui vraiment va revendiquer son indépendance et sa liberté, c'est Courbet, qui lui refusera de se soumettre au désir du gouvernement français. Courbet, Un enterrement à Ornans Courbet, L'Atelier, 1855 Premier grand scandale = rejet de l'atelier. Vu qu'il est refusé, il décide de faire son propre salon, la première fois c'est en 1855. Aux salons il y avait à peu près toutes les classes sociales, il était en effet très populaire. Il en refait un en 1867 dans le même pavillon. Contre exposition, véritablement en face et comme un acte de protestation. Courbet est le premier à bâtir à grands frais, et à inaugurer l'idée d'exposition personnelle. Une 40aine d'oeuvres, un catalogue préfacé... D'une certaine façon la conception moderne de l'exposition nous vient de l'initiative de Courbet. Très vite, les artistes vont avoir plusieurs moyens d'exposer et de vendre à leur portée. En 1852 est créée la première maison de ventes à Paris, l'Hôtel Drouot en 52, qui pour la première fois va permettre de vendre sans passer par un salon, ni par un marchand. Avant, le salon était vraiment le système hégémonique. Grâce à Drouot, nous avons à nouveau un marché privé, qui repose sur des collectionneurs et ne passe pas par la voie du salon. Napoléon III, 1863 -> salon des refusés : 2 salons. La contestation va monter de plus en plus, notamment face à ce jury qui est essentiellement constitué d'académiciens, et qui refuse de plus en plus à partir de Courbet les tendances nouvelles, à tel point que la génération suivante, les impressionnistes, va devoir inaugurer des stratégies d'exposition différentes. Ils inventent en particulier un système tout à fait indépendant, parallèle, non contrôlé par l'Etat et les instances administratives. Exposition dans l'atelier de Nadar, un photographe en 74. Rassemble tous les membres du groupe (Monet, Renoir, Degas...) Ils sont une 30aine au total. Monet, Impression, soleil levant, 1873 Paris, Musée Marmottan Louis Leroy dans Charivari. Ce sont eux qui vont inaugurer ces expositions indépendantes qui vont devenir de plus en plus nombreuses et de plus en plus décisives pour la liberté d'exposition de l'artiste. La contestation est tellement énergique que certains artistes vont même jusqu'à se suicider. En 1880, pour la première fois, l'état français décide de remettre l'organisation du salon aux artistes eux-mêmes. Ils vont pouvoir enfin organiser leurs propres expositions. Que font-ils ? Ils recréent exactement le même système. Un jury, des récompenses etc... Très rapidement, on s'aperçoit que cette société des artistes français reproduit les mêmes schémas corporatistes et sectaires. En 1889, la tension est tellement forte, que lors de l'exposition universelle a lieu une première scission, pour ne pas dire sécession. Cela va devenir un véritable phénomène européen. C'est une opposition au système en place et à la tradition. Les artistes n'arrivent pas à se mettre d'accord sur un point précis, faut-il ou non accueillir les artistes étrangers ? Risque de concurrence, mais si on les refuse, cela va réduire le salon aux artistes français. C'est la 1ere fois que le salon éclate, et il y aura désormais 2 salons. A la fin du XXème siècle, il y aura 600 salons. En un siècle, on est passé d'un système complètement centralisé sur Paris et sur un évènement par an à une myriade de salons. Aujourd'hui on frole le millier de salons. Le salon prend alors une ampleur internationale. Cette sécession va faire date, et va inspirer les européens. Certains ont très vite compris que pour être libres et exposer de manière autonome : les néo-impressionnistes, vont créer le salon des indépendants. Signac, Cassis. Cap Canaille. Opus 200, 1889 Pointillisme. Les peintres commencent à s'intéresser aux études scientifiques sur la couleur et la lumière. Chevreul en particulier montre que nous voyons de manière « pixellisée «. Des touches de couleur pure dont le cerveau rétablit la cohérence. Manière très nouvelle. Salon des indépendants = 1er salon de l'histoire à n'avoir ni jury, ni récompense. Ils ont compris que le marché français ne peut plus exister seul, et qu'il s'ouvre à l'international, des artistes étrangers vont alors exposer avec eux. Vincent Van Gogh, Autoportrait, 1887, The Art Institute of Chicago Très vite, dès les années 80, certains artistes vont comprendre que pour faire carrière il va falloir aller à l'étranger. L'un des premiers à comprendre ce système, c'est Redon. Redon, Char d'Apollon, 1905-1914, Musée d'Orsay Redon choisit au départ d'exposer non pas en France mais en Belgique, car il y a l'alter égo du salon parisien, le salon des XX (ils sont 20 artistes à être en rébellion avec le système qu'ils jugent académique). « La bataille contre la routine était engagée... « Bcp d'artistes fr exposeront à Bruxelles avant d'aller à Paris. Odilon Redon (1840-1916), L'Apparition Odilon Redon, Dans le rêve (Le Joueur), 1879, Paris, BNF Pour être plus accessibles, O Redon va faire des dessins « noirs « (au fusain), va même illustrer des livres comme Poe, ou Baudelaire. Il va passer du dessin à la peinture à l'huile, avec notamment le Char D'Apollon. Avec ce phénomène d'internationalisation des salons va se mettre en place un marché que l'on ne peut pas regarder sans ce phénomène européen. La plus célèbre, c'est la sécession viennoise, avec Klimt, qui pour l'époque était assez sulfureux pour se faire assassiner de la critique et du bourgeois. Klimt, Danaé, 1907-1908, Autriche, collection Dichand Le terme d'avant-garde vient du vocabulaire militaire = ceux qui ouvraient la voie. Georges Minne, La fontaine aux agenouillés, 1898, Museum voor Schone Kunsten Minne est belge, tombé dans l'oubli mais suffisamment connu à l'époque pour être exposé. Il a eu un réel impact sur les viennois. Connu pour ce côté très expressif du corps. Egon Schiele, Autoportrait aux doigts écartés, 1911, Vienne, Historisches Museum der Stadt Wien Etudiant de Klimt, idée du corps souffrant. Edvard Munch, La Femme (Sphinx), 1893-1894, Oslo, Musée Munch Norvégien. Aura une carrière absolument pas liée à son pays natal. Va venir à Paris pour étudier les arts. Par le biais de ces sécessions, il va obtenir une renommée internationale, notamment en Allemagne, à Berlin. Milieu avec lequel il va nouer des liens tellement forts qu'il décidera dans les années 1910 de s'installer à Berlin. Très bonne relation là bas avec les autres artistes. Klimt, L'Accomplissement, projet pour la frise de la salle à manger du Palais Stoclet, 1905-1909, Strasbourg, Musée des Beaux-Arts. Les échanges entre les pays sont tellement importants, qu'un grand architecte viennois, Joseph Hoffmann, va travailler à Bruxelles avec Klimt pour créer ce palais absolument incroyable. Palais en marbre et en bronze. Hoffmann a dessiné l'architecture mais aussi tout l'intérieur, des tapis au mobilier etc...Klimt va même s'adapter à l'ensemble. Nolde, Jour de moisson, 1905 Nouvelle génération que l'on a qualifiée d'expressionnistes. Nolde est très marqué par l'influence française, en particulier celle de Van Gogh. Van Gogh, Deux paysans bêchant (d'après Millet), 1889, Amsterdam, Stedelijk Museum Van Gogh a constitué toute son oeuvre en seulement 4 ans. Les premiers collectionneurs allemands achètent juste après sa mort, et il sera ensuite exposé. L'Allemagne est le premier pays à acheter une toile de Van Gogh. Impact qu'il a eu sur les impressionnistes allemands. Erich Heckel, Branches en fleurs, 1906, Berlin, Brücke Museum La dernière des créations les plus importantes au niveau des expositions, c'est en 1903 le fameux salon d'automne, crée par un architecte, Jourdain. Salon capable d'accueillir tout ce qui est transgressif. C'est d'ailleurs le premier salon capable d'accueillir Matisse. Salon des avants garde, et c'est le début du fauvisme. Matisse, Luxe, calme et volupté, 1904-1905, Paris, Musée d'Orsay L'autre nouveauté de ce salon c'était d'exposer les artistes par affinités. Avant c'était par ordre alphabétique. Les fauves émergent au salon de 1905. Terme provient d'une blague ironique d'un critique, Louis Vauxcelles, qui parle de cette cage aux fauves, parce que les couleurs rugissent, « Donatello parmi les fauves «. Matisse, Bonheur de vivre, 1905-1906, Merion, Fondation Barnes Derain, Portrait de Matisse, Londres, Tate Gallery Matisse en un an passe du pointillisme à cette solution nouvelle de l'aplat de couleurs. Matisse, La plage rouge, Fondation Fridart C'est la subjectivité de la vision qu'il peint de manière assez extrême pour la première fois. Il crée une rupture radicale avec la tradition qui depuis 5 siècles est le réalisme. Pour la 1ere fois, la peinture n'est plus tenue d'imiter. Matisse est l'un des premiers à dire que puisque la photographie existe, alors les peintres n'ont plus besoin de reproduire le réel. C'est contre la photographie, ou en tout cas c'est ce sentiment que la photographie a libéré la peinture. Perte du réalisme Vincent Van Gogh, Julien Tanguy, 1887, Paris, Musée Rodin Le métier de marchand n'existe pas en soi. La plupart des premiers marchands étaient autre chose d'abord. Julien Tanguy était un marchand de couleurs.  Le métier de marchand a été créée vraiment progressivement, de manière assez emblématique, puisqu'il s'agit de s'insérer dans un marché qui est tout neuf, qu'il va donc falloir apprivoiser et étendre. M. Goupil était un éditeur, de livres mais aussi de gravures, de reproductions d'art. Il est même l'un des 1ers à s'être servi de la photographie pour reproduire des oeuvres d'art. Il a très vite compris que pour se garantir une clientèle il faut d'abord s'approprier des lieux. En 40-46, il ouvre des lieux qui rassemblent toutes les étapes de la création artistique (toutes sortes d'ateliers, salles d'expo, ateliers de reproduction...). Type d'intérieurs privés, qui sont avec le temps devenus des lieux d'exposition, comme la Wallace Collection en Angleterre. Gérôme, Sortie du bal masqué ou Un Duel après le bal, 1857, Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage Goupil est donc le 1er à avoir conçu le marché comme un businessman. Paul Durand-Ruel appartient à une véritable dynastie de marchands. Son père a été le premier à créer une section tableaux, dans la papeterie familiale. Paul Durand-Ruel va hériter de la papeterie familiale mais c'est le premier à s'émanciper et à créer sa propre galerie. Signac et Serain = les premiers à peindre leurs cadres eux-mêmes. L'idée du cadre c'est de séparer le monde du tableau du monde réel. Dans les années 1880 Durand-Ruel expérimente un crash financier. Il est invité en 1883 par une association d'artistes de NY à exposer pour la première fois. Collectionner va devenir à ce moment là un moyen de reconnaissance culturelle pour le groupe.

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