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Colloque sentimental, Paul Verlaine

Publié le 10/10/2010

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verlaine

 

Bien des poèmes évoquent un amour brisé. C’est un amour de ce genre que Verlaine, poète symboliste de la 2ème moitié du 19ème siècle évoque ds le poème Colloque Sentimental, extrait du recueil Les Fêtes Galantes, inspiré des tableaux du peintre Watteau (18ème).

Ds ce poème à la forme originale, puisqu’il n’est constitué que de distiques, il dépeint un décor étrange de tonalité fantastique, où 2 êtres dialoguent, évoquant le souvenir qui ressurgit et l’oubli qui l’efface.

 

I. Un lieu étrange, de tonalité fantastique

 

a) Le cadre

 

Le lieu est présenté ici sous un double aspect. Tt d’abord comme un parc, connu sans doute des 2 ê puisque le poète utilise l’article défini «le«. Ms le parc, lieu conventionnel des rencontres amoureuses (de nos jours comme au 18ème), est ici extrêmemt dégradé, comme en témoignent le qualificatif «vieux« v.1,5, ou la présence à l’avt-dernier vers d’«avoines folles«.

Le lieu est en fait humanisé, mais doté de caractéristiques qui le déprécient. Présenté comme capable d’éprouver des sentimts par l’adj «solitaire« v.1, 5, il ne connote que le sentimt de solitude ou d’abandon. «glacé«, v.1, 5, qt à lui suggère l’hiver ou mm la mort.

 

b) Le temps

 

Le mmt choisi est la nuit : heure propice aux manifestat° de l’au-delà, elle s’ajoute aux caractéristiques du lieu  pr créer une atmosphère effrayante. 

Peuplée de «formes« v.2 indistinctes d’abord, puis mx perçue ds leur apparence macabre (deux spectres v.6), elle est mm personnifiée puisque dotée de sens (dernier v.). Le vbe «entendit«, cpdt au passé sple (fait ponctuel ds un passé lointain) diffère du vbe «écouta«. Si elle est dotée de capacités auditives, la nuit, témoin du dialogue, paraît le percevoir sans s’y intéresser. 

Le tps d’ailleurs n’est pas évoqué ici d’une façon chronologique : cette confus° temporelle ajoute à l’aspect inquiétant de la scène. Au v.2, le passé cpsé «ont passé« paraît indiquer une act° achevée. L’express° adverbiale «tt à l’heure« n’ajoute guère de précis°. Or, aux v.3-4 st utilisés des psts qui semblent antérieurs au passé composé «ont passé«. Le 3ème distique évoque à nouveau par le mm tps du passé cpsé (ont évoqué) le mmt  considéré comme achevé, dès le 1er distique. 4 strophes de 2 vers rapportent ensuite le dialogue, nécessairemt antérieur au départ des spectres. Le dernier distique souligne par l’impft «ils marchaient« leur attitude pdt le dialogue ; le passé sple «entendit« (v.16) rejette enfin ds un passé très lointain (et dépourvu d’intérêt : et la nuit seule entendit) leurs propos. Cet aspect flou du tps s’ajoute dc à celui du lieu pr créer une impress° des + étranges.

 

c) Les personnages

 

Après avoir été dépeints slmt comme des silhouettes peu distinctes (deux formes), les persos ne prennent figure + humaine que pr évoquer des ê défunts, à l’âme tourmentée. Le mot «spectre« en effet, aux sonorités très dures, succède à la 1ère vis° globale encore floue pr connoter la mort, ms aussi l’insatisfact°. Car le fantôme, à l’inverse des autres défunts immobiles à jms, hante pr tjrs certains lieux. 2 gpes de termes évoquent ici le mvmt auquel cette sorte d’ê semble condamnée à jms (v.2, 15 : ont passé, marchaient).

De +, outre leur silhouette, certains points précis st dépeints, ms de manière très péjorative. Les yeux et les lèvres, constantes du discours amoureux car il permettent d’ordinaire d’exprimer les sentimts ou de communier ds l’amour, sont ici victimes d’une décomposit° (rapprochemt par les sonorités de «mort« et «molles« v.3) physique, contrastant avc l’aspect immatériel que l’on prête d’ordinaire aux fantômes. 

2 images de la mort se superposant dc ici, celle de la décomposit° du cadavre (ici «déambulant«) et celle du fantôme, incapable de trouver le repos éternel. Mm la parole qui leur est prêtée témoigne de leur dégradat° physique : s’ils parlent, c’est de façon à peine perceptible (v.4, 16).

Le narrateur de cette scène (ici représenté par le prnm indéfini «on« au v.4, et assimilable p-ê au poète) est le seul, avc la nuit personnifiée à pouvoir distinguer ce discours chuchoté.

 

II. Un dialogue pathétique

 

a) Un couple apparent

 

Les 2 ê forment de l’extérieur un couple. Bcp de pronoms persos ou d’adj possessifs les présentent en effet réunis (notre v.7, nous, nos, v.12). Ils sont aussi constitués en couple apparent par les express° «deux formes«, «deux spectres« v.2, 6, ou par leurs caractéristiques communes (v.3). De mm, le pronom perso «ils« v.15, renforcé par l’adj «tels«, les réunins à nouveau ds la vis° finale. Ms en fait, les 2 ê st profondémt désunis.

 

b) Une désunion profonde

 

Nous avons peu d’indice sr l’identité du 1er perso. Est-il homme ? Est-il femme ? Au 19ème siècle, l’homme prenait svt l’initiative du dialogue amoureux. Ce 1er protagoniste serait dc un homme, à �  qu’on ne considère que la mort ait effacé les caractères physiques qui d’ordinaire séparent les 2 sexes. Ce 1er perso en tt cas utilise le voc de l’amour-passion, comme en témoignent les mots «extase, coeur, âme, beaux jours, bonheur indicible« v. 7-11. L’amour paraît dc idéalisé par cet ê, qui l’évoque à la x sr le plan physique (v.12 joignons nos bouches), ms aussi sur le plan affectif (coeur, rêve v.9-10), voire spirituel. Les mots «âme« et «extase« donnent en effet une dimens° presque mystique à l’amour.

L’exaltat° de cette créature (finalemt énigmatique, dc assimilable à tt lecteur), son élan, sa ferveur sont soulignées par l’interject° «Ah !« au début d’une principale exclamative, ses questions pressantes et ses exclamations. Ses répliques st en général + longues. Son langage est svt métaphorique, voire allégorique. Au v.7, la tournure impersonnelle «Te souvient-t-il« au lieu de «te souviens-tu«, montre qu’il aimerait que la force de l’amour l’amène à ressurgir de lui-mm ds le c� ur de l’autre.

Chez le second perso au contraire, il y a oubli total et reniemt du passé. Ceci est traduit d’abord par une réplique lapidatoire (Non v.10) mise en relief en fin de distique, puis par une formule très vague (c’est possible v.12). La seule réponse plus longue qu’il fait à l’autre est constituée par l’invers° péjorative des termes employés par le 1er : bleu, le ciel ≠ ciel noir ; grand l’espoir ≠ l’espoir a fui vaincu. A l’optimisme du 1er succède dc une allégorie de la défaite. Il répond ainsi au moyen d’un double chiasme, d’une façon tt à fait opposée à ce que désirait l’autre. Les termes détachés par des virgules ds le discours du 1er (bleu, le ciel, et grand,…) en sont d’autant + niés.

Le 1er de tte façon n’évoquait qu’au passé l’amour qui les avait réunis (le passé v.6, ancienne v.7, idée d’achèvemt connotée par «qu’il m’en souvienne« v.8 ou l’adj «tjrs« réclament une continuité du passé ds le prst ; voir aussi l’impft v.12, 13). Il ne prétend dc pas éprouver encore de l’amour ds le prst ; ce qu’il voudrait, c’est s’entendre dire plutôt qu’il a été et qu’il est encore aimé par l’autre. C’est la preuve de sa part d’un certain égoïsme, traduit en particulier v.9-10, où il tente de savoir s’il est tjrs essentiel aux yeux et au coeur de l’autre.

 

C’est dc un poème qui traduit à merveille, dans un cadre, un lieu, et à travers des personnages symboliques, la mort de l’amour…

 

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