Claus, Hugo - littérature française. 1 PRÉSENTATION Claus, Hugo (1929-2008), écrivain (poète, romancier et dramaturge), peintre, traducteur, scénariste et metteur en scène belge d'expression néerlandaise. 2 « UN AUTODIDACTE SANS ÉDUCATION MAIS AYANT BEAUCOUP LU « Né à Bruges, Hugo Claus grandit jusqu'à l'âge de 11 ans dans un pensionnat catholique très strict. Enfant, il commence à lire très tôt et à s'intéresser de près à la littérature. Alors qu'il n'a que 13 ans, son père, imprimeur, l'emmène chercher les blessés sur les champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale. Cette expérience traumatisante, son envie de fuir sa famille pesante et son dégoût pour la religion catholique le poussent à fuguer régulièrement puis à quitter définitivement le foyer familial en 1946. Le jeune homme, révolté, qui rêve de devenir peintre, s'installe dans une petite ferme et suit les cours de l'Académie des beaux-arts de Gand. Pour subvenir à ses besoins, il devient peintre en bâtiment puis travaille comme ouvrier agricole dans le nord de la France. Il rejoint ensuite Paris, où il côtoie le milieu surréaliste et rencontre Antonin Artaud, qu'il considère comme son père spirituel (ou plutôt comme son « anti-père «, selon ses propres termes), et avec lequel il partage la même critique de la société. Après un séjour en Italie, où il découvre le cinéma, Hugo Claus est de retour en Belgique, s'installe à Ostende et écrit en 1947son premier recueil de poème en néerlandais, Kleine Reeks (« Petite Série «). Il est par ailleurs l'un des rédacteurs de la revue d'avant-garde flamande Tijd en Mens (« Époque et Hommes «, 1949-1955). En 1950, après son service militaire, il rejoint avec son compatriote Pierre Alechinsky le mouvement artistique international Cobra, fondé en 1948. 3 LE PORTRAIT CRITIQUE D'UNE SOCIÉTÉ FLAMANDE PROVINCIALE ET TRADITIONNELLE Hugo Claus est, selon ses propres mots, un « flamingant francophone « qui choisit le néerlandais comme langue littéraire. Il écrit dans une langue qu'il a fait sienne, poétique, douce et musicale, qui mélange les patois, les registres, les sonorités, les rythmes, etc. Il publie en 1951 son premier roman la Chasse aux canards (De Metsiers, 1951), fresque rurale inspirée de l'oeuvre de William Faulkner, qu'il admire. Dès lors, il n'a de cesse d'écrire. D'autres romans importants dressent un portrait cynique de la province flamande : Jours de canicule (Hondsdagen, 1952), À propos de Dédé (Omtrent Deedee, 1963), l'Homme aux mains vides (De koele minnaar, 1956), l'Étonnement (De verwondering, 1962), la Honte (Schaamte, 1972). Son roman le Chagrin des Belges (Het verdriet van Belgïe, 1983 ; prix des Lettres néerlandaises) lui donne une stature internationale. Dans cette oeuvre, en partie autobiographique, il suit un jeune homme flamand, Louis Seynaeve, avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale. À travers le regard de son narrateur, il témoigne de l'hypocrisie de la frange réactionnaire flamande vis-à-vis du régime nazi et de la collaboration belge. Par ce roman et ses autres ouvrages, il veut « maintenir les moeurs et les extases de la tribu : oui, c'est aussi le rôle de l'écrivain. Par exemple, le Chagrin des Belges, je l'ai écrit pour que mes deux fils sachent comment leur père avait vécu dans une civilisation tout à fait étrange et néandertalienne. J'ai voulu leur montrer ce que c'était de vivre avant la guerre, pendant la guerre et après la guerre dans une toute petite communauté « (le Passe-Muraille, 1997). Parmi ses autres romans marquant figurent l'Espadon (De Zwaardvis, 1989), la Rumeur (De Geruchten, 1996), ou encore le Passé décomposé (Onvoltooid verleden, 2000). Il a également écrit des nouvelles et un recueil de récits, Het laatste bed (le Dernier Lit, 1998). 4 HUGO CLAUS, POÈTE, DRAMATURGE, PEINTRE ET RÉALISATEUR Écrivain à multiples facettes, Hugo Claus a commencé son oeuvre comme poète, ce qu'il est resté toute sa vie. Même si son oeuvre poétique n'a pas eu une aussi large diffusion que son oeuvre romanesque (peu de ses recueils ont été traduits), il est aujourd'hui considéré comme l'une des plus grandes voix poétiques néerlandophones. Parmi ses nombreuses publications figurent notamment Een Huis dat tussen Nacht en Morgen staat (« Une maison entre la nuit et le matin «, 1953), Poèmes [d'Oostakker] (De Oostakkerse gedichten, 1955), Een geverfde ruiter (« Un cavalier bariolé «, 1961), Heer Everzwijn (« Monsieur Sanglier «, 1970), Encres à deux pinceaux (Zwart, 1978 ; sur la peinture d'Alechinsky et d'Appel), Almanach (Almanak, 1982), Alibi (1985) ou Cruel bonheur (Wreed geluk, 1999) Également homme de théâtre, Hugo Claus, dramaturge et metteur en scène, a notamment écrit Andrée ou la Fiancée du matin (Een Bruid in de morgen, 1955), Thyeste (Thiestes, 1966, tragédie d'après Sénèque), Vendredi, jour de liberté (Vrijdag, 1970) et provoqué un scandale en mettant en scène sa pièce Mariken van Niemegen (Marijke de Nimègue, 1967), pour laquelle il est condamné pour « attentat à la pudeur « après avoir représenté la Sainte-Trinité par trois hommes dénudés. De la tragédie, à la comédie, du théâtre réaliste à la tragi-comédie, de la romance à la satire, du théâtre de la cruauté au théâtre épique, Hugo Claus s'essaie à tous les genres et les registres dramatiques. Il est par ailleurs assez réticent à l'idée de faire représenter par un autre son oeuvre théâtrale, considérant que les metteurs en scène ne respectent pas toujours les textes. Moins connu, l'artiste Hugo Claus a, outre ses expositions avec le mouvement Cobra et son ami Pierre Alechinsky, toute sa vie durant continué son oeuvre picturale, et a notamment été salué, en 2005, avec une rétrospective présentant 150 de ses dessins, aquarelles, gouaches et collages, au Musée Cobra d'Amstelveen (Pays-Bas). Son oeuvre a été réunie dans une monographie, Hugo Claus imagier (Hugo Claus prentenmaker, 1988). Hugo Claus a également écrit une vingtaine de scénarios et réalisé des films, notamment les Ennemis (De vijanden, 1967), Vendredi, jour de liberté (Vrijdag, 1980) et la Rédemption (De verlossing, 2001). Il a également produit des livrets d'opéra pour des compositeurs tels Bruno Maderna (Morituri, 1968) ou Konrad Boehmer (Georg Faust, 1985). 5 UN AUTEUR MULTIPLE MAINTES FOIS RÉCOMPENSÉ Quelque soit son mode d'expression, Hugo Claus, tour à tour peintre, poète, romancier, dramaturge, essayiste, traducteur, librettiste, scénariste, cinéaste, est un homme qui ne s'est jamais départi de sa colère. Il justifie son approche, jugée parfois cruelle, cynique ou brutale, ainsi : « Le regard froid est le seul possible pour décrire la violence et la mort. Le seul qui ne risque pas de tomber dans la caricature «. Son oeuvre protéiforme, anticonformiste, provocatrice, est toujours restée mouvante. Sans cesse critique (à tendance anarchiste), tantôt réaliste et tantôt lyrique, tantôt hermétique et tantôt légère, elle ne cède à aucune contrainte, ni formelle, ni factuelle, mélangeant à l'envi les registres, les genres, les rythmes, empruntant aux écritures cinématographiques (flash back, gros plan), psychanalytiques ou picturales, ou se jouant du narrateur qui passe volontiers du « je « au « il «. Cet artiste des mots a toujours aimé les mélanges et les approches transversales, et s'est notamment essayé à l'adaptation de son oeuvre romanesque au théâtre ou au cinéma, mais aussi à celle d'oeuvres cinématographique à la scène. Auteur de plus de 150 ouvrages (dont une centaine est traduite dans une vingtaine de langues) et de nombreuses traductions (Aristophane, William Shakespeare, Georg Büchner, Jacques Audiberti, Joseph Kessel, Federico García Lorca, Samuel Beckett ou Dylan Thomas), Hugo Claus a été récompensé par une cinquantaine de prix littéraires. Il a notamment reçu en 1979 le prix Constant Huyghe pour l'ensemble de son oeuvre, en 1986 le prix des Lettres néerlandaises (la plus haute distinction pour la littérature néerlandophone), et en 2001 le Preis für Europäische Poesie. En revanche, pressenti maintes fois pour le prix Nobel, il ne l'a jamais reçu. Le 19 mars 2008, Hugo Claus, qui n'arrivait plus à écrire et était diminué par la maladie d'Alzheimer, a choisi le moment exact de sa mort, par euthanasie. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.