Chinard, Joseph - sculpture.
Publié le 15/05/2013
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Chinard, Joseph - sculpture. Chinard, Joseph (1756-1813), un des rares sculpteurs néoclassiques français à avoir mené sa carrière hors de la capitale, et à s'être ouvertement prévalu de ses opinions révolutionnaires. Né à Lyon, fils d'un drapier, Joseph Chinard est d'abord destiné à embrasser la carrière ecclésiastique. Il entre cependant à l'École royale de dessin sous la direction de Barthélemy Blaise et obtient ses premières commandes à 16 ans, notamment pour la façade de l'hôtel de ville de sa ville natale dont il sculpte entre autres les armoiries. Conformément à l'usage de l'époque, il se rend à Rome -- à ses frais -- grâce au mécénat de Lafont de Juis, ancien procureur du bureau des finances à Lyon. Il y remporte en 1786 le prix Balestra de l'Académie de Saint-Luc, avec son Persée délivrant Andromède, réalisé en terre cuite, puis revient à Lyon en 1787, avec plusieurs copies d'antiques alors célébrés par Winckelmann. Un rien voltairien, le portrait en buste du girondin Roland de la Platière de 1789 peut être tenu pour une profession de foi révolutionnaire qu'il s'attache dès lors à illustrer. Le groupe de l'Amour de la patrie inaugure en 1790 une série d'allégories qui culmine avec la belle terre cuite représentant la République, assise entre les tables de la loi révolutionnaire (1794, musée du Louvre, Paris). De retour à Rome en 1791, il exécute un autre Persée délivrant Andromède avec des variantes, puis le transcrit en marbre sans que le commanditaire Charles-Antoine Terray, guillotiné, puisse en accuser réception. Suivent deux candélabres intitulés Jupiter terrassant l'Aristocratie et Apollon foulant aux pieds la Superstition (musée du Louvre). Ces esquisses subversives lui valent d'être dénoncé comme franc-maçon puis incarcéré en 1792 par le pape au château Saint-Ange. Libéré grâce à la protestation officielle émanant du peintre Jacques Louis David et de Mme Roland, Joseph Chinard bénéficie alors de commandes officielles dont la majeure partie reste à l'état de projet ou disparaît, victime des atermoiements ou du vandalisme propres à une époque troublée. Le bas-relief de la Liberté et l'Égalité de 1793 dont il ne reste que le modèle, où la première semble tenir une couronne contre son postérieur, lui vaut un nouveau procès pour irrévérence : emprisonné, il modèle une statuette intitulée l'Innocence se réfugiant dans le sein de la Justice et l'adresse au juge qui, dit-on, l'acquitte. Le monument équestre du général Desaix en marbre, commandé par la ville de Clermont-Ferrand en 1800 et livré inachevé en 1807, révèle un sculpteur novateur, comme l'atteste, entre autres, l'inversion du cavalier et de sa monture (actuellement au musée Bargoin). Quant au Monument à la paix d'Amiens signée en 1802 commandé par la ville de Marseille, il est resté lettre morte, tout comme un Monument au peuple français. Enfin, conformément aux nécessités économiques de l'époque, outre le décor éphémère des fêtes qui l'accaparent un temps, Joseph Chinard vit de ses talents de portraitiste, en exécutant notamment maints médaillons de personnages souvent anonymes, et se distingue tout particulièrement dans ses bustes. Le Bonaparte aux traits augustéens de 1802 par exemple, ou encore l'Autoportrait en toge de 1808, trahissent un néo-classicisme infléchi par ce rendu du détail ou des accessoires que le travail de la terre autorise. Aussi opposera-t-on le buste marmoréen (Salon de 1808) de Madame de Verninac sous les traits de Diane (musée du Louvre) à la célèbre terre cuite de Madame Récamier (J. Paul Getty Museum, Los Angeles) : là où le marbre requiert un traitement plus synthétique, la terre lui permet de rendre avec une égale dilection, la fleur de la peau, la texture de la mousseline et les mèches de cheveux, sans que ces minuties nuisent à l'effet d'ensemble. Mort à Lyon, Joseph Chinard a en somme partagé les rêves et les vicissitudes de son temps, comme l'atteste à sa manière la rhétorique de ces vers inscrits sur l'Innocence : « Je rends à la Vertu sa première blancheur / Et j'immole à ses yeux son farouche oppresseur. « Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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