Chillida, Eduardo - sculpture. 1 PRÉSENTATION Chillida, Eduardo (1924-2002), sculpteur et graveur espagnol. Salué comme « le poète du fer forgé «, Eduardo Chillida est, au même titre que son compatriote Jorge Oteiza, la grande figure de la sculpture basque du XXe siècle. L'oeuvre de ce spécialiste de l'art monumental se situe dans la lignée de celles de Julio González et Pablo Picasso, grands amateurs du fer et de la soudure. 2 LE « POÈTE DU FER FORGÉ « 2.1 Une démarche d'autodidacte Né à Saint-Sébastien, d'une mère musicienne et d'un père militaire, Eduardo Chillida se destine adolescent à une carrière de footballeur qu'une blessure contrarie. À partir de 1943, il étudie l'architecture, le dessin et la sculpture à Madrid mais abandonne rapidement, préférant la démarche de l'autodidacte. En 1948 (il a alors 24 ans), il s'installe à Paris où il se familiarise avec le milieu artistique d'après-guerre. Il y rencontre notamment Pablo Palazuelo, Constantin Brancusi et l'Américain Ellsworth Kelly. Très influencées par l'art cycladique qu'il a découvert au Louvre, ses premières figurines en plâtre traduisent sa fascination pour les volumes stylisés et la « lumière « méditerranéenne. Parallèlement, il se lance dans le modelage de pièces figuratives appelées lurras (« terres cuites «). Ce n'est qu'à partir de 1950 qu'il se tourne vers l'abstraction. En 1951, il s'installe définitivement au Pays basque. 2.2 Le « forgeron « de la sculpture C'est face à l'Atlantique qu'il chérit tant, auprès des artisans du fer et de sa forge récemment installée qu'il se voue au métal qui va devenir son matériau de prédilection, sa signature. Sa première sculpture en fer, Ilaryk, évoquant une stèle funéraire, date de 1951. Par la suite, il n'aura guère d'appétence pour le bronze, trop classique, mais ne négligera jamais pour autant des matériaux réputés moins nobles, tels que le bois, le béton, l'acier, la pierre, le granit ni même l'albâtre (qu'il apprécie particulièrement pour ses qualités translucides), s'attachant notamment à leurs spécificités de résistance, de dureté ou de malléabilité. Jusque dans ses dessins et ses eaux-fortes, Eduardo Chillida se révèle extrêmement tactile. 2.3 Un art tellurique À partir des années 1970, l'observation de la nature lui inspire de nouvelles formes. Il se spécialise dans l'installation de pièces monumentales, compositions abstraites et fortes, nouées mais ouvertes, qui s'intègrent dans des espaces urbains -- Berlin (Chancellerie) symbolisant l'Allemagne réunifiée, Estudio Peine del Viento VI (palais de l'Unesco) à Paris, Alrededor del vacio (Banque mondiale) à New York, Stèle à Pablo Neruda à Téhéran, De Musica Dallas XV (Symphony Hall) à Dallas, Lottura (musée Olympique) à Lausanne, Dialogo-Tolerancia à Münster, etc. -- ou dans des paysages naturels -- les Peignes du vent (Peines del Viento) à Saint-Sébastien, la Demeure de notre père (Gure Aitaren Etxea) à Guernica, la Maison de Goethe (la Casa de Goethe) à Francfort, le Monument à la tolérance (Monumento a la Tolerancia) à Séville, Éloge de l'horizon (Elogio del Horizonte) à Gijón, Zuhaitz V dans le parc Albert-Michallon, à Grenoble, etc. Ces oeuvres se caractérisent par une sévérité de plans « sans bavures « et de lignes nerveuses où s'épanouit la patte de l'architecte-dessinateur. Leur surface, tantôt rugueuse tantôt polie, traduit les tensions intrinsèques de la vie : dynamisme et statisme, joug de la matière, masses puissantes opposées à une légèreté aérienne. Le fer, Eduardo Chillida l'utilise dans sa confrontation au feu pour le plier, presque le déployer dans le vide, défiant la gravité. Il produit alors les symboles d'une sculpture fortement physique et qui, comme il le dit lui-même, « travaille avec les limites «. Le résultat ne manque ni d'humanité, ni de poésie. 3 UN « PASSEUR « D'ART 3.1 Entre matière et esprit Son travail de graveur témoigne de son intérêt pour le support papier, qu'il couvre parfois des volumétries propres à la sculpture. Il convient de citer les estampes réalisées pour le recueil de poèmes Más allá de Jorge Guillén, pour l'Art et l'Espace du philosophe Martin Heidegger ou pour l'Écriture ou la vie de Jorge Semprun. Par ailleurs, on sait toute l'admiration que lui portent Gaston Bachelard, qui le baptise « le forgeron «, et Emil Michel Cioran. De même, les poètes contemporains -- tels que Octavio Paz, Gabriel Celaya, José Ángel Valente, Jacques Dupin, Claude Esteban, Edmond Jabès ou Yves Bonnefoy -- apprécient et commentent volontiers son oeuvre plastique qui autorise toutes sortes de projections mentales. 3.2 Reconnaissance et honneurs La première exposition individuelle d'Eduardo Chillida a lieu à la galerie Clan, à Madrid, en 1954 : il s'agit de la première présentation de sculptures abstraites jamais effectuée en Espagne. La même année, il est invité par l'architecte Ramón Vázquez Molezún à participer au sein du pavillon espagnol à l'exposition triennale de Milan, où il obtient le diplôme d'honneur. En 1958, l'artiste remporte le Grand Prix de sculpture à la biennale de Venise et expose au musée Guggenheim de New York. En 1959, il se fait remarquer à la « Documenta II « de Kassel. Dès 1962, il est invité à exposer aux côtés de Pablo Picasso et Joan Miró, au Museum of Fine Arts de Houston. Lauréat du prix « Príncipe de Asturias de las Artes « en Espagne en 1987, il est bientôt nommé membre honoraire de l'Académie des beaux-arts de San Fernando (1994). En 1999, à l'occasion du 75e anniversaire de l'artiste, le musée Guggenheim de Bilbao lui a rendu un vibrant hommage. 3.3 Une fondation : le Chillida-Leku En septembre 2000, ce sculpteur du temps et de l'espace -- « qui explorait en profondeur la nature humaine « selon le peintre catalan Antoni Tàpies -- réalise son rêve en créant, sur une propriété basque de 12 hectares près d'Hernani, son propre lieu d'exposition qui rassemble une anthologie de son oeuvre : le Chillida-Leku (« l'espace Chillida « en basque). Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.