Chénier, André - littérature.
Publié le 28/04/2013
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Chénier, André - littérature. 1 PRÉSENTATION Chénier, André (1762-1794), poète français classique, précurseur du romantisme. D'abord poète de la Révolution libérale, il s'indigne contre les excès de la Terreur et meurt guillotiné. 2 LA VOCATION POÉTIQUE Né à Constantinople, où son père était consul de France, André de Chénier, dit André Chénier, vient habiter très jeune à Paris avec sa mère et ses frères. Passionné par la Grèce antique, il fait de brillantes études au collège de Navarre de 1773 à 1781. Sa vocation poétique s'éveille de bonne heure -- ainsi que celle de son frère, Marie-Joseph. Dans le salon maternel, il fréquente le poète Lebrun-Pindare, le peintre David et plusieurs savants. L'adolescent lit et étudie avec passion et esquisse déjà les Élégies. Après une très brève carrière militaire avortée en 1782 puis un voyage en Italie et en Suisse, il achève ses Bucoliques (1785-1787) et accepte un emploi de secrétaire d'ambassade, à Londres en 1787. Il souffre du dépaysement comme d'un véritable exil et se consacre à de vastes projets poétiques. Il écrit l'Invention, exposé de sa nouvelle doctrine poétique, et ébauche deux épopées, restées inachevées. Le premier de ces deux longs poèmes, l'Hermès, devait exprimer deux tendances du XVIIIe siècle, l'enthousiasme pour la science et la foi dans le progrès. Le second, l'Amérique, devait relater les explorations ayant conduit à la découverte du Nouveau Monde, dépeindre le continent américain et les moeurs de son peuple. Mais les circonstances ne permettent pas à André Chénier de mener à bien ce projet didactique et scientifique. 3 L'ENGAGEMENT POLITIQUE ET LA POÉSIE SATIRIQUE À son retour, en 1790, il participe avec enthousiasme au mouvement révolutionnaire. Il fonde avec les frères Trudaine la Société de 1789 et célèbre dans une ode le serment du Jeu de paume. Mais il reste cependant modéré, protestant contre les excès des Jacobins et s'indignant de l'accueil triomphal que reçoivent à Paris des soldats mutinés, les Suisses du régiment de Châteauvieux. Il participe notamment à la défense de Louis XVI avec Malesherbes et devient suspect après l'exécution du roi. Il se retire à Versailles et rédige des odes en l'honneur de sa compagne Françoise Le Coulteux, qu'il nomme « Fanny «. De retour à Paris, il est arrêté en mars 1794 et emprisonné à Saint-Lazare. Il y écrit alors la Jeune Captive et les Iambes satiriques, dans lesquels il attaque explicitement la tyrannie jacobine. Il parvient à faire passer les manuscrits à son père en les dissimulant dans du linge. Dans les cent vers de ses Iambes, il transpose en français le rythme iambique illustré jadis par le poète grec Archiloque et lui donne des accents satiriques qui ponctuent une critique virulente du jacobinisme. Condamné à mort comme « ennemi du peuple «, il est guillotiné le 25 juillet 1794, deux jours avant la chute de son principal ennemi, Robespierre. 4 L'APPORT THÉORIQUE ET ESTHÉTIQUE D'ANDRÉ CHÉNIER Mort à 31 ans, André Chénier laisse derrière lui une oeuvre abondante et un style très apprécié. Son oeuvre, classique dans la mesure où son inspiration et sa forme sont empruntées à la Grèce antique, marque un renouveau considérable par la sensibilité et le lyrisme civique enthousiaste qui l'animent. Ce paradoxe s'exprime dans son célèbre mot d'ordre : « Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques. « André Chénier réhabilite l'inspiration humaniste, l'enthousiasme créateur cher à Ronsard, à un moment où la poésie est avant tout considérée comme un exercice formel. Mais il maîtrise aussi la versification et emprunte à la poésie grecque la musicalité de ses vers et sa beauté plastique. Dans certains de ses plus beaux poèmes comme la Jeune Tarentine, il multiplie les rejets et les coupes expressives pour parvenir à des mouvements mélodiques qui laissent transparaître sa mélancolie. Ses poèmes, inédits de son vivant, à l'exception du Jeu de Paume et de l'Entrée triomphale des Suisses révoltés du régiment de Châteauvieux sont publiés en 1819 par Henri de Latouche, et suscitent aussitôt l'enthousiasme de la jeune génération romantique qui salue l'alliance remarquable de l'inspiration sincère et du culte de l'art, « une poésie nouvelle qui vient de naître « (Victor Hugo). L'influence de Chénier est particulièrement sensible chez Alfred de Vigny (La Fille de Jephté), chez Victor Hugo (Les Orientales) ou chez Alfred de Musset (La Nuit de mai) ainsi que chez les parnassiens qui voient en lui un précurseur. Un opéra du compositeur italien Umberto Giordano, en 1896, retrace la vie du jeune poète martyr. Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.
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