Chateaubriand écrit, au début de ses Mémoires d'outre-tombe : « J'exerçais peut-être sur mon siècle, sans le vouloir et sans le chercher, une triple influence, religieuse, politique et littéraire. » Dites dans quelle mesure ce jugement de l'auteur sur lui-même vous paraît fondé.
Publié le 14/03/2011
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Nous avons étudié tout ce qui est nécessaire pour exposer et juger l'influence religieuse et littéraire. Chateaubriand n'ignore pas qu'à beaucoup d'égards il ne fait que continuer des prédécesseurs; mais il a le juste sentiment que son action est plus forte que la leur pour les raisons que nous avons données. Il reste à préciser deux points : 1° L'influence politique. Il est très exact que Chateaubriand, ennemi de la Révolution, a puissamment aidé la réaction qui amène l'Empire (bien qu'il se soit brouillé avec Napoléon), puis la Restauration. Et il faut se souvenir que, à leurs débuts, la plupart des romantiques ont été catholiques et monarchistes, « conservateurs « ; 2° L'expression « sans le vouloir et sans le chercher «. Elle est évidemment exagérée. En écrivant le Génie du christianisme, Chateaubriand veut certainement exercer une influence sur la religion, comme en composant les Martyrs il veut prouver la valeur du merveilleux chrétien, de la prose poétique, etc. Mais son expression est cependant vraie à un certain point de vue. Chateaubriand n'a aucun désir d'être un chef d'école, un maître escorté de ses disciples. Il n'a rien fait de ce qui donne à Voltaire une sorte de royauté parmi les Encyclopédistes, de ce qui assure à Victor Hugo la direction du mouvement romantique. Il n'a qu'un besoin profond, celui de s'exprimer, sans se demander combien le suivront. Plan. — I. L'influence de Chateaubriand a été préparée par beaucoup d'autres. — II. Mais elle a été profonde dans les domaines : A) Politique et religieux. III. B) Littéraire. — IV. Dans quel sens elle a été involontaire.
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