château fort - architecture.
Publié le 14/05/2013
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Normandie — Caen (Calvados), Domfront (Orne), Vire (Calvados) —, dans l’ouest du royaume — Senlis (Oise), Chevreuse (Yvelines) — puis sur l’ensemble du territoire.
Ce modèle de donjon est exporté vers l’Angleterre lors de l’invasion menée à
partir de 1066 par Guillaume le Conquérant : donjon de Douvres (Kent), Tour de Londres, château de Windsor (Berkshire), château de Carlisle (Cumbrie), etc.
On le trouve également en Allemagne, en Belgique et dans les pays du nord de l’Europe.
À
la même époque, il gagne la péninsule italienne lors des raids menés par le chevalier normand Robert Guiscard.
C’est également le temps des premières croisades qui alimentent tout un faisceau d’influences réciproques : les croisés exportent le
concept du donjon et redécouvrent des techniques occultées, comme celle du flanquement cylindrique ou l’adoption du rempart en chemise (Gisors) qui protège la base du donjon.
D’imposantes forteresses sont ainsi élevées au Proche-Orient, comme
le krak des Chevaliers (Syrie), le château Saint-Louis (Liban) et la forteresse de Mseilha (Liban).
4 L’APOGÉE DU CHÂTEAU FORT
4. 1 Le règne de Philippe Auguste
Le règne de Philippe Auguste (1180-1223) marque, en France, l’affirmation du pouvoir royal et l’extension des limites du territoire ; cette politique se traduit par l’édification de nombreux ouvrages fortifiés (tours, châteaux et enceintes urbaines).
Sous ce règne, un groupe d’ingénieurs apporte des concepts audacieux qui influencent l’architecture militaire dans toute l’Europe.
Les châteaux forts s’adaptent ainsi aux progrès de l’artillerie et aux nouvelles techniques de siège.
Les murailles
s’épaississent (jusqu’à 7 m à Douvres).
L’enceinte gagne en importance : de plan géométrique, souvent carrée (plus de 70 m de côté au château du Louvre, à Paris), elle est flanquée de tours cylindriques (la plus vaste, l’enceinte d’Angers, compte
dix-sept tours) et protégée par un fossé.
C’est le début du château-cour qui ménage un espace permettant le déplacement des troupes et l’organisation des contre-attaques : la défense perd de sa passivité.
Mâchicoulis, archères et hourds permettent
de tirer sur l’assaillant.
Les remparts sont souvent doublés, comme au château de Carcassonne (Aude) et à Château-Gaillard (Eure).
On trouve, adossés aux courtines, les écuries, les logis de la garnison, les communs et, parfois, une chapelle.
Aménagé à l’intérieur de l’enceinte fortifiée, le puits permet le ravitaillement en eau et offre, en cas de siège, l’autonomie aux habitants du château fort ainsi qu’à la population villageoise voisine venue s’y réfugier.
L’autre évolution majeure concerne le donjon qui, de carré, devient cylindrique afin de limiter les angles morts.
Cette forme reste dès lors la plus courante, même si les plans polygonaux — château d’Ortenbourg (Bas-Rhin) —, hémicylindriques en
« u » ou en amande — Tour blanche d’Issoudun (Indre) et donjon de La Roche-Guyon (Val-d’Oise) — sont également utilisés.
Cependant, en Bourgogne et dans le sud-ouest du royaume de France (notamment en Aquitaine, région sous domination
anglaise), le donjon carré demeure la norme.
Un pont-levis commande généralement l’accès au donjon, qui reste la tête de la place et l’ultime refuge.
4. 2 La guerre de Cent Ans
Durant le dernier quart du XIVe siècle, la guerre de Cent Ans (1337-1453) entraîne la prolifération d’ouvrages fortifiés de toutes sortes, et le perfectionnement des éléments défensifs.
De nombreux châteaux préexistants sont ainsi modernisés : pour
exemple, au château de Foix (Ariège), un second donjon est dressé à côté de l’ancien ; à Vitré (Ille-et-Vilaine), toute l’enceinte est restaurée.
Ces améliorations architecturales concernent notamment les portes, avec l’apparition du pont-levis, du
châtelet et de la barbacane (dispositif fortifié placé en avant de l’entrée).
Remplaçant les hourds, les mâchicoulis portés sur corbeaux de pierre protègent les enceintes et le sommet des tours.
Échauguettes, archères à croix pattée (adaptées à
l’arbalète) font également leur apparition à cette époque.
Un autre type de château fort voit le jour dans les années 1430 : c’est le petit château massif, formé d’un haut corps de logis flanqué de quatre tourelles ; en témoignent les châteaux d’Anjony
(Cantal), de Sauzay (Nièvre) et de Bours (Pas-de-Calais).
5 LES DERNIERS CHÂTEAUX FORTS
5. 1 L’épreuve du feu
L’apparition du boulet métallique impose un épaississement des murailles et des configurations nouvelles pour manœuvrer les canons, comme c’est le cas au château de Fougères (Ille-et-Vilaine).
Le dernier château fort édifié sur le royaume de
France sur le modèle du château-cour est l’immense forteresse de Bonaguil (Lot-et-Garonne), dont les aménagements, vers 1480-1520, sont quasiment contemporains de la construction du château Renaissance de Chambord.
Bien que réunissant
toutes les innovations architecturales, cette forteresse tardive apparaît rapidement inadaptée à la puissance de l’artillerie de la Renaissance.
Pour sa part érigée entre 1497 et 1504, la forteresse espagnole de Salses (Pyrénées-Orientales) annonce les
fortifications bastionnées que développent bientôt à travers l’Europe les ingénieurs italiens : l’édifice est à demi enterré pour résister aux tirs rasants, tandis que ses remparts atteignent 12 mètres d’épaisseur.
5. 2 Vers le château de plaisance
À partir du milieu du XVe siècle, avec la fin de la guerre de Cent Ans, les seigneurs fortunés s’attachent à embellir leur ancien château fort — châteaux de Josselin (Morbihan), de Langeais (Indre-et-Loire), de Chaumont-sur-Loire (Loir-et-Cher), etc.
—
et à profiter d’un confort et d’un luxe dont la guerre les a longuement privés.
Si les structures défensives ne disparaissent pas — les mâchicoulis restent pour longtemps l’affirmation de la puissance militaire —, tours et tourelles se multiplient, coiffées
de toitures pointues qui confèrent au château une allure moins militaire.
Ainsi, le château de Chambord (Loir-et-Cher), édifié à partir de 1519, est l’un des premiers édifices français intégrant à l’architecture médiévale traditionnelle les apports de la
Renaissance italienne.
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