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Chapitre 14 de Gargantua - Rabelais

Publié le 12/09/2006

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gargantua

Le texte étudié est tiré du roman «Gargantua« de François Rabelais. François Rabelais est une des figures principales de l’humanisme français du XVIème siècle. Il est né en 1483, dans la région de Chinon, et il est mort autour de 1553. Ayant étudié le latin et le grec, il a d’abord été moine et traducteur avant d’exercer les fonctions de médecin puis d’écrivain. Il est l’auteur de «Pantagruel« (1532), de «Gargantua«(1534), du «Tiers Livre« (1546), du «Quart Livre«(1547-1552) et du «Cinquième Livre«(1546).

 

Gargantua est un roman satirique composé de plusieurs épisodes qui relatent l’enfance, l’éducation, et les prouesses du héros principal, le géant Gargantua; c’est une parodie du roman de chevalerie, où l’auteur a largement recours aux éléments de la littérature populaire (le monde de géant, thème folklorique populaire, le langage). 

Dans toute son oeuvre Rabelais s’emploie à propager les idées humanistes (la connaissance, l’éducation, la valeur de la personne humaine, l’esprit critique, la justice, la tolérance, la liberté).

 

L’humanisme est un courant culturel européen qui s’est développé à la Renaissance. C’est aussi un mouvement de pensée qui, tout en redécouvrant les textes de l’Antiquité, propose une nouvelle conception de l’homme et de l’univers. Les humanistes pensent que l’homme est capable de s’améliorer grâce à l’instruction, la culture, la compréhension du monde. À l’image de Érasme, de Rabelais, ils s'intéressent à toutes les sciences (mathématiques, astronomie, philosophie, médecine...) et souhaitent une éducation qui développe la liberté de chacun. Aussi Rabelais dénonce-t-il dans Gargantua, l’éducation traditionnelle avec son dogmatisme religieux qui n’admet aucune évolution puisque fondée sur des préceptes divins. 

Nous allons étudier plus particulièrement le chapitre 14 de Gargantua, dans lequel, Rabelais s’en prend à l’éducation scolastique, qu’il oppose à l'efficacité de la pédagogie moderne (humaniste). 

Grandgousier, père de Gargantua, à son retour de la guerre, retrouve son fils, qui vient de faire preuve à ses yeux, en inventant le torchecul, d’une intelligence merveilleuse, voire même divine. Il décide donc de s’occuper de son éducation. Or, l’enseignement de Maitre Thubal Holoferne, «grand docteur en théologie« qui a mis des années à lui apprendre l’alphabet, si bien qu’il pouvait le réciter à l’envers, et de Maitre Jobelin Bridé (jeu de mot, analogie avec Jobart l’idiot, qui connote la sottise), s’avère décevant, voire même désastreux; ce qui devient flagrant lors de la rencontre organisée par Grandgousier et son ami Don Philippe des Marais, entre Gargantua et Eudémon, le jeune page de ce dernier.

 

Nous analyserons d’abord la composition de ce chapitre qui est construit sur une antithèse, pour étudier ensuite les moyens linguistiques et lexicaux que Rabelais utilise pour tourner en dérision le modèle d’éducation médiéval, et mettre en valeur le modèle d’éducation humaniste.

 

«Tout le livre repose sur un jeu constant d’antithèses et de contraire. Ce jeu informe le texte à tous ses niveaux: au niveau du lexique, des images, des styles, des chapitres, des thèmes, des personnages et des situations.«

 

La construction antithétique réside dans l’opposition de deux personnes, de Gargantua, et d’Eudémon, chacun représentant un système d’éducation différent. Eudémon symbolise l’idéal humaniste de l’Homme: beau sur tous les rapports, il est bien peigné, il se tient bien, il a «le visage avenant, la bouche vermeille, les yeux assurés« («esprit sain dans un corps sain«). Eudémon a eu un enseignement humaniste pendant seulement deux ans. Une instruction moderne et efficace est un moyen de métamorphoser l’homme.

 

Nous pouvons premièrement constater que dans ce chapitre, Rabelais oppose l’éducation rétrograde et abrutissante des scolastiques à celle éclairée des humanistes. 

La scolastique désigne l’enseignement dispensé au Moyen Âge dans les écoles monastiques, dans les universités, dans toutes les écoles placées sous la juridictions de l’Église. Les professeurs portaient le nom de scolastiques, noms qui caractérisaient leurs méthodes et leur doctrine religieuse. Leurs méthodes d’enseignement étaient formelles, reposaient sur la connaissance livresque uniquement, sur l’art de la dialectique, du discours, et ils refusaient toute remise en cause des dogmes établis par l’Église. Les humanistes s’opposent à cette enseignement, et impose l’étude des lettres latines et grecques dans leurs textes authentiques.

Nous pouvons voir cette opposition à travers le personnage de Gargantua, qui a suivi un éducation moyenâgeuse, et le personnage de Eudémon, qui lui, a suivi un enseignement humaniste, une pédagogie moderne. Eudémon est l’idéal humaniste de l’éducation: il beau physiquement, propre, possède parfaitement bien l’art de la rhétorique, il a de bonnes manières etc.... Il est si talentueux et si intelligent qu’il est même comparé à Gracchus, à Cicéron, ou encore à Émiliius.

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