c'est à l'espèce de l'être visible.
Publié le 22/10/2012
Extrait du document
«
LA CONCEPTION DU SAVOIR 207
l'aigu et le grave? Je pense que tu dirais par les yeux
et par les oreilles.
- T.
C'est vrai.
- S.
La facilité
à user des mots et des expressions
n'a, en général,
rien de roturier, c'est plutôt le contraire qui est
indigne
d'un homme libre, mais c'est parfois néces
saire, ainsi,
par exemple, il faut reprendre ce que ta
réponse a de défectueux.
Réfléchis, en effet : quelle
est la réponse la plus correcte ? dire que les yeux sont
ce par quoi nous voyons ou ce au moyen de quoi nous
voyons et les oreilles ce
par quoi nous entendons ?
-
T.
A ce qu'il me semble, ce au moyen de quoi
nous percevons chaque sensation, plutôt que ce
par
quoi.
- S.
Ce serait en effet bien étrange, mon jeune
ami,
qu'une pluralité de sensations fussent logées en
nous comme dans des chevaux de bois et qu'il n'y
eût pas quelque forme unique, qu'on l'appelle l'âme
ou de quelque autre nom,
où toutes ces sensations
convergent et
par laquelle, usant d'elles comme d'ins
truments
nous percevons tous les sensibles.
- T.
Cette explication me semble plus juste que l'autre.
-
S.
Ce que je veux te faire préciser par là, c'est s'il
y a
en nous un pouvoir, toujours le même, par
lequel, avec les yeux comme moyen, nous atteignons
le blanc et le noir et par le moyen des autres sens,
d'autres sensibles et si, interrogé,
tu pourrais rap
porter
tout cela au corps ? Peut-être vaut-il mieux
que
tu parles toi-même en réponse à mes questions
et que ce ne soit pas moi qui
m'en charge à ta place.
Dis-moi, chacun des sens au moyen desquels
tu per
çois le chaud, le sec,
le léger, le doux, est-ce au corps
ou à q_uelque chose d'autre que tu le rapportes?
-
T.
A rien d'autre qu'au corps.
- S.
Es-tu prêt
à m'accorder que ce que
tu perçois au moyen d'une
faculté, il est impossible que tu le perçoives au
moyen
d'une autre ? par exemple, de sentir par la vue
ce que
tu sens par l'ouïe et par l'ouïe ce que tu sens
par les yeux.
- T.
Comment pourrais-je ne pas
l'accorder? -
S.
Donc si tu conçois quelque chose
qui concerne les deux, ce n'est ni
par l'un ni par
l'autre que peut te venir la perception commune..
»
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