« Ce n'est pas pour voir la vérité qu'on paie sa place au cinéma » affirme un personnage de Jean Anouilh. Etes-vous de cet avis ?
Publié le 22/02/2011
Extrait du document

■ Jean Anouilh, homme de théâtre, a mis en scène Deux sous de violettes. Il a écrit un certain nombre de scénarios.
■ La citation du dramaturge pose un problème précis : pourquoi se rend-on au cinéma? «Ce n'est pas pour voir la vérité.« Le spectateur écarterait donc toute préoccupation sérieuse; il attendrait surtout une distraction. L'espoir d'un divertissement explique le succès de certains films, dits «faciles«. Le public espère alors oublier les soucis quotidiens. En ce sens, il est possible de considérer que la phrase porte un jugement relativement critique sur le cinéma.
■ Mais la citation peut aussi être louangeuse : le spectateur espère que le film lui apportera le rêve, excitera son imagination.
■ La phrase peut également traduire le divorce entre l'ambition des metteurs en scène et les aspirations du public. Les films à thèse, la peinture précise et monstrueuse des mœurs contemporaines sont loin de remplir les salles. Les films d'art et d'essai, de qualité pourtant, concernent un public restreint. Le phénomène est tel que la critique se réjouit de l'attribution d'un «prix« à un film beau et poétique qui avait peu de chance de toucher le public. Sous une forme relativement anodine, la citation traduirait alors un pessimisme profond : le public ne cherche pas la vérité, le sérieux, le profond, il veut du mensonge, de la distraction, du superficiel pour s'étourdir le temps d'une séance.
■ La position est cependant discutable : le cinéma peut allier distraction et qualité. Le chemin de la vérité n'est pas nécessairement ennuyeux et le succès de certains films le prouve. La réussite durable est d'ailleurs à ce prix.
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