car le fait de ne pas être content de son état, de vivre pressé de nombreux soucis et au milieu de besoins sinon satisfaits pourrait devenir aisément une grande tentation d'enfreindre ses devoirs.
Publié le 22/10/2012
Extrait du document
«
75 La loi morale
Puisque
la valeur d'une action accomplie par devoir est indépen
dante du résultat obtenu, elle ne peut dépendre que de la maxime
même de l'action, c'est-à-dire du respect de la loi morale.
35.
La loi morale.
Voici la seconde proposition :une action accomplie par devoir
tire sa valeur morale non pas du but qui doit être atteint par elle,
mais de la maxime d'après laquelle elle est décidée; elle ne dépend
donc pas de la réalité de l'objet de l'action, mais uniquement du principe du vouloir d'après lequel l'action est produite sans égard
à aucun des objets de la faculté de désirer.
Que les buts que nous
pouvons avoir dans nos actions, que les effets qui en résultent,
considérés comme
fins et mobiles de la volonté, ne puissent com
muniquer à ces actions aucune valeur absolue, aucune valeur
morale, cela est évident
par ce qui précède.
Où donc peut résider
cette valeur, si elle ne doit pas se trouver dans la volonté consi
dérée dans le rapport qu'elle a avec les effets attendus de ces ac
tions? Elle ne peut être nulle part ailleurs que dans le principe de la volonté, abstraction faite des fins qui peuvent être réalisées par une telle action; en fait, la volonté placée juste au milieu entre
son principe a priori, qui est formel, et son mobile a posteriori, qui est matériel, est comme à la bifurcation de deux routes; et
puisqu'il faut pourtant qu'elle soit déterminée par quelque chose,
elle devra être déterminée par le principe formel du vouloir en
général, du moment qu'une action a lieu par devoir : car alors
tout principe matériel lui est enlevé.
Quant à la troisième proposition, conséquence des deux
précé dentes, je 1 'exprimerais ainsi : le devoir est la nécessité d'accomplir
une action par respect pour/a loi.
Pour l'objet conçu comme effet
de l'action que je me propose, je peux bien sans doute avoir de l'inclination, mais ;amais du respect, précisément parce que c'est
simplement un effet, et non l'activité d'une volonté.
De même,
je ne peux avoir de respect pour une inclination en général, qu'elle
soit mienne ou d'un autre; je peux tout au plus l'approuver dans
le premier cas, dans le second cas aller parfois jusqu'à l'aimer,
c'est-à-dire la considérer comme favorable à mon intérêt propre.
Il
n'y a que ce qui est lié à ma volonté uniquement comme
principe et jamais comme effet, ce qui ne sert pas à mon inclina
tion, mais qui la domine, ce qui du moins empêche entièrement.
»
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