Candide chapitre 3
Publié le 13/06/2011
Extrait du document
I Une vision particulière de la guerre
La guerre est présentée de façon inattendue : l'accent est mis sur son aspect esthétique au début du passage.
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l'aspect esthétique
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On remarque quatre adjectifs élogieux intensifiés par « si »: beau », « lest », « brillant », « ordonné ». C'est un véritable spectacle, à rapprocher d'un tableau. De même, il y'a un accompagnement musical: insistance sur « l'harmonie », les « Te Deum »finals.
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la justification de la guerre
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Le massacre est ici moralement et socialement justifié: « infectaient », « coquins » présentent les victimes comme des coupables. La guerre serait donc une mesure d'assainissement.
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la comptabilité
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Le narrateur tient une véritable comptabilité des tués, et énumère les chiffres et le total final sans manifester aucune émotion: comme si l'importance des chiffres traduit à elle seule l'opinion de l'auteur et valoriser la guerre (cf. les communiqués militaires). De même, il fait des approximations avec désinvolture: « à peu près ». « le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes »: déshumanise les morts en les considérant dans un ensemble uniforme.
II Les images de la « boucherie »
Voltaire fait ici voir les évènements à travers les yeux de Candide, qui découvre les effets de la « boucherie héroïque » en passant dans un village qui a été détruit et dont les habitants ont été massacrés; l'horreur de la guerre est vue de façon très réaliste, et l'écriture change: changement de temps du passé simple à l'imparfait, temps de la description; le regard de Candide se développe.
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la diversité des victimes
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Toutes les victimes sont répertoriées: femmes, enfants, vieillards. Une description d'un réalisme très cru montre l'ampleur des massacres: le champ lexical de la violence est très étendu et diversifié, désigne les actes meurtriers des soldats et leurs résultat: « criblés de coups », « égorgées », « éventrées », « brûlées », etc. (assonance en « é »); Le narrateur précise des détails anatomiques horribles, suggère la souffrance des agonisants, et montre qu'il s'agit de familles entières.
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la réciprocité
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Ces massacres se produisent dans les deux camps, « Bulgares » et « Abares »: le comportement similaire des deux armées montre que ces massacres sont la conséquence directe de la guerre; la barbarie n'appartient pas qu'à un seul camp.
III La dénonciation et son efficacité
En principe, la description très réaliste de la guerre et de ses conséquences devrait suffire à la rendre condamnable, mais Voltaire a utilisé d'autres moyens pour la dénoncer: la double vision et l'ironie; il cherche à attirer l'attention de son lecteur par des effets de décalage.
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une légitimité apparente
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La guerre aurait avant tout une légitimité esthétique: Voltaire la montre ironiquement comme un spectacle (champ lexical du spectacle, conception théâtrale de la guerre: « héroïque »), puis il décrit de façon très réaliste ses conséquences avec les massacres de civils. Il s'agit là de deux visions inconciliables de la guerre; il évoque également la complicité de la religion : « Te Deum ».
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la responsabilité
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La responsabilité de la guerre est identique dans les deux camps, et incombe à leurs souverains: « les deux rois » et à leur appétit de conquête. On trouve dans la description de la bataille des images implicites de la critique; par exemple le dernier instrument évoqué est « le canon »: la guerre n'est pas de la musique, mais la mort. « telle qu'il n'y en eu jamais en enfer » monde de l'insoutenable, de l'inimaginable.
Voltaire discrédite ironiquement Candide: « tremblait comme un philosophe »; il discrédite sérieusement son aveuglement, cr au milieu des massacres: « et n'oubliant jamais Mlle. Cunégonde ».
CONCLUSION Les moyens mis en oeuvre par Voltaire pour la dénonciation sont ici diverses: la description réaliste, mais également l'ironie et la critique déguisée. Ce chapitre peut être lu de plusieurs façons; on peut le considérer dans une perspective simplement narrative: c'est le premier choc de Candide, qui le confronte au problème de la guerre. Il y'a également une lecture philosophique: c'est l'apparition pour lui du mal sur la terre => texte représentatif du XVIIIème, où la guerre est un thème récurrent.Liens utiles
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